Mama Antula: avant la canonisation, le Pape reçoit des pèlerins argentins

Delphine Allaire – Cité du Vatican

Saluant les évêques, prêtres, religieux et fidèles argentins venus témoigner de leur dévotion à la bienheureuse María Antonia de San José de Paz y Figueroa (1730-1799), l’évêque de Rome a érigé dans son discours la vierge consacrée surnommée «Mama Antula» en exemple de charité.

Elle ravive «l'option pour les derniers»

Son service aux plus démunis, s'impose avec force au sein d'une société qui risque d'oublier que «l’individualisme radical est le virus le plus difficile à vaincre. Il nous trompe. Il nous fait croire que tout consiste à donner libre cours aux ambitions personnelles» (Fratelli tutti, n°105). Souhaitant que la figure de cette bienheureuse ravive «l’option pour les derniers, pour ceux que la société rejette et met de côté», François a loué la confiance et l’abandon que requièrent le chemin de la sainteté, rappelant l’arrivée de Maria Antonia déchaussée et munie d’un seul crucifix dans Buenos Aires.  

«Elle a fait l'expérience de ce que Dieu attend de chacun de nous, afin que nous découvrions son appel, chacun dans son état de vie, car quel qu'il soit, il se résumera toujours à accomplir "tout pour la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes".»

Cette prémisse, à la base de la spiritualité ignatienne, dont la bienheureuse Mama Antula s'est nourrie, l'a toujours animée dans toutes ses œuvres. À tel point que l'une de ses principales préoccupations, lorsque la Compagnie de Jésus a été supprimée, a été de transmettre elle-même les exercices spirituels, en essayant d'aider tout le monde à découvrir la beauté de suivre le Christ. Cela n'a pas été facile, a reconnu le Pape, car à cause de l'aversion qu'elle avait suscitée chez les Jésuites, ceux-ci en sont venus à lui interdire de faire les exercices, si bien qu'elle les a continués dans la clandestinité. «Cette dimension de la clandestinité, nous ne pouvons pas l'oublier, est très importante», a assuré François. 

Apporter la joie de l’Évangile

Celle que le Souverain pontife avait béatifié le 27 aout 2016 enseigne aussi «de ne pas abandonner face à l'adversité, de ne pas renoncer à nos bonnes intentions d'apporter l'Évangile à tous», a déclaré François, alors que souvent, «même sa propre famille ou son propre milieu de travail peuvent être cet environnement aride où on doit conserver la foi et chercher à la répandre».

Outre la dévotion que la bienheureuse a nourrie pour saint Joseph, dont elle a tiré son nom, le Pape a souligné sa grande ferveur pour l'Eucharistie, centre de toute vie chrétienne, d'où jaillit la force d'accomplir l’apostolat, invitant donc à participer «sérieusement» dimanche à la célébration du Christ mort et ressuscité, au cours de laquelle Mama Antula sera proclamée sainte. «Je vous invite à être les témoins de ce don pour le peuple argentin, mais aussi pour toute l'Église. À elle, qui a tant encouragé les pèlerinages, nous demandons qu'elle nous aide dans notre pèlerinage commun vers la maison du Père», a-t-il conclu, invoquant la Vierge de Luján, sainte patronne d’Argentine. Avec Mama Antula, le pays natal du Pape compte désormais trois saints. Le prêtre missionnaire Héctor Valdivielso Sáez (1910-1934), premier saint natif du pays, a été canonisé par Jean-Paul II en 1999; José Gabriel del Rosario (1840-1914), prêtre séculier ayant prodigué des soins aux malades de la lèpre et du choléra, canonisé en octobre 2016 par François.