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Le Pape François salue le père Arturo Sosa, supérieur général de la Compagnie de Jésus, au cours de l'audience de ce 7 novembre 2019. Le Pape François salue le père Arturo Sosa, supérieur général de la Compagnie de Jésus, au cours de l'audience de ce 7 novembre 2019.  

Le Pape demande aux jésuites d’être «ouvriers de la charité»

Ce jeudi matin, le Saint-Père a reçu en audience les participants au Congrès international de la Compagnie de Jésus pour la justice sociale et l’écologie. Dans son discours, il a encouragé les jésuites à poursuivre leur engagement aux côtés des plus pauvres, avec créativité et compassion, sans négliger la prière, fondement de tout apostolat.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Les 210 participants à ce congrès sont réunis à Rome depuis le 4 novembre et jusqu’à demain, vendredi 8 novembre, dans le cadre du 50e anniversaire du secrétariat pour la justice sociale et l’écologie de la Compagnie de Jésus. Cette instance a été créée en 1969, sous l’impulsion du père Pedro Arrupe, devenu supérieur général des Jésuites quatre années plus tôt.

C’est à ce dernier qu’a fait référence le Souverain Pontife, lui-même jésuite, dès le début de son allocution. François a souligné que le père Arrupe avait eu l’intention de renforcer la «tradition ignacienne originelle» de service des pauvres. Un désir né de la prière, car le supérieur général de la Compagnie de Jésus était «un homme de prière», convaincu que «le service de la foi et la promotion de la justice ne pouvaient être séparés» et que les prêtres devaient donc répondre au double défi «d’annoncer la foi et de promouvoir la justice».

Rencontrer le Seigneur en servant les pauvres

Le Pape a aussi rendu hommage au fondateur de la Compagnie de Jésus, saint Ignace de Loyola, pour qui secourir les exclus revenait à servir la Sainte Famille. «Cette contemplation active de Dieu, de Dieu exclu, nous aide à découvrir la beauté de toute personne marginalisée», a affirmé le Saint-Père.

Les pauvres sont «un lieu privilégié de rencontre avec le Christ», et cette rencontre «purifie notre foi», a affirmé François. Par la «contemplation silencieuse de la douleur de vos frères», «vous avez vécu une véritable transformation personnelle et corporative», a-t-il souligné devant ses confrères. Le Pape les a incités à cultiver «cette familiarité avec les personnes vulnérables», dans un «monde cassé et divisé», où il est indispensable de «construire des ponts».  

L’apostolat des Jésuites aujourd’hui

L’Esprit du Christ «nous pousse à le suivre dans le service des crucifiés de notre temps» a continué le Saint-Père, citant des situations d’injustice et de douleur humaine qui «abondent dans l’actualité». François a incité les jésuites à accompagner les victimes, à être attentifs aux nécessités de humanité, mais aussi à «réfléchir sur la réalité du monde, pour démasquer ses maux, pour découvrir les meilleures réponses, pour générer la créativité apostolique».

Mais ce travail doit dépasser le cadre de la Compagnie de Jésus. «Nous avons besoin d’une vraie “révolution culturelle”», a souligné le Pape, d’«une transformation de notre regard collectif», de la manière de se situer face au monde. Pour cela, «un lent travail de transformation des structures, par la participation au dialogue public, là où se prennent les décisions qui affectent la vie des derniers», est fondamental.

Le Saint-Père a ensuite évoqué les différentes formes d’apostolat des prêtres jésuites auprès des personnes pauvres, les encourageant à continuer leur «engagement créatif, ayant toujours besoin de renouvellement dans une société de changements accélérés». Ils doivent aussi collaborer avec les organisations ecclésiales et civiles, afin de défendre «les plus défavorisés dans un monde toujours plus mondialisé». «La véritable mondialisation doit être polyédrique, nous unir, mais chacun conservant sa propre singularité», a ajouté François.

Dans les souffrances du monde, les prêtres jésuites doivent «contempler le mystère du Crucifié», «pour être capables de donner leur vie jusqu’au bout», a souligné le Pape en mentionnant le 30e anniversaire du martyre des jésuites de l’Université Centroaméricaine du Salvador. «La vie et la mort des martyrs sont un encouragement dans notre service aux derniers».

Espérance et prière

La dernière partie du discours du Pape était consacrée au thème de l’espérance. «Aux frontières de l’exclusion, nous courons le risque de désespérer, si nous nous en tenons uniquement à la logique humaine», a déclaré le Saint-Père. L’«apostolat social» n’a donc pas pour seule mission de «résoudre des problèmes», il s’agit surtout de «promouvoir des processus et de favoriser l’espérance». «Partagez votre espérance (…) pour encourager, consoler, réconforter et ranimer», «ouvrez un futur» et «aidez à penser et à agir de manière différente», a demandé le Pape à son auditoire. Avant d’insister: «Prenez soin de votre relation quotidienne avec le Christ ressuscité et glorieux, et soyez des ouvriers de la charité et des semeurs d’espérance».

François a terminé en évoquant «le testament du père Arrupe», autrement dit les dernières paroles qu’il a adressées à des jésuites en mission dans un camp de réfugiés en Thaïlande: «n’arrêtez pas la prière». Peu après avoir donné cet ultime conseil, le supérieur général des jésuites quittait le sol thaïlandais en avion. Pendant le vol, il fut frappé par un AVC. «Que cette image vous accompagne toujours», a conclu le Pape.

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07 novembre 2019, 14:41