Recherche

Le Pape François recevant les membres de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, le 5 mai 2023. Le Pape François recevant les membres de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, le 5 mai 2023.   (Vatican Media)

Abus: le Pape propose des pistes pour une «spiritualité de la réparation»

François a reçu vendredi 5 mai les membres de la Commission pontificale pour la protection des mineurs réunis au Vatican à l'occasion de leur assemblée générale. «Le moment est venu de réparer les dommages causés aux générations qui nous ont précédés et à ceux qui continuent de souffrir», a expliqué le Souverain pontife.

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

Près de dix ans après sa création, la Commission pontificale pour la protection des mineurs, le Pape a souhaité regarder les années passées pour mieux délimiter les défis à venir. «Les graines semées il y a une dizaine d'années, lorsque le Conseil des cardinaux a recommandé la création de cet organe, sont en train de pousser, nous le voyons», a-t-il confié.

François a expliqué avoir «appris beaucoup» de ce parcours depuis la création de la Commission, et a rappelé combien «les abus sexuels commis sur des mineurs par des membres du clergé et leur mauvaise gestion par les responsables ecclésiastiques constituent l'un des plus grands défis auxquels l'Église est confrontée à notre époque».

Cette crise des abus sexuels est d’autant plus grave pour l’Église «parce qu'elle mine sa capacité à embrasser et à témoigner pleinement de la présence libératrice de Dieu. L'incapacité à agir correctement pour arrêter ce mal et venir en aide à ses victimes a défiguré notre témoignage même de l'amour de Dieu», a-t-il encore rappelé.

«Une spiritualité de la réparation»

«Aujourd'hui, personne ne peut honnêtement dire qu'il n'est pas touché par la réalité des abus sexuels dans l'Église», a encore souligné l’évêque de Rome. Face à ce problème systémique, François a ainsi énuméré trois principes qui selon lui peuvent permettre de bâtir «une spiritualité de la réparation».

Le premier principe est de ne jamais perdre l’espérance. «Là où la vie a été blessée, nous sommes appelés à nous souvenir de la puissance créatrice de Dieu pour faire surgir l'espoir du désespoir et la vie de la mort», a expliqué le Pape invitant ses hôtes à ne «jamais se décourager». François a exhorté les membres de la Commission «même si le chemin est ardu et fatigant», à ne pas s’arrêter, «à continuer à tendre la main, à essayer de donner confiance à ceux que vous rencontrez et qui partagent avec vous cette cause commune».

«Là où la vie est brisée, je vous demande d'aider concrètement à recoller les morceaux, dans l'espoir que ce qui est brisé puisse être recollé», a poursuivi le Souverain pontife, mettant en avant le deuxième principe de réparation.

«Réparer le tissu déchiré de l'histoire est un acte rédempteur»

François a mentionné une rencontre récente avec un groupe de survivants d’abus sexuels, lors de laquelle il a pu sentir le besoin de vivre en paix des victimes dont certaines avaient fait la demande de rencontrer la direction d’une école religieuse fréquentée un demi-siècle plus tôt. «La paix, pour eux, signifiait reprendre leur relation avec l'Église qui les avait offensés, a-t-il précisé, ils voulaient en finir non seulement avec le mal qu'ils avaient subi, mais aussi avec les questions qu'ils portaient en eux depuis lors».

«Réparer le tissu déchiré de l'histoire est un acte rédempteur, c'est l'acte du Serviteur souffrant, qui n'a pas évité la douleur, mais a pris sur lui toute la culpabilité (cf. Is 53, 1-14). Tel est le chemin de la réparation et de la rédemption: le chemin de la croix du Christ».

Comme troisième principe, François a enfin invité les membres de la Commission pontificale pour la protection des mineurs à «cultiver le respect et la bonté de Dieu» en eux.

«N'oublions pas que les blessures de la Passion sont restées dans le corps du Seigneur ressuscité, non plus comme source de souffrance ou de honte, mais comme signes de miséricorde et de transformation», a encore souligné le Pape.

Réparer les dommages causés

«Le moment est venu de réparer les dommages causés aux générations qui nous ont précédés et à ceux qui continuent de souffrir», a enfin expliqué le Saint-Père, précisant que «cette période de Pâques est le signe qu'un nouveau temps se prépare pour nous, un nouveau printemps fécondé par le travail et les larmes partagés avec ceux qui ont souffert. C'est pourquoi il est important de ne jamais cesser d'avancer».

«L'importance de la protection des mineurs et des personnes fragiles doit être une norme pour tous, a-t-il conclu, et en ce sens, dans la vie religieuse et apostolique, le novice cloîtré doit adhérer aux mêmes normes ministérielles que le frère âgé qui a passé sa vie à enseigner à des jeunes».  

La culture de la protection des mineurs dans l’Église «ne peut se développer que s'il y a une conversion pastorale à cette fin parmi les dirigeants», a relevé le Souverain pontife avant de rappeler aux membres de la Commission qu’il attendait d’eux un rapport annuel sur les efforts visant à améliorer les normes de comportement du clergé et des religieux dans le monde.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

05 mai 2023, 11:24