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Le cardinal Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'Unité des chrétiens, saluant le Pape François, le 6 mai. Le cardinal Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'Unité des chrétiens, saluant le Pape François, le 6 mai.  

«La guerre en Ukraine ne peut manquer d'interpeller la conscience de chaque Église»

En recevant les membres du Conseil Pontifical pour la promotion de l’Unité des Chrétiens, le Pape François a rappelé combien le conflit actuel devrait pousser les différentes Églises à développer une communauté mondiale capable de vivre dans la paix et la fraternité. «Soit nous marchons ensemble, soit nous restons immobiles» a t-il expliqué. Le Pape est aussi revenu sur les fruits du premier concile œcuménique de Nicée, à redécouvrir pour faire face aux défis actuels.

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

Le Pape François a reçu ce vendredi matin 6 mai les participants à la plénière du Conseil Pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, qui s'est tenue ces jours-ci au Vatican. Une rencontre qui n'avait pu se tenir ces deux dernières années en raison de la pandémie de Covid-19. 

«La pandémie avec son impact tragique sur la vie sociale du monde entier, a également fortement conditionné les activités œcuméniques», a d'ailleurs relevé François, mais elle a été en même temps une occasion de renforcer et de renouveler les relations entre chrétiens. «Un premier résultat œcuménique significatif de la pandémie a été une conscience renouvelée de l'appartenance à l'unique famille chrétienne, a souligné le Pape, une conscience enracinée dans l'expérience de partager la même fragilité et de ne pouvoir compter que sur l'aide de Dieu».

Cette pandémie, a-t-il poursuivi, «nous a fait prendre conscience de notre proximité et de notre responsabilité les uns envers les autres. Il est essentiel que nous continuions à cultiver cette conscience, et que nous prenions des initiatives qui rendent explicite et accroissent ce sentiment de fraternité». «Aujourd'hui, pour un chrétien, il n'est pas possible d'aller seul avec sa propre confession. Soit nous marchons ensemble, toutes les confessions fraternelles, soit nous ne marchons pas» a t-il martelé. Le Pape n'a pas caché son inquiétude devant certains phénomènes de repli : «Dans certains pays, on assiste à des réveils égocentriques - pour le dire ainsi - de certaines communautés chrétiennes, ce qui constitue un retour en arrière et l'impossibilité d'avancer» a t-il relevé.

Le défi de la guerre en Ukraine

Mais outre cette pandémie, qui n’est pas encore finie, «le monde entier a été confronté à un nouveau défi tragique, la guerre en cours en Ukraine», a souligné le Pape François. «Cette guerre, aussi cruelle et insensée que n'importe quelle guerre, a une dimension plus grande et menace le monde entier, et ne peut manquer d'interpeller la conscience de chaque chrétien et de chaque Église», a-t-il relevé avec gravité.


Cette guerre en Ukraine invite à se demander ce que peuvent faire les Eglises «pour contribuer au "développement d'une communauté mondiale, capable de réaliser la fraternité à partir de peuples et de nations qui vivent dans l'amitié sociale» (Encyclique Fratelli tutti, 154). Le Pape a ainsi invité à regarder le passé où les guerres et les atrocités ont conduit les communautés croyantes «sous la conduite de l'Esprit Saint, à désirer l'unité pour laquelle le Seigneur a prié et donné sa vie». 

«Aujourd'hui, face à la barbarie de la guerre, cette aspiration à l'unité doit être nourrie à nouveau. Ignorer les divisions entre chrétiens, par habitude ou par résignation, c'est tolérer cette pollution des cœurs qui constitue un terrain fertile pour les conflits», a lancé le Souverain Pontife. François a ainsi rappelé que «l'annonce de l'Évangile de la paix, l'Évangile qui désarme les cœurs avant même les armées, ne sera plus crédible que si elle est proclamée par des chrétiens enfin réconciliés en Jésus», par un amour qui transcende les limites de leur propre communauté et nation. 

Les fruits du premier concile œcuménique

Le Pape a ensuite invité à se pencher sur les fruits de l’histoire en particulier sur le premier concile de Nicée, dont sera fêté en 2025 le 1700 ème anniversaire. «Malgré les événements troublés de sa préparation et surtout de la longue période de réception qui a suivi, le premier concile œcuménique a été un événement de réconciliation pour l'Église, qui a réaffirmé de manière synodale son unité autour de la profession de sa foi», a-t-il expliqué.

Selon François, «le style et les décisions du Concile de Nicée devraient éclairer le cheminement œcuménique d'aujourd'hui et conduire à de nouvelles étapes concrètes vers l'objectif de rétablir pleinement l'unité des chrétiens». Le premier Concile œcuménique a manifesté, au niveau de l'Église universelle, «la synodalité comme forme de vie et d'organisation de la communauté chrétienne», a encore rappelé le Saint-Père, qui s’est félicité que lors du processus synodal en cours, le Conseil Pontifical pour la promotion de l’Unité des Chrétiens ait choisi d'écouter, «les voix des frères et sœurs d'autres confessions sur les questions qui interpellent la foi et la diaconie dans le monde d'aujourd'hui».

Car, «si nous voulons vraiment écouter la voix de l'Esprit, nous ne pouvons pas ne pas entendre ce qu'il a dit et ce qu'il dit à tous ceux qui sont nés de nouveau "de l'eau et de l'Esprit"» (Jn 3,5). 

«Nous ne pouvons pas attendre pour faire le chemin de l'unité les théologiens soient d'accord, a conclu François. Un jour, l'un d'eux, un grand théologien orthodoxe, m'a dit qu'il savait quand les théologiens seraient d'accord. Quand ? Le jour après le jugement dernier, m'a t-il dit, a t-il confié. Mais en attendant ? Marchons comme des frères, dans la prière commune, dans les œuvres de charité, dans la recherche de la vérité. En tant que frères. Et cette fraternité est pour nous tous» a t-il conclu. 


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06 mai 2022, 11:18