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La délégation de l'Assemblée des Premières Nations, au sortir de son son audience avec le Pape François, le 31 mars 2022. La délégation de l'Assemblée des Premières Nations, au sortir de son son audience avec le Pape François, le 31 mars 2022. 

Les Premières Nations rencontrent à leur tour le Pape François

Après la délégation de représentants Métis et d’Inuit Tapiriit Kanatami en début de semaine, le Pape François a reçu, dans la matinée du jeudi 31 mars, un groupe de l’Assemblée des Premières Nations. Le lendemain, vendredi 1er avril, le Souverain pontife s’adressera à ces trois communautés d’autochtones du Canada.

Marine Henriot – Cité du Vatican

Le voyage des délégations autochtones à Rome est inédit. Accompagné par l’Eglise catholique canadienne, chaque groupe, les Métis, les Inuit Tapiriit Kanatami puis l’Assemblée des Premières Nations (APN) ont pu rencontrer le Saint-Père dans le courant de la semaine. De longues audiences, initiées par un temps de prière selon les coutumes traditionnelles, et l'occasion pour des populations traumatisées de livrer leurs douloureuses expériences au Pape François.

Au-delà de partager leurs souffrances, les différentes délégations venues du Canada ont un souhait commun : demander des excuses du Pape François pour le rôle de l’Église catholique dans la gestion des pensionnats autochtones. Entre 1831 et 1996, 150 00 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans ces centres de rééducation gérés par l’Église catholique à travers le pays, y subissant le programme gouvernemental d’assimilation forcée, des abus et de la maltraitance. Entre 3000 et 6000 enfants sont morts dans les murs de ces pensionnats. Lundi 28 mars, dans la foulée de leurs audiences avec le Saint-Père, les délégations d’Inuit Tapiriit Kanatami et de Métis ont donné leurs conditions quand aux excuses attendues : pour compter, elles devront être faites sur place au Canada, auprès des victimes et de leurs familles. 

Parmi la délégation de l'Assemblée des Premières Nations se trouvent notamment des survivants des établissements résidentiels d’assimilation. 

Révocation de décrets pontificaux

Par ailleurs, l’Assemblée des Premières Nations demande la révocation de décrets datant de plusieurs siècles, utilisés pour justifier la confiscation des terres indigènes des Amériques par les puissances coloniales. Deux bulles papales émises en 1455 et en 1493, respectivement par Nicolas V et Alexandre VI, avaient donné la bénédiction de l’Eglise aux revendications des explorateurs en Afrique et aux Amériques.

La délégation d'Assemblée des Premières Nations, après son audience avec le Saint-Père.
La délégation d'Assemblée des Premières Nations, après son audience avec le Saint-Père.

«Depuis l’origine de la création, selon nos récits, nous sommes la nation originelle des familles sur ces terres. Nos efforts ont toujours été fondés sur l’espoir d’une vie sereine pour nos enfants, nos petits-enfants et leurs enfants à venir. Lorsque les souverains européens sont arrivés sur nos côtes, leurs lois internationales connues sous le nom de doctrines de la découverte ont été appliquées à nos terres et ont nié notre existence en tant qu’êtres humains», détaille l’Assemblée des Premières Nations dans un communiqué partagé en amont de leur venue au Vatican.

«La rencontre avec le Pape François est une étape importante alors que nous continuons à déterminer la culpabilité de l’Église catholique en matière de génocide, et sa complicité dans ce que de nombreux enfants des Premières Nations ont vécu dans ces établissements», complète le chef de la délégation de l’APN, Gerald Antoine. 

Traumatisme des pensionnats

«Pendant plus de 100 ans, notre peuple a dû gérer avec les traumatismes hérités des pensionnats autochtones. Des familles ont dû survivre avec des enfants placés dans institutions, où ils étaient arrachés de leur identités culture, langage et dont de nombreux ont souffert d’abus sous toutes leurs formes. Nous ne pouvons pas laisser ce traumatisme continuer à toucher notre peuple.», a déclaré la cheffe Kukpi7 Rosanne Casimir lors d'une conférence de presse suivant l'audience du 31 mars. Par ailleurs, la représentante de Colombie Britannique a précisé que l'Eglise devait s'excuser «non seulement pour sa connaissance des atrocités dans les pensionnats, mais également pour sa participation».

Un berceau en bois, objet traditionnel symbolique des Premières Nations a été remis au Saint-Père.

Après leur audience avec le Saint-Père, la délégation s’est rendue place Saint-Pierre, où elle a notamment joué une chanson traditionnelle, «un air très symbolique, qui signifie que notre esprit revient à nous, nous sommes reconnaissants de pouvoir partager cette chanson sur cette place», explique un membre de la délégation APN.

La délégation de l'Assemblée des Premières Nations place Saint-Pierre

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31 mars 2022, 12:48