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Une vue de New York dans un nuage de pollution, le 17 mai 2019. Une vue de New York dans un nuage de pollution, le 17 mai 2019. 

La sauvegarde de la couche d’ozone, un modèle de coopération internationale

À l’occasion de la 31e "Rencontre des Parties impliquées dans le Protocole de Montréal", une réunion annuelle dont l’édition 2019 se tient cette semaine à Rome, le Pape François a adressé un message d’encouragement aux personnes et institutions impliquées dans le processus d’élimination des substances chimiques ayant eu un rôle dans la détérioration de la couche d’ozone.

Cyprien Viet – Cité du Vatican

Ce travail avait été amorcé dans les années 1980 suite à des observations inquiétantes effectuées par la Nasa sur que qui était communément appelé le “trou de la couche d’ozone”. Mais depuis 30 ans, l’interdiction progressive de certains produits chimiques utilisés notamment pour les aérosols (les chlorofluorocarbones, ou CFC) a eu des résultats très concrets étayés par des études scientifiques, qui montrent à la fois la capacité de résilience de la nature et les résultats positifs d’une coopération internationale sérieuse et réaliste. Le Protocole de Montréal, signé en 1987 et entré en vigueur en 1989, a reçu progressivement l'adhésion de tous les États membres de l'ONU.

Dans ce message lu par le cardinal-Secrétaire d’État Pietro Parolin dans le cadre de cette réunion organisée au siège de la FAO, le Pape rappelle que le Protocole de Montréal «représente un modèle de coopération internationale non seulement dans le domaine de la protection environnementale mais aussi dans celui de la promotion du développement humain intégral».

Un rare sujet de consensus international

Ce processus compte actuellement 197 États signataires, ce qui en fait la première Convention issue du système des Nations Unies à avoir obtenu «l’aval universel de la part de l’entière famille des nations». Et ces trois décennies d’effort portent des fruits encourageants, comme le montrent les études scientifiques sur la couche d’ozone qui se reconstitue.

Le Pape identifie trois leçons concrètes à tirer de la réussite de ce processus. Tout d’abord, la fécondité de la coopération entre la communauté scientifique, le monde politique, les acteurs économiques et industriels ainsi que la société civile. En 2008, dans une déclaration accompagnant l’instrument d’adhésion du Saint-Siège à ce Protocole, il était indiqué que ce processus montre qu’il est possible «d’obtenir des résultats importants, qui rendent en même temps possible de sauvegarder la création, de promouvoir le développement humain intégral et de prendre soin du bien commun, dans un esprit de solidarité responsable, et avec de profondes répercussions positives pour les générations présentes et futures».

Limiter et orienter la technique

En reprenant les termes de son encyclique Laudato si, le Pape remarque que ce processus a prouvé que «la liberté humaine est capable de limiter la technique, de l’orienter, et de la mettre au service d’un autre type de progrès, plus sain, plus humain, plus social et plus intégral». Il espère que l’on pourra se souvenir plus tard de l’humanité du début du XXIe siècle comme de celle qui aura su «assumer avec générosité ses propres graves responsabilités» vis-à-vis des générations futures. Il s’agit d’un défi culturel qui doit amener chacun à se situer par rapport au bien commun.

La deuxième leçon est que ce défi ne peut pas être affronté seulement sur la base de technologies alternatives, en l’occurrence de substances chimiques qui n’auraient pas les mêmes conséquences sur la couche d’ozone mais qui pourraient provoquer d’autres types de pollution. Le Pape annonce l’adhésion du Saint-Siège à l’amendement de Kigali, qui régule la mise sur le marché des produits alternatifs aux CFC.

Un monde dans lequel tout est connecté

Enfin, la troisième leçon est que «tout est connecté». Les multiples défis qui sont posés aujourd’hui demeurent complexes, mais ils sont aussi une stimulation pour refonder «une culture orientée vers le bien commun», avec une vision à long terme en formant de futurs leaders à la prise de décision responsable dans les domaines politique, scientifique et économique.

Aucun acteur de ces processus complexes ne doit «absolutiser son propre point de vue». Tout doit être pensé de manière collective, dans le dialogue, dans une recherche équilibrée de solutions tournées vers le bien commun.

«J’exprime mon espérance priante que le régime international pour l’ozone, et aussi d’autres initiatives louables de la communauté internationale pour le soin de notre maison commune, puissent continuer sur ce chemin complexe et contraignant, mais toujours stimulant», conclut le Pape François.

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07 novembre 2019, 11:56