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Une image de Carlo Acutis. Une image de Carlo Acutis.  

Le jeune Italien Carlo Acutis va être canonisé

Lors d'une audience avec le cardinal Semeraro, le Pape a approuvé jeudi 23 mai les décrets qui conduisent à la canonisation du jeune Carlo Acutis enterré à Assise, et du père Joseph Allamano. Un groupe de franciscains martyrisés à Damas en 1860 sera également canonisé, tandis qu'un missionnaire du Précieux Sang et deux martyrs du communisme seront béatifiés.

Alessandro De Carolis - Cité du Vatican

Un consistoire déterminera la canonisation des bienheureux Carlo Acutis et Giuseppe Allamano, ainsi que de Marie-Léonie Paradis et Elena Guerra. C'est ce qu'a établi le Pape François qui a reçu dans la matinée du jeudi 23 mai, le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour la Cause des saints, signant les décrets concernant le jeune homme enterré à Assise et le fondateur des Missionnaires de la Consolata. La note publiée par la Salle de presse du Saint-Siège précise également que François «a approuvé les votes favorables de la session ordinaire» des cardinaux et des évêques «pour la canonisation du bienheureux Emanuele Ruiz et de sept compagnons, de l'Ordre des Frères mineurs, ainsi que des bienheureux François, Abdel Mooti et Raphaël Massabki, fidèles laïcs, tués en haine de la foi à Damas (Syrie) entre le 9 et le 10 juillet 1860».

Carlo Acutis

L’histoire du jeune Carlo Acutis enterré à Assise, est connue de beaucoup. Talent de la première ère de d’Internet, il a été un grand cœur pour tout le monde, même enfant, et surtout pour ses pairs, qu'il aidait autant qu'il le pouvait. Carlo était un adolescent précoce doté d'intelligence remarquable. En 2006, à l'âge de 15 ans, Carlo Acutis avait déjà tracé la voie de ce que signifie avoir la foi, aimer l'Église et les pauvres, et faire circuler sa créativité sur le web pour laisser un message, avec son exposition sur les miracles eucharistiques. En octobre, une leucémie fulgurante l'emporte, mais pas ce qu'il a construit. Le Pape le béatifie en 2020 à Assise, où il repose désormais dans le sanctuaire du Dépouillement, destination d’innombrables pèlerinages.

L'histoire du miracle reconnu pour Carlo Acutis

C'est à partir de là que commence l'histoire extraordinaire du miracle qui conduira à la canonisation de Carlo Acutis. Parmi les nombreux pèlerins qui se rendaient sur sa tombe, le 8 juillet 2022, un vendredi, se trouvait une femme, Liliana, originaire du Costa Rica. S’agenouillant, elle pria, et laissa une lettre, des mots d'espoir qui enveloppent la pire angoisse d'une mère. Six jours plus tôt, le 2 juillet, sa fille tomba d’un vélo dans la nuit, alors qu'elle rentrait chez elle, dans le centre de Florence, où elle poursuivait ses études de mode depuis 2018. Les nouvelles en provenance de l'hôpital Careggi sont choquantes: traumatisme crânien très grave, opération de craniotomie, ablation de l'os occipital droit pour soulager la pression, espoir de survie quasi nul.

Le 2 juillet, la secrétaire de Liliana se mit à prier le bienheureux Carlo Acutis et le 8, Liliana se rend elle-même à Assise. Le même jour, l'hôpital informe que Valeria a recommencé à respirer spontanément, et le lendemain, à bouger et à parler partiellement. Ensuite le 18 juillet, le scanner montre que l'hémorragie a disparu, et le 11 août, la jeune fille est transférée pour une thérapie de réadaptation, mais après seulement une semaine, la guérison complète n'était qu'à un pas. Le 2 septembre, mère et fille sont de retour à Assise, sur la tombe de Carlo Acutis, pour lui dire merci.

Le futur saint Joseph Allamano
Le futur saint Joseph Allamano

Miracle reconnu pour Giuseppe Allamano

C'est une histoire en quelque sorte similaire qui conduira à la canonisation du bienheureux piémontais Giuseppe Allamano, ayant vécu entre 1851 et 1926. Giuseppe a grandi parmi les Salésiens. À 22 ans il était prêtre et rêvait de partir en mission, mais sa santé était fragile et il devait s'occuper d'autres choses. À 29 ans, il a été choisi pour diriger le plus grand sanctuaire marial de Turin, dédié à Notre Dame de la Consolata. Il lui redonna sa splendeur d’antan, et le rêve des missions se transforma en une grande œuvre, l'Institut des Missionnaires de la Consolata qu'il fonda en 1901 et, à la demande de Pie X. Il mit également en place une branche féminine avec les Sœurs Missionnaires de la Consolata. Jean-Paul II l'a béatifié en 1990.

Le 7 février 1996, une femelle jaguar s'est jetée sur Sorino Yanomami, un Indien de la forêt amazonienne. Une partie du crâne a été arrachée, et pendant huit heures, l'homme est resté sans soins adéquats, jusqu'à ce qu'un avion l'emmène à l'hôpital de Boa Vista. La scène pour les médecins est terrible, l'Indien est opéré puis admis en soins intensifs. À ses côtés, outre sa femme, se trouvaient six religieuses de la Consolata, un prêtre et un frère missionnaire, également de la Consolata. Tous invoquèrent le bienheureux Allamano et déposèrent une de ses reliques au chevet de Sorino. Ce jour-là, commença la neuvaine des bienheureux, et les religieux la récitèrent pour demander à leur fondateur la guérison de l'homme. Sorino se réveille dix jours après l'opération sans aucun problème neurologique. Le 4 mars, il a été transféré dans une maison de repos et le 8 mai, il retourna dans son village complètement guéri, reprenant sa vie d'habitant de la forêt.

Une image des martyrs de Damas
Une image des martyrs de Damas

Persécutés à Damas

C'est un drame de la haine antichrétienne datant de plus d'un siècle et demi qui aboutira à la canonisation des bienheureux Emanuele Ruiz et sept compagnons, de l'Ordre des Frères Mineurs, et de François, Abdel Mooti et Raphaël Massabki et d'autres laïcs. L'événement se déroule en Syrie, à Damas, entre le 9 et le 10 juillet 1860. Pendant la nuit, un groupe de miliciens druzes venant du Liban et se dirigeant vers la Syrie, met Damas à feu et à sang. Leur cible principale est la communauté chrétienne vivant dans la ville, et en particulier le couvent et l'église franciscaine de Saint-Paul. C'est là que huit frères mineurs, sept Espagnols et un Autrichien, sont massacrés ainsi que trois frères, chrétiens maronites, présents dans le couvent à ce moment-là.

La prière qui guérit

Dans les décrets signés par le Pape, on trouve une autre histoire de guérison miraculeuse, qui a conduit à la béatification du vénérable Giovanni Merlini, un prêtre ombrien originaire de Spoleto, où il est né en 1795. Il décède à Rome en 1873.

En 1820, il entra dans la Congrégation des Missionnaires du Très Précieux Sang, qu'il servit jusqu'à sa mort avec énergie, devenant son modérateur général en 1847. Il était très estimé par Pie IX, qui le voulait comme conseiller spirituel.

L'histoire du miracle concerne Cefalo, originaire de Bénévent, et hospitalisé entre septembre et octobre 2013 pour une angiodysplasie, une malformation vasculaire de l'intestin. Le tableau clinique s'aggrave, les hospitalisations et les transfusions sanguines restent sans effet. Le 10 janvier 2015, il est à nouveau hospitalisé dans un état critique et semi-conscient. Une nièce qui fréquente la paroisse Sainte-Anne de Bénévent, gérée par les Missionnaires du Précieux Sang, commence à demander avec sa famille l'intercession du vénérable Giovanni Merlini. Une petite image de lui avec une relique fut placée dans le lit du malade et, à partir du 16 janvier, on assista à un changement soudain et inexplicable de l'évolution clinique, qui se traduisit par une guérison rapide, complète et durable, sans explication sur le plan scientifique.

Stanislas Kostka
Stanislas Kostka

Sans peur

Parmi les bienheureux cités dans les décrets de ce 23 mai, les histoires de martyrs ne manquent pas. La première concerne un prêtre polonais, Stanislas Kostka Streich, né en 1902, et qui, après son ordination, exerça le ministère de curé. Il se distingua par le dévouement dont il fit preuve en créant des groupes de catéchèse et de prière pour les enfants, les jeunes et les adultes, en aidant les travailleurs, les chômeurs et les familles en difficulté. Son action pastorale dérange la frange communiste qui s'est installée à Luboń et qui considère la proximité du père Stanislas avec les ouvriers, comme un moyen pour l'Église d'asservir les classes pauvres. Le prêtre reçut des lettres anonymes pleines d'insultes et de menaces de mort, des inconnus profanèrent le tabernacle et jetèrent les vêtements liturgiques, mais le père Stanislas tint bon avec courage, jusqu'à ce que, le 27 février 1938, pendant la messe, alors qu'il s'approchait de l'ambon pour l'homélie, Wawrzyniec Nowak, un communiste avoué, le tue en tirant quatre coups de feu. Le prêtre a très probablement remarqué Nowak et deviné ses intentions, car quelques instants avant sa mort, il éloigna les enfants de la chaire. Capturé par la foule, le meurtrier est jugé et condamné à mort.

Une laïque hongroise

L'autre histoire de martyre concerne une laïque hongroise, Maria Magdalena Bódi. Née en 1921 à Szgliget, elle est la fille d'ouvriers agricoles, mais considérée comme illégitime car son père est sans papiers. C'est aussi un homme rude, alcoolique et athée. Pourtant, sous l'influence de sa mère, Marie Madeleine grandit dans la foi, reçoit les sacrements, se met au service des enfants, des pauvres, des personnes âgées délaissées ou abandonnées. Elle veut se consacrer, mais aucun institut religieux ne peut l'accueillir en raison de la situation irrégulière de ses parents. Elle se consacre alors au Christ-Roi, en faisant le vœu privé de chasteté perpétuelle. En 1939, elle commence à travailler à l'usine et apporte un soutien moral et spirituel à l'Association des filles travailleuses. La solidarité se multiplie au début de la Seconde guerre mondiale, Maria Magdalena aide les personnes âgées, les mères avec des enfants en bas âge et assiste les blessés à l'hôpital voisin. Lorsque les troupes soviétiques atteignent son village le 23 mars 1945, un soldat russe la remarque avec d'autres femmes à l'extérieur d'un abri et leur ordonne de le suivre dans une partie cachée. La jeune femme, qui sait ce qui va lui arriver, le suit et parvient d'abord à le blesser d'un coup de pistolet. Elle se libère et sort du refuge pour dire aux autres femmes de s'enfuir, mais le soldat monte sur le toit et lui tire une balle dans le dos, la tuant.

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23 mai 2024, 14:33