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Messe pour les 50 ans de la Communauté Sant Egidio- Basilique saint Jean de Latran (archives 2018) Messe pour les 50 ans de la Communauté Sant Egidio- Basilique saint Jean de Latran (archives 2018)  Éditorial

L'urgence de la pandémie et la nostalgie des communautés en chair et en os

La «familiarité des chrétiens avec le Seigneur est toujours commune. Oui, c'est intime, c'est personnel mais en communauté. Une familiarité sans communauté, une familiarité sans pain, une familiarité sans l'Église, sans le peuple, sans les sacrements est dangereuse», souligné le Pape François ce vendredi au cours de son homélie à Sainte-Marthe.

Andrea Tornielli

«Une familiarité sans communauté, une familiarité sans pain, une familiarité sans l'Église, sans le peuple, sans les sacrements est dangereuse». François, dans l'homélie de sa messe matinale à Sainte Marthe, -un rendez-vous qui accompagne et réconforte des millions de personnes en ce temps d'isolement forcé et contribue à garder unies les communautés- a parlé du risque d'une foi vécue de manière intimiste. La réflexion du Pape part du passage de l’Évangile de Jean proposé aujourd’hui par la liturgie : Jésus attend ses disciples sur les rives du lac de Tibériade, parle et mange avec eux du poisson grillé sur les braises. C'est une familiarité qui passe par le fait d'être ensemble, à table, pour discuter.

 

Celle du chrétien, a expliqué François, est «une familiarité quotidienne avec le Seigneur», comme ceux qui s'assoient à table pour prendre leur petit déjeuner et parler naturellement de ce qui leur est cher. Une familiarité qui est toujours commune, même si elle est personnelle et intime. Car une familiarité sans communauté, sans relations humaines, sans partage du pain, sans sacrements, peut courir le risque de devenir «gnostique», évanescente. C'est-à-dire se réduire à «une familiarité pour moi seul, détaché du peuple de Dieu». Tandis que «la familiarité des apôtres avec le Seigneur était toujours communautaire, toujours à table, signe de la communauté. C'était toujours avec le sacrement, avec le pain».

L'isolement auquel nous sommes contraints en ce moment à cause de la pandémie et l'impossibilité de participer à la célébration eucharistique dans cette situation d'urgence, ne doivent pas entraîner aussi le risque de nous habituer à vivre une foi intimiste. Des millions de personnes se connectent aujourd'hui à travers les médias pour essayer de vivre leur appartenance à la communauté, elles sont ensemble à travers un écran, sans l'être physiquement. Un mode nécessaire en ce moment, le seul possible dans l'urgence qui, nous l'espérons tous, pourra prendre fin le plus rapidement possible.

Mais cela ne doit pas nous faire oublier que l'Église, les Sacrements, le peuple de Dieu sont concrets. La familiarité vécue à travers les moyens de communication est une aide et représente aujourd'hui - explique le Pape – «un moyen de «sortir du tunnel, pas pour y rester». François nous invite donc à ne pas considérer cette modalité comme normale, même si elle apporte depuis quelques semaines un réconfort à de nombreuses personnes en les soutenant dans la solitude et l'épreuve. Les chrétiens sont en effet insérés dans la communauté, dans le peuple de Dieu. Un peuple dans la chair qui rompt le pain, écoute la Parole, partage dans la charité et proclame la joie de l'Evangile de personne à personne, par le témoignage de la vie et la proximité concrète. Un peuple qui sait exploiter avec créativité toutes les possibilités offertes par les nouvelles technologies pour rester en contact et atteindre ceux qui sont seuls, dans l’attente, quand cela sera possible, de pouvoir se retrouver physiquement autour de la table eucharistique. Un peuple qui se sent accompagné au quotidien par le Pape, et qui regarde avec gratitude ces nombreux prêtres, religieux, bénévoles qui, de nos jours, ont trouvé le moyen d'être concrètement proches des mourants, des malades, des rejetés, en risquant leur vie et, dans de nombreux cas, en les sacrifiant.

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17 avril 2020, 15:03