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Audience générale: la sainte indignation existe

Dans sa catéchèse lors de l'audience générale du mercredi 31 janvier, le Pape a définit la colère comme un vice omniprésent et destructeur de relations humaines. Si la colère doit être surmontée par le pardon et la réconciliation, une personne qui ne serait jamais en colère ne serait «ni chrétienne, ni humaine», a assuré le Saint-Père.

Jean-Benoît Harel - Cité du Vatican 

En poursuivant sa série de catéchèse sur les vices et les vertus, le Pape s’est arrêté ce mercredi 31 janvier sur la colère, «vice particulièrement sombre». François a d’abord décrit la colère comme un «vice omniprésent» qui ne laisse aucun répit, difficile à cacher. De plus, si la colère peut venir d’une forme d’injustice véritable ou ressentie comme telle, «elle ne se déchaîne souvent pas contre le coupable, mais contre le premier malchanceux», explique le Souverain pontife. Un homme doux et compatissant qui retient sa colère au travail peut par exemple devenir insupportable pour sa femme et ses enfants.

La colère, un refus de la différence de l'autre 

Ensuite, le Pape définit la colère comme «un vice destructeur des relations humaines» qui exprime notre incapacité à accepter la différence de l’autre. Un personne en colère essentialise l’autre, ne distinguant pas la personne de ses actes, précise-t-il. «C'est l'autre, l'autre tel qu'il est, l'autre en tant que tel qui provoque la colère et le ressentiment. On se met à détester le ton de sa voix, les gestes banals de la vie quotidienne, ses façons de raisonner et de sentir.»

La colère «parfois ne s'apaise pas avec le temps», commente encore François, le temps pouvant même amplifier le poids de l’incompréhension, l'origine de la colère. Pour éviter de creuser un fossé entre deux personnes en colère, le Saint-Père reprend le conseil de saint Paul dans sa lettre aux Éphésiens: «Que le soleil ne se couche pas sur votre colère». «Si un malentendu survient pendant la journée et que deux personnes ne se comprennent plus, se sentant soudain éloignées l'une de l'autre, la nuit ne doit pas être livrée au diable», insiste le Pape.

L'art du pardon

«L’art du pardon» est la réponse à la colère car le pardon permet de sauvegarder les relations humaines. C’est une grâce que nous demandons dans la prière du Notre-Père, souligne François en demandant le pardon de nos péchés comme «nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé». Reprenant l’image du compte bancaire, comme si nous étions tous des débiteurs et des créditeurs de pardon, le Pape estime que «nous sommes tous des pécheurs avec des comptes dans le rouge, et nous devons donc tous apprendre à pardonner».

Dans le poème de l’Illiade, «la colère d’Achille» est décrite comme à l’origine d’un «deuil infini». Mais tout n’est «pas mauvais» dans ce «vice terrible» selon François, car les passions «sont des expériences de vie». La responsabilité de chacun ne réside pas dans l’apparition de la colère mais dans «son développement», poursuit-il.

La sainte indignation

Le Saint-Père explique même qu’une personne libérée de toute colère ne serait ni humaine ni chrétienne: «Si une personne ne se met jamais en colère, si elle n'est pas indignée par une injustice, si elle ne ressent pas un frémissement dans ses tripes face à l'oppression d'une personne faible, cela signifierait qu'elle n'est pas humaine, et encore moins chrétienne». A l’exemple de Jésus avec les marchands de temple, «la sainte indignation existe». Cette colère doit être extériorisée «par zèle pour la maison du Seigneur».

Le Pape François termine sa catéchèse sur la colère en encourageant les fidèles à «trouver la juste mesure des passions» avec l’aide de l’Esprit Saint. «Ce qui peut contrer la colère, c’est la bienveillance, l'ouverture du cœur, la douceur, la patience», conclut le Souverain pontife.

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31 janvier 2024, 09:12