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Le Pape a reçu les membres du Collège pontifical roumain de Rome, au Palais apostolique, le 19 mai 2022. Le Pape a reçu les membres du Collège pontifical roumain de Rome, au Palais apostolique, le 19 mai 2022.  

Le Pape au Collège pontifical roumain: nourrir ses racines pour transmettre la foi

Le Pape François s’est adressé aux membres du Collège pontifical roumain de Rome appelé «Pio Romeno», à l’occasion du 85ème anniversaire de sa fondation, jeudi 19 mai. Il a exhorté à nourrir les racines de la foi, à se prémunir contre la médiocrité et à respirer l’universalité du catholicisme.

Delphine Allaire – Cité du Vatican

Le Pape a commencé son discours se remémorant sa venue en juin 2019, il y trois ans, à Blaj en Transylvanie (Roumanie), lorsqu’il avait béatifié sept évêques martyrs du communisme au cours d’une Divine Liturgie. Il avait alors encouragé la résistance «aux nouvelles idéologies qui cherchent à s'imposer et à déraciner les peuples, parfois sournoisement, de leurs traditions religieuses et culturelles».

«Vous, ici à Rome, dans la ville qui préserve le témoignage de Pierre, de Paul et de nombreux autres martyrs, vous pouvez redécouvrir vos racines de manière épanouie, à travers l'étude et la méditation», a affirmé François devant les prêtres et séminaristes du Collège Pio Romeno, situé sur les hauteurs de la huitième colline de Rome, le Janicule.

Sans racines, la religion n'est plus féconde

Depuis la Salle du Consistoire du Palais apostolique, le Pape a illustré son propos un exemple historique à l'appui. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que l'Église grecque-catholique roumaine n'avait plus d'évêques actifs, car ils avaient été tués ou emprisonnés, Mgr Ioan Ploscaru, évêque de Lugoj, emprisonné pendant quinze ans, écrivait dans son journal: «Les prêtres et les évêques de l'Église grecque-catholique ont considéré cette période comme la plus précieuse de leur existence. C'est une grâce de pouvoir offrir à Dieu ses souffrances et le témoignage de sa foi, même au prix de sa vie».

Ceux qui donnent leur vie pour l'Évangile pensent ainsi, embrassent la réponse de Dieu au mal du monde, a répondu le Pape. «Ils se livrent, ils imitent l'amour doux et gratuit du Seigneur Jésus, qui s'offre pour ceux qui sont proches et lointains. C'est la source qui a permis aux racines de se greffer à la terre, de devenir fortes et de porter des fruits. Et vous êtes ce fruit», a-t-il insisté, plaidant pour l’importance de «nourrir les racines», car, sans elles, «toute tradition religieuse perd sa fécondité».

“C'est une grâce de pouvoir offrir à Dieu ses souffrances et le témoignage de sa foi.”

Le virus de la mondanité spirituelle

Et le Souverain pontife de le démontrer, filant la métaphore de l’arbre: «En fait, un processus dangereux se produit: au fil du temps, on se concentre de plus en plus sur soi-même, sur sa propre appartenance, perdant le dynamisme de ses origines. On se concentre alors sur les aspects institutionnels, externes, sur la défense de son propre groupe, de son histoire et de ses privilèges, perdant, peut-être sans s'en rendre compte, la saveur du don. Pour rester dans la métaphore, c'est comme si l'on s'arrêtait pour regarder le tronc, les branches et les feuilles, en oubliant que tout est soutenu par les racines. Mais ce n'est que si les racines sont bien arrosées que l'arbre continue à croître luxueusement, sinon il se replie sur lui-même et meurt».

“Ce n'est que si les racines sont bien arrosées que l'arbre continue à croître luxueusement.”

Cela se produit lorsque l'on devient complaisant et que l'on est contaminé par le virus de la mondanité spirituelle, relève-t-il encore, prévenant contre «l’étiolement dans une vie médiocre, auto-référentielle, faite de carriérisme, d'escalade, de recherche de satisfactions personnelles et de plaisirs faciles».

Le Successeur de Pierre a enjoint ainsi les prêtres roumains de Rome à approfondir leurs racines, en réfléchissant à la manière de les actualiser, afin que leur ministère ne soit pas «une répétition stérile du passé ou un maintien du présent», mais qu'il soit fécond dans l’Évangile.

"La bonne terre" des anciens, des souffrants

Après les racines, le Pape a invité à ne pas oublier le «terreau». «Celui qui a été cultivé par vos grands-parents, vos parents, le peuple saint de Dieu. Alors que vous vous préparez à transmettre la foi, pensez à eux et rappelez-vous que l'Évangile n'est pas proclamé avec des mots compliqués, mais dans la langue des gens, comme nous l'a enseigné Jésus, la Sagesse incarnée». Selon François, la bonne terre est aussi «celle qui fait toucher la chair du Christ, présente dans les pauvres, les malades, les souffrants, les petits et les simples, dans ceux qui souffrent et dans lesquels Jésus est présent». Par exemple, a dit le Saint-Père, les nombreux réfugiés de l'Ukraine voisine que la Roumanie accueille et aide.

Enfin, l’évêque de Rome a conclu par quelques paroles adressées aux étudiants arabophones de l'ancien collège Saint Éphrem, qui forment une communauté depuis une dizaine d'années. «Votre partage de la vie ne doit pas être ressenti comme une diminution des traits distinctifs de chacun, mais comme une promesse féconde d'avenir», leur a-t-il déclaré, considérant que les collèges nationaux, orientaux et latins, ne doivent pas être des «enclaves» dans lesquelles on retourne après la journée d'étude pour vivre comme à la maison, mais des ateliers de communion fraternelle, où l'on peut «faire l'expérience de l'authentique catholicité, de l'universalité de l'Église». «Cette universalité est le bon air à respirer pour ne pas se laisser aspirer par les particularismes qui freinent l'évangélisation», a observé le Saint-Père, louant ainsi les racines, la terre, et le bon air.


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19 mai 2022, 12:20