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Le Pape François rend hommage à la sagesse de la Mongolie

À l'occasion de son premier discours prononcé devant le monde politique et la société civile, le Souverain pontife a salué la Mongolie comme un pays sachant allier tradition et modernité, sa contribution à la paix dans le monde., et a loué l'apport important des différentes traditions religieuses pour la société mongole.

Olivier Bonnel - Envoyé spécial à Oulan-Bator, Mongolie

C’est sur la place Sükhbaatar, au centre d’Oulan-Bator, devant le palais du gouvernement que s’est déroulée dans la matinée du samedi 2 septembre la cérémonie officielle de bienvenue du Pape François en Mongolie. Le Souverain pontife y a reçu les honneurs de la garde nationale aux couleurs rouge et bleu du drapeau national, au pied de l’imposante statue de Gengis Khan qui trône devant le palais du peuple.

François s’est ensuite rendu au palais d'État qui borde cette place pour un entretien en privé avec le président mongol Ukhnaagiin Khürelsükh. Avant cela, il avait signé le livre d’honneur en écrivant ces mots: «Pèlerin de paix dans ce pays jeune et antique, moderne et riche de traditions, je suis honoré de parcourir les chemins de la rencontre et de l'amitié, porteurs d'espérance. Que le grand ciel clair qui embrasse la terre mongole éclaire de nouveaux chemins de fraternité». C’est ensuite devant les autorités politiques, la société civile et le corps diplomatique qu’il a prononcé son premier discours.

Le Souverain pontife a remercié ses hôtes et choisi la métaphore de la yourte pour rendre hommage au pays d’Asie centrale. «J’imagine entrer pour la première fois, avec respect et émotion, dans l’une de ces tentes circulaires qui parsèment la majestueuse terre mongole, afin de vous rencontrer et mieux vous connaître», a-t-il expliqué, «Me voici donc à l’entrée, pèlerin de l’amitié, venu à vous sur la pointe des pieds et le cœur joyeux, désireux de m’enrichir humainement en votre présence».

La yourte, symbole de continuité du peuple mongol

«J’ai appris que de la porte de la yourte, tôt le matin, les enfants de vos campagnes regardent l’horizon lointain pour compter le bétail et en rapporter le nombre à leurs parents, a poursuivi François, Il est bon pour nous aussi d’embrasser du regard le vaste horizon qui nous entoure, en dépassant l’étroitesse de vues et en nous ouvrant à une mentalité d’ampleur globale, comme nous y invitent les yourtes, qui, nées de l’expérience du nomadisme des steppes, se sont répandues sur un vaste territoire, devenant un élément d’identification des différentes cultures voisines».

Le Pape a également insisté sur la sagesse du peuple mongol, «accumulée au fil des générations d’éleveurs et d’agriculteurs prudents, toujours attentifs à ne pas perturber l’équilibre délicat de l’écosystème, elle a beaucoup à enseigner à ceux qui, aujourd’hui, ne veulent pas s’enfermer dans la poursuite d’un intérêt particulier à court terme, mais souhaitent léguer à la postérité une terre encore accueillante et fertile».

Le Pape François et le président mongol Ukhnaagiin Khürelsükh
Le Pape François et le président mongol Ukhnaagiin Khürelsükh

Une écologie responsable

En valorisant ce que les chrétiens nomment création, fruit du dessein bienveillant de Dieu, les Mongols aident à contrecarrer «les effets de la dévastation humaine par une culture de l’attention et de la prévoyance, qui se traduit par des politiques d’écologie responsable» a poursuivi l’évêque de Rome en rendant hommage également à «la vision holistique de la tradition chamanique mongole et le respect de chaque être vivant, issus de la philosophie bouddhiste, qui représentent une contribution précieuse à l’engagement urgent et désormais incontournable en faveur de la protection de la planète Terre».

La culture de la paix de la Mongolie

Les yourtes, a encore souligné François, témoignent par ailleurs «de la précieuse combinaison entre tradition et modernité», elles réunissent plusieurs générations et montrent la continuité avec l’Antiquité. Le Pape y a vu par là l’occasion de saluer la Mongolie comme un pays s’étant pleinement inscrit dans la modernité.

Le Souverain pontife a ainsi rappelé que la Mongolie d’aujourd’hui «joue un rôle important au cœur du grand continent asiatique et sur la scène internationale». Il a salué l’engagement et la détermination du pays à mettre fin à la prolifération nucléaire tout comme le choix de mettre fin à la peine de mort.

«La Mongolie est non seulement une nation démocratique qui met en œuvre une politique étrangère pacifique, mais elle entend également jouer un rôle important pour la paix dans le monde» s’est encore félicité François.

Comme Gengis Khan a su reconnaître les excellences des peuples qui composaient l’immense territoire impérial et les mettre au service du développement commun, la Mongolie contemporaine peut jouer un rôle dans le monde actuel, fracturé par les conflits a encore expliqué le Pape. «Plaise au Ciel que sur la terre, ravagée par trop de conflits, les conditions de ce qui fut autrefois la pax mongolica, c’est-à-dire l’absence de conflits, soient reproduites dans le respect des lois internationales encore aujourd’hui», a-t-il lancé.

“La communauté catholique mongole est heureuse de continuer à apporter sa propre contribution”

Savoir regarder le Ciel

Reprenant l’image de la yourte, François a par ailleurs insisté sur son point central le plus élevé, qui permet de regarder le ciel. Une métaphore puissante. «Je voudrais insister sur cette attitude fondamentale que votre tradition nous aide à redécouvrir: savoir garder le regard fixé vers le haut, a t-il souligné, lever les yeux vers le ciel –l’éternel ciel bleu que vous vénérez toujours– signifie rester dans une attitude d’ouverture docile aux enseignements religieux».

La contribution des religions et de l’Église catholique

«Beaucoup de vos premiers leaders furent des protagonistes d’un regard tourné vers le haut et d’une vision plus ample, faisant preuve d’une capacité peu commune à intégrer des voix et des expériences différentes, y compris du point de vue religieux», a encore expliqué le Successeur de Pierre, avant de mettre en avant la contribution positive des religions à la société.

La Mongolie se reconnait aujourd’hui «dans cette valeur essentielle d’harmonie et de synergie entre croyants de différentes confessions». En ce sens, a précisé François, «la communauté catholique mongole est heureuse de continuer à apporter sa propre contribution».

Le Pape signant le livre d'or au Palais d'État à Oulan-Bator
Le Pape signant le livre d'or au Palais d'État à Oulan-Bator

«Je me réjouis donc que la communauté catholique, aussi petite et discrète soit-elle, participe avec enthousiasme et engagement à la croissance du pays, en diffusant la culture de la solidarité, du respect de tous et du dialogue interreligieux, et en œuvrant pour la justice, la paix et l’harmonie sociale», a encore expliqué le Saint-Père, rappelant que l’accord bilatéral signé il y a trente ans entre le Saint-Siège et Oulan-Bator «représente un canal important pour atteindre ces conditions essentielles au déroulement des activités ordinaires dans lesquelles l’Église catholique est engagée».

«Je suis certain que les catholiques mongols sont et seront aussi prêts à apporter leur contribution à la construction d’une société prospère et sûre, a conclu le Pape, en dialogue et en collaboration avec toutes les composantes qui habitent cette grande terre bénie du ciel», qui a souhaité que les différentes composantes de la société mongole, continuent à offrir au monde «la beauté et la noblesse d’un peuple unique».

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02 septembre 2023, 04:50