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Nadia Murad et son mari, reçus par le Pape François le 26 août. Nadia Murad et son mari, reçus par le Pape François le 26 août.  

La Yézidie Nadia Murad reçue par le Pape François

La rencontre d'hier entre le Pape et la prix Nobel de la paix 2018 a été marquée par l'estime et la gratitude. C'était la troisième rencontre entre eux. Par le passé, François avait déclaré vouloir se rendre en Irak après avoir lu le livre de Nadia Murad, dans lequel la jeune femme racontait son enlèvement par l'État Islamique en 2014. Celle-ci a fait part de ses remerciements sur Twitter.

Benedetta Capelli - Cité du Vatican

«Je remercie le Pape de m'accueillir une fois de plus au Vatican» C'est ce qu'a écrit la jeune lauréate du prix Nobel de la paix, Nadia Murad, sur Twitter, au lendemain de sa rencontre avec François au Vatican. «Nous avons discuté de l'importance de soutenir les Yézidis et les autres minorités en Irak. À la lumière des événements tragiques survenus en Afghanistan, nous avons discuté de la nécessité de défendre les femmes et les survivants de violences sexuelles». 

En août 2014, Nadia Murad avait été enlevée et retenue en otage par l'autoproclamé État Islamique. Dans l'attaque de son village yézidi, elle a perdu ses six frères et sa mère. Pendant trois mois, elle a été maltraitée et réduite en esclavage, puis, en s'échappant, elle a recouvré sa liberté, s'est installée en Allemagne et a commencé son important engagement social. Depuis septembre 2016, elle est devenue ambassadrice de l'ONU pour la dignité des survivants de la traite des êtres humains et en 2018, elle a reçu le prix Nobel de la paix puis a fondé Nadia's Initiative, une organisation d'aide aux femmes victimes de violences. En février 2021, elle a enterré les restes de deux de ses frères dans sa ville natale de Kocho.

La rencontre avec le Pape

Jeudi 26 août, Nadia Murad a été reçue au Vatican avec son mari, par le Pape François. Une troisième rencontre après l'audience générale du 3 mai 2017 et après une rencontre privée le 20 décembre 2018, au cours de laquelle Nadia Murad avait donné au Pape son livre autobiographique "Pour que je sois la dernière", qui portait sur sa terrible expérience aux mains de Daesh.

Cette histoire, marquée par la souffrance et la douleur, a incité le Pape François à se rendre en Irak en mars dernier, comme il l'avait lui-même avoué lors d'un dialogue avec des journalistes sur le vol de retour à Rome.

Nadia Murad et le Pape François le 26 août
Nadia Murad et le Pape François le 26 août

«Nadia Murad raconte des choses terrifiantes. Je vous conseille de le lire, il peut sembler lourd à certains moments, mais pour moi, c'est la raison profonde de ma décision. Ce livre m'a travaillé à l'intérieur. Tout comme quand j'ai écouté Nadia me raconter des choses terribles. C'est toutes ces choses mises ensemble qui m'ont fait prendre ma décision».

«Je suis heureuse que mon histoire l'ait interpellé et qu'il se soit senti appelé à transmettre ce message en Irak» avait confié Nadia dans une interview accordée à Vatican News, dans laquelle elle rappelait combien «son plaidoyer en faveur de la cause des Yézidis est un exemple pour d'autres chefs religieux de la région afin d'amplifier le message de tolérance envers les minorités religieuses comme les Yézidis». 

Une pensée pour les femmes afghanes

Dans le cœur de Nadia aujourd'hui, comme elle l'a répété sur les réseaux sociaux, reste aujourd'hui une préoccupation pour les femmes afghanes. Le 16 août déjà, elle avait exprimé sa tristesse pour ce qui s'est passé dans le pays . «Kaboul, écrivait-elle, est tombé le même jour que mon village est tombé aux mains de Daesh il y a sept ans. La communauté internationale doit faire face aux répercussions avant que la tragédie ne se répète.  Le même jour, elle a renouvelé son appel aux talibans pour qu'ils ne privent pas les femmes de leurs droits et libertés. «Je sais ce qui se passe lorsque le monde perd de vue les femmes et les filles dans les crises. Quand vous détournez le regard, vous faites la guerre au corps des femmes. Cela ne doit pas se produire en Afghanistan».

Dans son interview à Vatican News de mars dernier, la Yézidie soulignait encore que «dans chaque communauté, il y a des femmes qui survivent, résistent et dénoncent. Lorsque nous nous unissons pour lutter pour nos droits, le changement devient imparable».

 

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27 août 2021, 16:42