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Le Pape lors de l'audience générale le 10 octobre Le Pape lors de l'audience générale le 10 octobre 

François: un esprit de fraternité peut nous faire mieux sortir de la crise

Dans l'interview accordée à la rédactrice en chef de l'édition espagnole du magazine "Il mio Papa", Carmen Magallón, le Saint-Père nous invite en ce temps de pandémie à penser non pas à notre présent mais aux jeunes générations. «Nous devons prendre en charge l'avenir», a-t-il déclaré, «et préparer la terre pour que d'autres puissent la travailler».

Amedeo Lomonaco - Cité du Vatican

Les thèmes clés de la vie durant la pandémie ainsi que des propositions pour surmonter ce moment de crise : voilà les lignes directrices de l'interview donnée par le Pape François au magazine Il mio Papa dans son édition de langue espagnole. «La pandémie - affirme François - change le monde et nous met en crise». Nous ne pouvons pas sortir de cette situation de la même manière : «Soit nous en sortons mieux, soit nous en sortons moins bien. La façon dont nous nous en sortons - explique le Souverain Pontife - dépend des décisions que nous prenons pendant la crise».

Prendre en charge l'avenir

Le Pape pose également une question cruciale : «Quel sera le mode de vie que nous laisserons aux générations futures»? Pour le Pape, il s'agit de cesser de ne penser qu'à nous ou à notre présent. Il faut regarder vers l'avenir «dans la perspective d'une humanité qui souhaite rester dans le temps en tant que partie de la création». «Nous devons prendre en charge l'avenir, préparer la terre pour que d'autres la travaillent». C'est, dit-il, «la culture que nous devons développer dans la pandémie».

Comment répondre à la douleur causée par la pandémie? Le Pape se souvient tout d'abord des petits et grands gestes que tant d'hommes dans le monde ont fait pour aider leurs semblables. Nous devons répondre à cette douleur, souligne-t-il, «en essayant d'être proches». «C'est le moment du silence, de la proximité et de faire ce qui est possible pour rester unis». «Les saints d'à côté sont nombreux», explique le Saint-Père, en référence à tous ceux qui se sont mis au service des personnes dans le besoin. Ces personnes «ne voulaient pas "s'enfuir", mais étaient confrontées à des problèmes et cherchaient des solutions pratiques».

Proche des rejetés

François rappelle également que l'engagement pour la vie n'est pas seulement une question de santé. Il appelle à un engagement pour aider ceux qui sont écartés du système, pour ceux qui n'ont pas de travail. Nous sommes confrontés, a-t-il observé, à «un grand défi social». La culture du rejet, souligne-t-il, a imprégné la façon dont nous nous comportons les uns envers les autres. C'est pourquoi nous ne pouvons pas suivre le même modèle économique qui a pour fondement l'injustice. «La pandémie - affirme le Pape - nous a fait visualiser comment nous nous sommes habitués à ce climat de gaspillage : le gaspillage des vieux, le gaspillage des pauvres, le gaspillage des enfants, des enfants à naître». «Chaque vie - souligne-t-il - vaut et mérite d'être défendue et respectée».

Pour le Pape, nous sommes donc appelés à affronter avec courage la culture du déchet, une culture qui «nous menace constamment». Contre cette culture du rejet, nous devons opposer une autre façon de vivre : «La culture de l'accueil, de l'accueil, de la proximité, de la fraternité». Aujourd'hui plus que jamais, il nous est demandé d'avoir un esprit fraternel, d'aller à la rencontre de l'autre, du plus faible et du plus vulnérable pour prendre soin de lui.

La couverture du magazine "Il mio Papa"
La couverture du magazine "Il mio Papa"

Moment de prière le 27 mars

Une question posée par la journaliste du magazine "Il mio Papa" concerne le moment extraordinaire de prière en temps de pandémie présidé par le Pape François. Le Saint-Père se souvient qu'au début, il avait peur de glisser dans les escaliers. «Mon cœur - ajoute-t-il - était dans tout le peuple de Dieu qui souffrait et dans une humanité qui devait endurer cette pandémie». «J'ai monté les escaliers en priant, je priais tout le temps, et je suis parti en priant. C'est ainsi que j'ai vécu ce 27 mars». Les audiences générales sans fidèles ont été un moment difficile pour le Pape : «C'était comme parler à des fantômes». «J'ai compensé beaucoup de ces absences physiques par le téléphone et les lettres», a-t-il ajouté.

Le Pape déclare enfin qu'il n'y a pas de recette pour sortir de la crise. Mais nous trouverons un moyen de changer le paradigme économique : «Partons de la périphérie». «J'ai parlé de la périphérie, mais nous devons aussi inclure la maison commune, qui est le monde, le soin de l'univers». La fraternité, comme le rappelle l'encyclique récemment publiée Fratelli tutti, est l'une des clés pour construire l'avenir. Se référant à la distribution d'un vaccin contre le coronavirus, il souligne enfin que «ce vaccin ne peut pas être la propriété d’un pays, du laboratoire qui l'a trouvé ou d’un groupe d'États alliés à cette fin». «Le vaccin est le patrimoine de l'humanité, de toute l'humanité, il est universel». «Parce que la santé de notre peuple, comme nous l'enseigne la pandémie, est un patrimoine commun, elle appartient au bien commun». Ceci, rappelle le Pape, est le critère.

Migrants

En réponse à une question sur les flux migratoires, le Pape a souligné que «si nous ne prenons pas soin des migrants, nous perdons une grande partie de l'humanité, de la culture qu'ils représentent». «Pendant la période de fermeture, de nombreux migrants ont été employés pour travailler la terre, garder la ville propre, et effectuer de multiples services. Il est douloureux de voir à quel point ils ne sont pas reconnus et valorisés». Le Souverain Pontife nous invite à explorer les causes de l'émigration, comme dans le cas du Liban ou de la Syrie. «Ce sont des familles entières qui fuient une guerre qui n'est pas comprise». «Nos pays - demande le Pape - peuvent-ils rester neutres face à cette situation douloureuse ?».

Parmi les thèmes au centre de l'interview figure aussi celui d'une Église pauvre. Il y a des prêtres, des religieux, des laïcs, des religieuses, des évêques, explique le Pape, qui travaillent très dur pour atteindre cet objectif. «Il y a de beaux exemples qui ouvrent la voie». Son espoir est une réponse dans toute l'humanité. «L'humanité est capable de réagir, surtout les périphéries, si elles sont organisées. J'aime penser à l'âme des peuples, à cette réserve spirituelle qui leur permet de toujours aller de l'avant». Le Pape, rappelant les peuples persécutés, tels que les Yazidis et les Rohingyas, souligne qu'il faut aller vers les peuples qui souffrent. «Tant que l'humanité entière n'en sera pas rendue responsable, il n'y aura pas d'espoir».

Dans le cadre des 500 ans de la conversion de saint Ignace de Loyola, François a exprimé son désir de se rendre à Manresa, en Espagne, où Ignace a commencé son voyage de conversion. «Je crois que la conversion de saint Ignace est aussi une rencontre du cœur et peut nous inviter à réfléchir sur notre conversion personnelle, à demander le don de la conversion pour aimer et servir davantage dans le style de Jésus-Christ».

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07 octobre 2020, 15:21