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rencontre en ligne du Pape avec des étudiants africains rencontre en ligne du Pape avec des étudiants africains 

Le Pape souhaite aller au Congo et au Soudan du Sud en février

Lors de la rencontre en ligne "Building Bridges across Africa", au cours de laquelle François s'est entretenu avec des étudiants africains. Outre l’espoir d’aller en République Démocratique du Congo et au Soudan du Sud en février 2023, le Pape répond aux questions des jeunes sur la guerre, les migrations, l’implication dans la vie politique, l'emploi et l’exploitation des ressources.

Antonella Palermo - Cité du Vatican

Le Pape a pris beaucoup de notes en écoutant les jeunes étudiants d’une trentaine d’universités africaines lui poser des questions, lors de la rencontre en ligne de cet après-midi du 1er novembre. A chacune de ses réponse, le souverain pontife s’est appliqué à insuffler du courage, pour que les jeunes puissent vivre le présent, sans être «aliéné», pour qu’ils puissent prophétiser l'avenir sans perdre la capacité de cultiver les rêves, en qu’ils gardent constamment la conscience d'être un fruit généré par une racine. C'est ainsi que l’on peut résumer le message partagé au cours d'une heure et demie de conversation avec les jeunes étudiants des universités africaines connectés en visioconférence sur le thème : «Construire des ponts».

Ubuntu: une culture de la rencontre

La Commission pontificale pour l'Amérique latine, en collaboration avec l'Université Loyola de Chicago, a pris l’initiative cette rencontre en ligne, dans la continuité de celle qui s'est tenue le 24 février entre le Pape et des étudiants d'Amérique du Nord, centrale et du Sud. Dans le titre de l'événement, le mot «Ubuntu» reproposait une éthique de l'Afrique sub-saharienne qui met l'accent sur la loyauté et les relations mutuelles entre les personnes. En langue bantoue, ce terme signifie «bienveillance envers son voisin». C'est une règle de vie, fondée sur la compassion, le respect des autres, une exhortation à se soutenir mutuellement, à prendre conscience non seulement de ses droits mais aussi de ses devoirs, comme un élan idéal vers l'ensemble de l'humanité, un désir de paix.

Poursuivre le dialogue intergénérationnel

Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode, a ouvert la rencontre en rappelant l'importance de créer des occasions de dialogue avec les adultes, toujours, pour ne pas perdre le «cap». L'occasion était aussi une invitation à travailler ensemble, précisément dans un esprit synodal, en maintenant vivant le dialogue intergénérationnel. De nombreux sujets ont été abordés par les jeunes de différents pays du continent: de la République démocratique du Congo à l'Ouganda, du Nigeria à la Côte d'Ivoire, du Kenya au Cameroun. Tous ces jeunes cherchent le visage du Christ dans leur vie quotidienne et qui ont exprimé leur gratitude, dans une vidéo, pour avoir eu cette occasion d’apporter leur voix dans le monde entier.

L'Afrique n'existe pas pour être exploitée

«Tout le monde a une histoire, qui peut être bonne ou mauvaise. L'histoire est souvent une histoire dure, où les peuples sont attaqués», déclare le Pape, s’attardant sur l'histoire de l'Afrique, synonyme souvent «d'esclavage et d'exploitation, une histoire dure». Il rappelle l'indépendance obtenue par les nations, bien que dans de nombreux cas, le territoire continue d'être disputé par d'autres, de l'extérieur, pour ses ressources. Mais, rappelle-t-il, «l'Afrique n'existe pas pour être exploitée: elle a sa propre richesse, qui est une richesse humaine, celle que vous représentez tous». Le colonialisme a laissé des traces douloureuses à cet égard, les intérêts des autres ont prévalu, comme c'est le cas avec la déforestation de l'Amazonie. Ce sont les affaires qui régissent l'exploitation et l'oppression des peuples.

Un voyage au Congo et au Soudan du Sud en février

Parmi les questions des jeunes, celle d'une étudiante congolaise a donné au Pape l'occasion de reparler du voyage au Congo et au Soudan du Sud. Les jeunes espéraient sa visite l’été dernier, avant qu’elle ne soit reportée en raison de son état de santé. À ce stade, s’exprimant en espagnol, François affirme qu’il espère se rendre dans le deux pays «au début du mois de février». «Le médecin l'avait déconseillé, maintenant je peux marcher, avec une canne, mais je me débrouille», souligne-t-il.

Méfiez-vous des «supermarchés du salut»

Puis vient la sollicitation d’un étudiant préoccupé par la progression de des «sectes», des mouvements pentecôtistes charismatiques et du «prosperity gospel». La question posée concerne la manière de se rapporter en tant que catholique à ces réalités. Le Pape explique qu'une sorte de «supermarché du salut» se développe aujourd'hui, avec «une gamme d'offres religieuses à choisir». Et il prévient que «le chemin, on le trouve dans son cœur, sans intermédiaire». Le critère à suivre pour s'orienter dans ce contexte est de ne pas se laisser envoûter par ce que François appelle la «syndicalisation religieuse». Le critère selon lequel un groupe religieux ne doit pas supprimer la liberté s'applique: «si cela vous prive de votre liberté, ce n'est pas une voie saine».

Le défi écologique et l'appel à la responsabilité

La manière de faire face au défi écologique a été une autre question cruciale soumise à l'attention du Saint-Père. À cet égard, il rappelle une fois de plus, à titre d’exemple, que la déforestation «est un crime contre l'humanité» et est motivée par le désir de domination de l'homme. Il s'inquiète sérieusement de la hausse des températures sur la planète et du risque de léguer une Terre morte aux générations futures. «Je suis triste, consterné. De nombreuses terres vont disparaître», déclare le Pape qui appelle au sens des responsabilités: «que Dieu bénisse tous vos efforts pour limiter cette destruction».

Soyez forts dans l'unité

François cite la Syrie, la Birmanie et de nombreux pays en Afrique ou ailleurs où les guerres poussent les populations à chercher refuge loin de chez elles, trouvant souvent la mort dans la Méditerranée, «une tragédie». Il se souvient des réfugiés qu'il a vus en Ouganda où, dit-il, il a été impressionné par la spiritualité de cette population.

«Continuez à être forts avec toute la force de l'unité», lance-t-il ensuite enchaînant sur le manque d'opportunités professionnelles dans de nombreuses régions africaines. «Nous voulons plus de transparence et de justice dans la gestion des ressources», lui dit une jeune femme. «Comment les Églises peuvent-elles aider à trouver une solution pour ceux qui ne veulent pas quitter leur pays d'origine?», ajoute-t-elle. Un «équilibre doit être trouvé entre la production et les efforts nécessaires à cette production», répond le Pape. «Construire des ponts peut conduire les jeunes vers des objectifs prospères. Nous devons nous organiser pour travailler ensemble. Ne vous isolez pas», déclare-t-il en forme d’appel.

Participez à la gouvernance

Une religieuse soulève la question de la mauvaise gouvernance et de la participation des jeunes à la vie publique. La question est de savoir comment accroître la participation et l'inclusion dans la vie politique. Comment imprégner la vie socio-politique des valeurs chrétiennes de justice sociale?  Le sujet intéresse le Pape, qui répond: «la non-participation des jeunes est la mort d'un pays», émettant la crainte que la situation socio-économique ne crée également une sorte de complexe d'infériorité chez les jeunes eux-mêmes. «Nous avons une quantité de martyrs sociaux! Organisez-vous bien, avec une certaine prudence, et luttez. Avancez avec courage», dit François.

Inhiber le fondamentalisme et le banditisme

Un étudiant du Nigeria ne peut manquer d'évoquer la situation de son pays, en proie au fondamentalisme, aux meurtres de religieux, à la propagation du banditisme et aux enlèvements. Comment pouvons-nous construire un monde d'amour, de justice et de paix, le monde de nos rêves?, s’interroge le garçon auquel le pape répond qu’au «suicide social», il faut opposer une résistance, une organisation et une doctrine politique, une doctrine concrète, une forme élevée de charité. Guidé par une sage doctrine politique, chaque peuple doit suivre sa propre voie, une voie qui ne peut être imposée mais qui doit venir de l'intérieur. Il faut faire preuve de «prudence et d’astuce. Dieu vous donnera la force».

La promotion de l'éducation

Un camerounais témoigne de la peur répandue d’être rejeté: les jeunes sont vulnérables à cet égard, économiquement et psychologiquement. L'insertion professionnelle est une question importante, lui dit le Pape, qui craint que la jeunesse ne soit anéantie si elle continue d’avancer avec cette crainte. D'où la nécessité de promouvoir l'éducation de la population dans son intégralité, et à tous les niveaux. L'Église doit y contribuer car c'est l'un des principaux moyens de participer à la croissance de l'Afrique.

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01 novembre 2022, 18:56