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Audience du Pape avec les membres du Comité pontifical pour les sciences historiques, le 20 avril 2024, en salle du Consistoire du Palais apostolique. Audience du Pape avec les membres du Comité pontifical pour les sciences historiques, le 20 avril 2024, en salle du Consistoire du Palais apostolique.   (Vatican Media)

Le Pape exhorte les historiens à demeurer libres de toute idéologie

À l’occasion des 70 ans de la création du Comité pontifical pour les sciences historiques, le Souverain pontife a reçu 35 de ses membres, samedi 20 avril, en salle du Consistoire. Souhaitant qu’ils soient «maîtres en humanité et serviteurs de l'humanité», François les a priés de rester libres de toute idéologie dans leur approche historique, rappelant «que les idéologies tuent». Le Pape a plaidé pour «une diplomatie de la culture» en ces temps de «troisième guerre mondiale par morceaux».

Delphine Allaire – Cité du Vatican

«L’engagement dans la recherche de la vérité historique à l'échelle mondiale, dans un esprit de dialogue avec différentes sensibilités historiographiques et de multiples traditions d'érudition». Ainsi le Pape a qualifié la mission des historiens membres de l’illustre comité pontifical créé par Pie XII et dirigé depuis septembre 2023 par le jésuite polonais, père Marek Inglot.

Héraut d’une culture de la fraternité et de l’ouverture, François a une nouvelle fois conseillé d’éviter «les formes de fermeture mentale et institutionnelle», prônant la collaboration avec d’autres institutions et «l’élargissement des relations scientifiques et humaines».

L’évêque de Rome les a encouragés à maintenir «une approche enrichissante d'écoute constante et attentive», «libre de toute idéologie -les idéologies tuent- et respectueuse de la vérité». François a réitéré son message communiqué lors d’une précédente audience, il y a dix ans pour les 60 ans du comité: «En rencontrant et en collaborant avec des chercheurs de toute culture et de toute religion, vous pouvez apporter une contribution spécifique au dialogue entre l'Église et le monde contemporain» (Discours, 12 avril 2014).

 

Diplomatie de la culture et «guerre mondiale par morceaux»

Ce style contribue à développer «la diplomatie de la culture», estime le Successeur de Pierre. Un style «très actuel» et «d'autant plus nécessaire aujourd'hui dans le contexte du dangereux conflit mondial en morceaux qui se déroule et que nous ne pouvons pas regarder inertes».

Le Pape a ainsi encouragé les historiens à poursuivre le travail de recherche en ouvrant des horizons de dialogue. Il a confié considérer la relation «vitale» entre l'Église et les historiens en termes de proximité, développant la réflexion de Paul VI sur «le principal point de rencontre» entre les deux que sont «la recherche commune de la vérité et le service commun de la vérité». «Recherche et service», citant le discours du Pape Montini adressé en français le 3 juin 1967 à l’Assemblée générale du comité international des sciences historiques. «Entre la vérité religieuse, dont l’Église est dépositaire, et la vérité historique, dont vous êtes les bons et dévoués serviteurs: tout l’édifice du christianisme, de sa doctrine, de sa morale et de son culte, tout repose finalement sur le témoignage.»

Civilisation de la rencontre et incivilité de la confrontation 

L'Église marche ainsi dans l'histoire, aux côtés des femmes et des hommes de tous les temps, elle n'appartient à aucune culture particulière, mais elle désire animer le cœur de chaque culture par le témoignage doux et courageux de l'Évangile, afin de construire ensemble la civilisation de la rencontre, a souligné le Pape, vilipendant les tentations de l'autoréférentialité individualiste et de l'affirmation idéologique de son propre point de vue qui alimentent l'incivilité de la confrontation. Et François de convoquer à nouveau saint Paul VI pour mettre en garde «contre toute flatterie d’une autoréférentialité ecclésiale suffisante».

«Que personne [...] ne pense que l'Église [...] s'attarde sur elle-même pour être satisfaite d'elle-même et oublie à la fois le Christ, de qui elle reçoit tout, à qui elle doit tout, et le genre humain, pour le service duquel elle est née. L'Église se tient au milieu entre le Christ et la communauté humaine, non pas repliée sur elle-même, non pas comme un voile opaque qui obscurcit la vue, non pas comme une fin en soi, mais au contraire s'efforçant constamment d'être tout le Christ, dans le Christ, pour le Christ, d'être tout l'homme, parmi les hommes, pour les hommes, intermédiaire vraiment humble et excellent entre le Divin Sauveur et l'humanité" (Discours pour l'inauguration de la troisième session du Concile œcuménique Vatican II, 14 septembre 1964, 17).

Le comité pontifical des sciences historiques a été fondé le 7 avril 1954 sur décision du Pape Pie XII. Le religieux prémontré français père Bernard Ardura l’a dirigé durant quatorze ans, de 2009 à 2023. Le travail du comité se caractérise par l'attention portée au patrimoine archivistique ecclésiastique, en particulier, aux archives du Vatican.

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20 avril 2024, 10:13