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L'Abbaye Saint-Victor à Marseille. L'Abbaye Saint-Victor à Marseille. 

François sera le premier Pape à visiter Marseille en cinq siècles

Deux Papes ont marqué de leur empreinte l’histoire phocéenne, le Lozérien Urbain V et le Florentin Clément VII, tous deux liés à l’abbaye Saint-Victor de Marseille. Un troisième, Grégoire XI, dernier Pape français, est demeuré douze jours dans la ville avant d’embarquer pour Rome. Cinq siècles plus tard, François, premier Pape jésuite et des Amériques, revient à Marseille pour une visite apostolique historique.

Delphine Allaire – Cité du Vatican

La première venue d'un Pape dans la cité phocéenne remonte au bienheureux Urbain V (1310-1370) alors que la Provence, indépendante, n’est pas encore la France.

Le Pape Urbain V, un abbé marseillais

Guillaume Grimoard à l’état civil, originaire de Lozère, est abbé de la prestigieuse abbaye Saint-Victor à une époque médiévale florissante pour Marseille, alors en pointe du monachisme provençal. L’abbé marseillais est élu Pape le 28 septembre 1362, alors qu’il se trouve en mission diplomatique à Naples. En ce XIVe siècle, le royaume parthénopéen entretient des liens étroits avec le comté de Provence. Le futur Pape prend immédiatement la mer, arrive à Marseille un mois plus tard, et rejoint Avignon où il est couronné, le 6 novembre 1362.

Il devient le 200e successeur de Pierre et le 6e depuis que la capitale de la chrétienté s’est déplacée à Avignon. Mais Urbain V est celui qui souhaite ramener la papauté des bords du Rhône aux bords du Tibre. Une réussite de courte durée. À la suite des guerres entre la France et l’Angleterre troublant Rome, Urbain V est contraint de revenir en Provence, où il s’éteint à Avignon en 1370. Sa dépouille est transférée à l’abbaye Saint-Victor de Marseille, mais le tombeau disparait avant la Révolution française. Une réplique du gisant d’Urbain V est aujourd’hui conservée et vénérée à Saint-Victor.

 

Son successeur au Siège apostolique, Grégoire XI (Pape de 1370 à 1378), séjourne lui douze jours dans le port phocéen avant d’embarquer pour Rome où il réussit à maintenir la présence des Papes.   

La France de la Renaissance, Florence et Marseille

Enfin, le Florentin Jules de Médicis, également abbé de Saint-Victor à Marseille de 1517 à 1523, devient le Pape Clément VII en 1523. La dixième année de son pontificat, soignant ses relations avec la monarchie française, il débarque à Marseille par la mer pour célébrer le mariage du futur roi Henri II avec Catherine de Médicis, sa nièce. Une union politique que le Pape médicéen avait lui-même négociée. Nous sommes le 28 octobre 1533. C’est la dernière année qui témoigne de la présence d’un Souverain pontife à Marseille.  

L'attrait marseillais de Karol Wojtyla 

La période récente atteste toutefois du passage à Marseille de nombreux prêtres et évêques qui deviendront Papes par la suite. Cela concerne les futurs Pie IX en 1823, Léon XIII en 1843, Benoît XV en 1913, Pie XI en 1893, Jean XXIII en 1905 et Mgr Montini, futur Paul VI en 1934; mais aussi Jean-Paul II en 1947, alors jeune prêtre, il est inspiré par la Mission ouvrière fondé par le père dominicain Jacques Loew, vicaire dans les quartiers nord de Marseille.  

Karol Wojtyla célèbre une messe à Notre-Dame de la Garde, signant un registre le 8 juillet 1947. L’histoire étant faite de petits signes, c’est d’ailleurs le Pape «marseillais» Urbain V qui avait fondé quatre siècles plus tôt l’université Jagellonne de Cracovie où le jeune prêtre polonais fait ses humanités quelques années avant son séjour marseillais.

Une fois Pape, Jean-Paul II se rend ensuite sept fois en France, mais sans passer par Marseille. Benoît XVI réalise lui un voyage apostolique de quatre jours en France, il y a 15 ans, en septembre 2008, se concentrant sur Paris et Lourdes.

Le Pape François, Strasbourg et Marseille

Quant au Pape François, il effectue à Marseille son deuxième déplacement dans une ville française, sans n’avoir jamais fait de visite d’État. Le 25 novembre 2014, le Pape argentin passe 4 heures à Strasbourg, réservées au Parlement européen et au Conseil de l’Europe. Et déjà, à bord de l’avion pontifical le ramenant à Rome, interrogé sur sa non-venue dans le pays, le Pape avance cela: «J’ai demandé une ville [en France] où aucun Pape n’ait jamais été, pour saluer ses habitants».

Le 6 août dernier, lors de la conférence de presse de retour des JMJ de Lisbonne, l’évêque de Rome affirme privilégier les petits pays plutôt que «les grands» comme la France, l’Espagne, l’Angleterre, qu’il «laisse pour plus tard». «C’est une politique», soutient-il, assurant qu’il n’a «rien contre» eux.

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12 septembre 2023, 12:16