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Le Pape lors de l'audience avec l'Académie pontificale pour la Vie, lundi 27 septembre 2021 Le Pape lors de l'audience avec l'Académie pontificale pour la Vie, lundi 27 septembre 2021 

François à l’Académie pontificale de la Vie: n’allez jamais sur la voie du rebut

Le Pape a reçu ce lundi matin les membres de l’Académie pontificale pour la Vie, qui commence deux jours d’assemblée générale. Il les a encouragés à poursuivre leurs engagements au service de la vie humaine, en favorisant les synergies entre différentes disciplines, et en ayant à cœur de surmonter les inégalités mises en évidence par la pandémie.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

«La santé publique dans l’horizon de la mondialisation», tel est le thème qui rassemble les participants à cette assemblée générale de l’Académie pontificale pour la Vie, à l’heure où la pandémie continue d’affecter de nombreux pays. «Il est essentiel de réfléchir calmement afin d'examiner en profondeur ce qui s'est passé et de voir la voie d'un avenir meilleur pour tous», a assuré le Souverain Pontife devant les académiciens reçus en salle Clémentine. «Pire que cette crise, il y a seulement le drame de la gaspiller», a-t-il répété, reprenant les mots de son homélie de Pentecôte.

Garder une approche globale

Le thème de la santé publique permet d’aborder «des aspects importants pour la coexistence de la famille humaine et pour le renforcement d'un tissu d'amitié sociale», a poursuivi le Pape en invitant à garder ce regard large. En effet, la pandémie «a mis en évidence la profondeur de l'interdépendance tant entre nous qu'entre la famille humaine et la maison commune».

Pour l’Académie, il est donc nécessaire de traduire ces liens par «une synergie entre différentes disciplines». «L'objectif n'est pas seulement de comprendre les phénomènes, mais aussi d'identifier des critères technologiques, politiques et éthiques d'action en ce qui concerne les systèmes de santé, la famille, le travail et l'environnement», a expliqué François.

Cette approche est importante dans le domaine de la santé, laquelle dépend de la vie sociale. On peut aussi remarquer «qu’il ne suffit pas qu'un problème soit grave pour qu'il soit signalé et traité de cette manière : de nombreux problèmes très graves sont ignorés faute d'un engagement suffisant», comme la tuberculose, a regretté le Saint-Père. Ce traitement inégal est particulièrement évident si l’on considère la pandémie de Covid-19 par rapport à d’autres maladies qui continuent elles aussi à faire des ravages.

Au-delà des vaccins, la dignité de la vie pour tous

«Bien sûr, nous avons raison de prendre toutes les mesures pour contenir et vaincre le Covid-19 au niveau mondial, a déclaré le Souverain Pontife, mais ce moment historique où notre santé est menacée de près doit nous faire prendre conscience de ce que signifie être vulnérable et vivre dans la précarité au quotidien».

Et le Pape d’encourager à s’intéresser aussi des personnes vivant dans de «graves conditions», sans projeter sur elles nos propres priorités parfois mal ajustées aux leurs. «L'engagement en faveur d'une distribution équitable et universelle des vaccins est donc importante, mais il doit tenir compte du domaine plus large dans lequel les mêmes critères de justice sont requis pour les besoins de santé et de promotion de la vie», a expliqué François.

«Nous affirmons que la vie et la santé sont des valeurs également fondamentales pour tous, fondées sur la dignité inaliénable de la personne humaine», a-t-il poursuivi, avant de mettre en garde: «mais si cette affirmation n'est pas suivie d'un engagement adéquat pour surmonter les inégalités, nous acceptons en fait la douloureuse réalité que toutes les vies ne sont pas égales et que la santé n'est pas protégée pour tous de la même manière». Le Souverain Pontife a notamment plaidé pour un système de santé gratuit dans chaque pays.

Le rôle du Saint-Siège dans les initiatives internationales

D’où cette invitation du Saint-Père à soutenir les initiatives internationales «visant à créer une gouvernance mondiale pour la santé de tous les habitants de la planète, c'est-à-dire un ensemble de règles claires et concertées au niveau international qui respectent la dignité humaine. En effet, le risque de nouvelles pandémies restera une menace à l'avenir». François a mentionné en particulier les initiatives promues par le G20.

L’Académie pontificale pour la vie peut à cet égard apporter «une contribution précieuse», «afin que la proposition anthropologique chrétienne, inspirée de la Révélation, puisse également aider les hommes et les femmes d'aujourd'hui à redécouvrir "comme primordial le droit à la vie, de la conception à sa fin naturelle"», a souligné François, encourageant l’entité vaticane à s’impliquer «dans le débat public» de manière «appropriée».

Protéger la vie de sa conception jusqu’à la mort naturelle

Le Pape a ajouté quelques mots pour dénoncer une nouvelle fois, vertement, la «culture du déchet» qui tue les enfants à naître – l’avortement est un «homicide» a-t-il tonné – et met à l’écart les personnes âgées. «Et sur ce point, vous, académiciens, les universités catholiques et même les hôpitaux catholiques, ne pouvez pas vous permettre d'y aller. C'est une voie que nous ne pouvons pas emprunter : la voie du rebut», a-t-il insisté.

Le Successeur de Pierre a enfin salué divers engagements et travaux de l’Académie pontificale pour la vie: sa «précieuse» réflexion sur la bioéthique mondiale ces dernières années ; son étude sur «l’impact des technologies sur la vie humaine» ; la création de la Fondation renaissance pour approfondir l'Appel de Rome pour une éthique de l'intelligence artificielle ; sa participation à la commission Covid du Vatican.

«Il est bon de voir la coopération qui a lieu au sein de la Curie romaine dans la réalisation d'un projet commun. Nous devons développer de plus en plus ces processus menés ensemble (…)», a noté le Pape avant de bénir ses hôtes. 

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27 septembre 2021, 12:20