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Le Pape en audience avec les participants à la réunion de la "Toniolo Young Professional Association", vendredi 12 janvier 2024 Le Pape en audience avec les participants à la réunion de la "Toniolo Young Professional Association", vendredi 12 janvier 2024  (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

Le Pape aux jeunes: soyez des créateurs d’harmonie

En fin de matinée de ce vendredi 12 janvier, le Saint-Père a reçu en audience au Vatican les participants à la réunion de la Toniolo Young Professional Association (TYPA). «Nous avons tous besoin de la créativité et de l'énergie que vous seuls, jeunes, pouvez nous donner: votre soif de vérité, votre cri de paix, votre vision de l'avenir, vos sourires pleins d'espoir». Telle est l’invitation que leur a lancée François, les mettant en garde contre ce que certains appellent la «pensée courte».

Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican

La collaboration de l'Institut Toniolo avec les dicastères de la Curie et avec les représentations pontificales engagées auprès des Nations unies est déjà dans sa dixième année, «et elle est très précieuse», a précisé le Saint-Père. Depuis peu, la Fondation Arvedi participe également à «ce projet d’une importance fondamentale», en permettant d’augmenter le nombre de boursiers.

«Votre présence fait aussi beaucoup de bien à nos institutions, dans lesquelles vous apportez une bouffée d'air frais, la capacité de rêver, le désir de regarder loin devant», a souligné le Pape en précisant que «les jeunes sont les leviers qui renouvellent les systèmes, et non les rouages qui doivent les maintenir en vie».

Être jeune, c'est avoir une vie à passer, pas à garder

Aujourd’hui, a constaté François, ce que certains appellent la «pensée courte» semble se répandre. Il s’agit, a-t-il précisé, «d’une pensée faite de quelques caractères, qui brûle rapidement; une pensée qui ne regarde pas vers le haut et vers l’avant, mais ici et maintenant, résultat des besoins du moment; une pensée qui avance par instinct et se mesure par instants; qui, faite d’émotions et comprimée en quelques mots, semble remplacer la pensée déjà "faible" du post-moderne».

Face à la complexité de la vie et du monde, a poursuivi le Saint-Père, «cette pensée "courte" conduit à généraliser et à critiquer, à simplifier et à truquer la réalité, dans la poursuite de ses propres intérêts immédiats plutôt que du bien des autres et de l'avenir de tous». Une réalité qui l’inquiète, a-t-il dit, lorsqu’il entend parler de jeunes barricadés derrière un écran, dont les yeux reflètent des lumières artificielles au lieu de laisser briller leur créativité. Puisque, selon François, «être jeune, ce n'est pas tenir le monde dans ses mains, mais se salir les mains pour le monde; c'est avoir une vie à passer, pas à garder».

La passion et l’engagement de l’Institut Toniolo, des antidotes à la "pensée courte"

«Il est triste de voir des jeunes abrutis et anesthésiés, allongés sur des canapés au lieu de s'engager dans les écoles et les rues, penchés sur leurs écrans au lieu d'un livre ou d'un frère dans le besoin; des jeunes professionnels à l'extérieur et ternes à l'intérieur, qui, pressés par le devoir, se réfugient dans la recherche du plaisir», a déploré le Pape. Bon nombre de jeunes, a-t-il fait remarquer, semblent aujourd’hui «pressés»: «devenus l’objet de performances toujours plus exigeantes, ils risquent de voir se tarir le suc de la vie, cette rêverie inquiète qui demande à être libérée de leur cœur».

«Je vous vois et je crois que votre passion et votre engagement sont des antidotes à la pensée courte; parce que vous, contre la tentation de vous adapter aux choses qui passent, vous avez à cœur de cultiver un regard élevé, qui cherche les étoiles et non la poussière. C'est le vrai regard des jeunes», a confié le Saint-Père, se tournant vers les participants de la réunion de la TYPA reçus en audience ce jeudi.

En outre, «nous avons tous besoin de la créativité et de l'énergie que vous seuls, jeunes, pouvez nous donner: votre soif de vérité, votre cri de paix, votre vision de l'avenir, vos sourires pleins d'espoir», a-t-il poursuivi, insistant sur le fait que «les jeunes sont les leviers qui renouvellent les systèmes, et non les rouages qui doivent les maintenir en vie».

Ne pas avoir peur de prendre des risques

Dans le contexte occidental, a fait remarquer François, «où nous vivons entourés de cadeaux et de présents, de tant de choses souvent inutiles, immergés dans des produits fabriqués par l’homme qui nous font perdre notre émerveillement pour la beauté qui nous entoure», les membres de Toniolo Young Professional Association sont exhortés à ne pas retenir le bien qu’ils font, à ne pas avoir peur de prendre des risques, «car c’est en faisant don de vous-mêmes que vous découvrirez des cadeaux, des cadeaux uniques et précieux».

En effet, a poursuivi François, «la création nous invite plutôt à être à notre tour des créateurs d’harmonie et de beauté; à sortir de la dépendance au virtuel, au monde hypnotique des réseaux sociaux qui anesthésient l'âme, pour offrir aux autres quelque chose de nouveau et de beau». Il s’agit, a-t-il expliqué, «d’une quête qui vous fascine, une prière qui vient du cœur, une enquête qui vous secoue, une page que vous donnez aux autres, un rêve à réaliser, un geste d'amour pour ceux qui ne peuvent pas vous rendre la pareille... C'est cela créer, assimiler le style avec lequel Dieu a fait le monde, le style de la gratuité, qui vous fait sortir de la logique du "je fais pour avoir" et du "je travaille pour gagner». Le Pape a donc encouragé les membres de la TYPA à être créatifs pour ouvrir des perspectives de nouveauté dans un monde qui se contente de profits. «C'est ainsi que vous serez des révolutionnaires», a-t-il souligné.

La vie demande à être donnée, pas gérée

Au terme de son discours adressé aux participants à la réunion de la Toniolo Young Professional Association, l’évêque de Rome s’est tourné vers la figure du bienheureux Giuseppe Toniolo. «Le témoignage du bienheureux Giuseppe Toniolo, qui a puisé dans la foi la beauté de la vie et a affronté sans crainte les problèmes de son temps pour donner à l'économie un visage humain, peut vous y aider», a-t-il laissé entendre, précisant que «la vie demande à être donnée, pas gérée». De ce fait, François les a invités à se laisser interroger, eux aussi, par la réalité, en redécouvrant et en repensant la foi afin d’y puiser les richesses inestimables pour un avenir meilleur.

Non à la politique de la guerre!

Au terme de son discours, le Pape a voulu concrétiser ses idées autour d’un thème urgent, celui de la paix. «Un coup d'œil sur le présent fait paraître lointaine cette aspiration au bien, à la concorde, à la coexistence pacifique entre les peuples, dont l'activité diplomatique a toujours été un vecteur». Telle est l’analyse du Saint-Père. «Pourtant, tant de diplomatie semble avoir oublié sa nature de ressource appelée à combler le fossé toujours plus profond des relations entre les nations», a-t-il déploré en fustigeant la politique de la guerre. «On la voit courir après les faits sans cette force préventive, ce rêve-parler-risquer pour la paix qui limite le recours aux armes. Les guerres sont donc le résultat de rapports de force prolongés, sans début ni fin précis», a-t-il expliqué.

«Mais où sont les audaces, les visions audacieuses? Et de qui peuvent-elles venir, sinon de cœurs jeunes et sans peur, qui accueillent le bien en eux et saisissent l'Évangile tel qu'il est, pour écrire de nouvelles pages de fraternité et d'espérance?», s’est interrogé François. Tant d’autres aspects tels que l’économie, la lutte contre la faim, la production et le commerce des armes, le problème du climat, la communication, le monde du travail, a-t-il fait référence, «ont besoin de renouveau et de créativité».

Tout en remerciant les membres de l’Institut Toniolo pour leur service rendu à la jeunesse, le Pape a conclu en ces termes: «Je vous confie ces rêves comme un vieil homme qui se réjouit de voir vos jeunes visages; et je pense qu'il se réjouit encore plus de vous regarder, vous, Jésus, Lui qui a toujours un cœur jeune et qui a appelé les jeunes à le suivre».

La "Toniolo Young Professional Association"

L'association, fondée en avril 2016, rassemble les boursiers du programme de bourses des représentations du Saint-Siège dans les organisations internationales. Destinée aux étudiants de premier cycle et aux étudiants déjà diplômés, l'initiative est promue et financée par l'Institut Giuseppe Toniolo pour les études avancées afin d'offrir aux jeunes la possibilité d'effectuer un stage dans les bureaux de ces représentations.

Pour soutenir le projet en 2023, l'Institut a pu compter sur une donation de la Fondation Arvedi-Buschini pour couvrir les bourses mises à disposition pour la période de deux ans 2023-2024, puisque l'un des objectifs de la Fondation est de promouvoir les initiatives d'éducation et de formation.

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12 janvier 2024, 13:08