Recherche

Dessin préparatoire au fusain de la toile "La Transfiguration", visages des deux apôtres, conservé à Oxford. Dessin préparatoire au fusain de la toile "La Transfiguration", visages des deux apôtres, conservé à Oxford.  

Aux Musées du Vatican, trois jours d'études sur le divin Raphaël

Du lundi 27 au mercredi 29 septembre, la salle Raphaël de la Pinacothèque vaticane accueille la conférence "Raphaël au Vatican", organisée par les Musées du Vatican pour couronner les célébrations du cinquième centenaire de la mort du peintre d'Urbino qui a créé des chefs-d'œuvre tels que "l'École d'Athènes" pour les Papes.

Alessandro Di Bussolo - Cité du Vatican

Au premier jour du colloque intitulé «Raphaël au Vatican», a été plusieurs fois avancée l’idée que le génie du "peintre divin" s'est exprimé avant tout dans les dessins préparatoires des fresques et des tapisseries, dans lesquelles l'artiste d'Urbino écrivait à la pierre rouge ou noire ses idées sur le mouvement des corps, inspirées mais non copiées de Léonard de Vinci et de Michel-Ange.

Le dessin, père des trois arts 

Les dessins de Raffaello Sanzio sont «plus proches de l'idée néo-platonicienne», estime Simonetta Prosperi Valenti Rodinò, l'une des plus grandes spécialistes du dessin de Raphaël; ils démontrent, selon tous les intervenants de la première session de la conférence, qu'en effet «le dessin est le père des trois arts, la sculpture, la peinture et l'architecture» comme l'a écrit Giorgio Vasari (1511-1574).

Dans le salon Raphaël de la Pinacothèque des Musées du Vatican, en présence des seuls intervenants, le public étant connecté en streaming sur la chaîne YouTube des Musées, la première des trois journées d'études s'est ouverte sur le thème «Le peintre divin. Du dessin à l'œuvre achevée» -Il Divin Pittore. Dal disegno al cartone all’opera compiuta. Simonetta Rodinò, ancienne professeur d'histoire de l'art à l'université de Tor Vergata à Rome, a souligné comment le dessin pour lui a joué un rôle fondamental non seulement dans sa maturité lorsque, surchargé de tâches, il fournissait à ses assistants d'atelier des modèles et des études de figures, à compléter en peinture, mais déjà en tant que jeune homme. Élève du Pérugin, Raphaël révèle en effet sa personnalité dominante «dans de splendides feuilles soulignées de points d'argent».

Le dessin comme instrument d'invention

Le peintre a adopté la tradition de former ses élèves en étudiant les dessins et les esquisses préparatoires, typiques des ateliers florentins de la fin du XVe siècle, explique l’historienne de l’art, il envisageait «le concept de dessin comme moment créatif et instrument d'invention». Selon elle, il est exemplaire qu'à sa mort, Raphaël ait légué ses esquisses, dessins et cartons préparatoires à ses élèves les plus proches, Giulio Romano et Giovanfrancesco Penni. Grâce à ce «testament spirituel», les étudiants ont «pleinement assimilé l'héritage du maître».

La «Jeune femme assise» pour la salle Héliodore

Marzia Faietti du musée florentin des Offices a proposé une étude de la feuille de Raphaël, conservée dans les collections florentines, la «Jeune femme assise et autres études, figure et architecture», qui date de 1514.

Un dessin que Faietti relie, pour la position de la figure de la femme et des anges, à la fresque de la voûte de la salle Héliodore du Palais apostolique, «L'apparition de Dieu à Moïse», et aux nouvelles solutions architecturales que Raphaël étudiait pour la basilique Saint-Pierre.

Dessins préparatoires à la Transfiguration, dernier tableau commencé par Raphaël en 1518, et inachevé à la date de sa mort en 1520.
Dessins préparatoires à la Transfiguration, dernier tableau commencé par Raphaël en 1518, et inachevé à la date de sa mort en 1520.

Dessins et croquis préparant la «Transfiguration»

Puis Achim Gnann, conservateur de l'art italien au musée Albertina de Vienne, a entraîné les chercheurs et le public dans un voyage fascinant à travers la préparation du dernier chef-d'œuvre de Raphaël, dont il est un grand spécialiste, la «Transfiguration», une œuvre qui se trouve à quelques mètres de la table des intervenants. Des dessins et des croquis aujourd'hui à Vienne et au Louvre, de Giulio Romano mais aussi du maître lui-même, montrent clairement que la scène de la récupération du garçon possédé a été ajoutée plus tard, et que Raphaël a donc dessiné un croquis préparatoire, détruits par la suite, avec des personnages nus, peut-être inspirée de celle de Michel-Ange pour la «Bataille de Cascina».

Des radiographies et des réflectogrammes infrarouges du tableau, réalisés par les laboratoires du Musée du Vatican, suggèrent que Raffaello Sanzio a d'abord dessiné les nus dans la couche de peinture préparatoire, puis a étudié et réalisé les drapés. Un soin extrême pour sa dernière œuvre, grandiose, réalisée entre 1516 et 1520.

L'École d'Athènes à la Bibliothèque Ambrosienne

Les dernières sessions de la matinée concernaient la restauration exceptionnelle du dessin préparatoire de «l'École d'Athènes» dans la chambre de la signature (Stanza della segnatura), réalisée entre 2014 et 2019 par la Bibliothèque Ambrosienne. Il s'agit du plus grand croquis de la Renaissance qui nous soit parvenue, et il est conservée à la bibliothèque Ambrosienne de Milan depuis 1618, si l'on en exclut un «transfert» au Louvre au début du XIXe siècle lors des réquisitions napoléoniennes. Voulue par le cardinal Federico Borromeo «pour susciter l'émotion et inspirer les artistes», le croquis de Raphaël, divisé en deux parties, avec une grave lacune dans la partie centrale inférieure, avait déjà été restauré à son arrivée à Milan puis au Louvre à la fin du XVIIIe siècle. Mgr Alberto Rocca, directeur de la Pinacothèque Ambrosienne, a présenté la disposition finale et les raisons de la restauration, tandis que le restaurateur des Offices, Maurizio Michelozzi, en a retracé l'histoire des travaux de conservation.

Pilote pour la restauration des Chambres de Raphaël

Dans l'après-midi, la deuxième session consacrée à "Inventio e varietas nella pittura murale" de Raphaël, a vu le délégué scientifique de la direction des Musées du Vatican, Guido Cornini, ainsi que les maîtres restaurateurs Fabio Piacentini et Francesca Persegati et le chef du département de recherche scientifique des Musées Ulderico Santamaria, présenter les techniques et les découvertes de la restauration de la Salle Constantine et ensuite le chantier pilote pour la restauration des Chambres de Raphaël.

Un travail d'atelier «pluriel et partagé» 

Les inventions décoratives des murs et des piliers de la deuxième loggia, répète-t-on, «et les sujets religieux qui les dominent de haut», ont été pris comme modèle de perfection décorative pour les villas et les palais all’antica, mais aussi comme attraction irrésistible pour les millions de visiteurs qui ont défilé sous ses voûtes au cours des siècles. 

 

Des observations microclimatiques et des tests de nettoyage, concentrés sur la partie la plus interne des "Histoires de Jacob", avec l'épisode du Rêve du Patriarche, ont ouvert la voie aux travaux de restauration à venir.

La conférence d'étude, dédiée à la mémoire du restaurateur de la Chapelle Sixtine Gianluigi Colalucci récemment décédé, dont la participation était prévue aux côtés d'éminents spécialistes de Raphaël, se poursuivra les 28 et 29 septembre. Il y aura également des visites des Chambres de Raphaël au Vatican et une visite de l'exposition récemment inaugurée "Saints Pierre et Paul par Raphaël et Frère Bartholomé". Un hommage aux patrons de Rome".

Consulter le programme des trois jours de colloques sur Raphael au Vatican, ici.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

28 septembre 2021, 12:55