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À la prison de Vérone, le Pape insuffle l’espérance au-delà des murs

Avant un déjeuner convivial avec les détenus de Vérone, le Pape a rencontré les prisonniers, le personnel pénitentiaire et les bénévoles de la prison Montorio de la cité de l'Adige, quatrième rendez-vous de sa visite pastorale véronaise, samedi 18 mai. Ému par les trajectoires de vie blessées et cahoteuses des détenus, François les a exhortés à ne jamais cesser d’espérer, même en ce lieu d'humanité éprouvée, ballotté entre difficultés et désir de rédemption.

Delphine Allaire – Cité du Vatican

«Santità si n'pezz' de core!» «Sainteté, tu es un morceau de cœur». Par cette locution dialectale napolitaine, l'un des plus jeunes détenus de la prison de Montorio de Vérone a accueilli le Successeur de Pierre applaudi dans la cour de la prison, lui faisant part du rêve de pouvoir construire en prison «des relations au parfum de famille, d'amitié et de fraternité». Aux côtés de ses compagnons de cellules, qui ont contribué à confectionner certains éléments scénographiques pour la venue du Pape aux Arènes de la paix, il a souhaité que ces images du Pape à Vérone diffusées dans le monde changent la perception des détenus, comme des personnes et non seulement des délinquants. La prison véronaise de Montorio, la "Casa circondariale di Montorio", compte 592 incarcérés, venus de 40 pays différents, comme l'Italie, l'Albanie, le Nigeria, le Guatamela ou le Srilanka, dont la moitié est de confession musulmane. 

La prison, lieu de l'humanité éprouvée

Après les prisons pour femmes de Rebbibia à Rome et de La Giudecca à Venise, pour la troisième fois de l’année 2024, le Souverain pontife s'est rendu auprès de ces exclus, reclus de la société. «Pour moi, entrer dans une prison est toujours un moment important, car la prison est un lieu de grande humanité», a-t-il affirmé. Une humanité éprouvée, parfois fatiguée par les difficultés, la culpabilité, les jugements, les incompréhensions, la souffrance, mais en même temps pleine de force, de désir de pardon, de désir de rédemption», a assuré François, certain qu’en cette humanité «le visage du Christ, le visage du Dieu de la miséricorde et du pardon» est aujourd'hui présent. «Dieu pardonne tout, toujours», leur a garanti l'évêque de Rome. Dans l'autre cité vénète l'ayant accueilli il y a trois semaines, la Sérénissime Venise, le Pape s'interrogeait: «Chaque fois que je vais en prison, je me dis: pourquoi eux, et pas moi?»

Ne pas perdre l'horizon de l'espérance

Dans une Italie en surpopulation carcérale -en janvier 2024, plus de 60 300 détenus étaient incarcérés au sein de prisons prévues pour accueillir un maximum de 47 300 personnes, selon l’organe italien de supervision des prisons-, François a renouvelé à Vérone un appel pressant à l’amélioration de la vie en détention. Il s'est dit touché par le suicide récent de certains prisonniers de Vérone qualifié «d'acte terrible, auquel ne peuvent conduire qu'un désespoir et une douleur insupportables». «Ne perdez pas l'horizon de la porte de l'espérance», leur a intimé François, citant une chanson piémontaise «dans l'art de l'ascension, ce qui importe n'est pas de tomber, mais de ne pas rester tombé» et invitant chacun à s'aider à se relever. 

 

Le Pape a rappelé combien la vie vaut toujours la peine d'être vécue, combien il y a toujours de l'espoir pour l'avenir, même lorsque tout semble s'estomper. «Notre existence, celle de chacun d'entre nous, est importante, c'est un don unique pour nous et pour les autres, pour tous, et surtout pour Dieu, qui ne nous abandonne jamais, et qui sait écouter, se réjouir, pleurer avec nous et toujours pardonner», a-t-il insisté, exhortant chacun à ne pas se refermer sur soi dans les pires moments. «Ce n'est pas une faiblesse que de demander de l'aide: faisons-le avec humilité et confiance», a estimé François, soulignant que tous avons le droit d’espérer, «au-delà de chaque histoire et de chaque erreur ou échec».

Se relever à l'orée de l'Année Sainte

Et le Souverain pontife de formuler quelques vœux à sept mois de l'Année Sainte 2025, «année de conversion, de renouveau et de libération pour toute l'Église»; «une année de miséricorde, au cours de laquelle nous pourrons déposer le poids du passé et renouveler l'élan vers l'avenir; une année au cours de laquelle nous pourrons célébrer la possibilité de changer, d'être et, si nécessaire, de redevenir vraiment nous-mêmes, en donnant le meilleur de nous-mêmes». Le Pape qui clôturera l'Année sainte par un Jubilé des détenus le 14 décembre 2025 les a enfin chaleureusement remerciés. «Vous me faites vraiment beaucoup de bien», a-t-il lancé. 

“Nous avons tous le droit d’espérer, au-delà de chaque histoire et de chaque erreur ou échec”

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18 mai 2024, 12:45