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Le Pape François avec les journalistes à bord de l'avion les ramenant à Rome, le 2 juin 2019 Le Pape François avec les journalistes à bord de l'avion les ramenant à Rome, le 2 juin 2019 

Europe, œcuménisme: les grandes lignes de la conférence de presse

À bord de l’avion qui l’a ramené à Rome au terme de ce 30e voyage apostolique en Roumanie, le Saint-Père a répondu aux questions de six journalistes. La situation actuelle de l’Union Européenne a été évoquée, ainsi que quelques aspects marquants de ces trois jours en terre roumaine.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

C’est le traditionnel moment d’échange entre le Pape et les journalistes l’accompagnant à bord lors d’un voyage apostolique: lors de la conférence de presse de ce dimanche, François a d’abord répondu à une journaliste roumaine l’interrogeant sur l’émigration, phénomène fréquent dans le pays tout juste visité par le Saint-Père. Celui-ci a dénoncé le «manque de solidarité» dont font preuve certaines entreprises en délocalisant. «Et c’est une injustice de ne pas avoir de travail pour tant de jeunes», a reconnu François, après avoir noté le «niveau de naissance impressionnant» de la Roumanie, où «l’hiver démographique» ne se voit pas. Le Pape a souhaité «que se résolve cette situation qui ne dépend pas seulement de la Roumanie mais de l’ordre financier mondial». «Il faut une solidarité mondiale et en ce moment la Roumanie est à la présidence de l’Union Européenne», a-t-il fait remarquer.

Europe: revenir aux enseignements des pères fondateurs

L’Union Européenne, un sujet sur lequel le Saint-Père est revenu lors de cette conférence de presse, lorsqu’un journaliste allemand a évoqué le nombre croissant de ceux qui, en Europe, «préfèrent marcher seuls». «Il faut reprendre la mystique des pères fondateurs, elle doit se retrouver elle-même et surmonter les divisions des frontières», a recommandé le Saint-Père. «Nous voyons des frontières en Europe et cela ne va pas, a-t-il poursuivi, c’est vrai que chaque pays a son identité propre et doit en prendre soin, mais s’il vous plaît, que l’Europe ne se laisse pas vaincre par le pessimisme et les idéologies parce qu’elle est attaquée par des idéologies et que de petits groupes naissent en Europe». Et le Pape de lancer: «Pensez, vous, à l’Europe divisée, apprenons de l’histoire, mais ne retournons pas en arrière».  

Pas de politique malhonnête, seulement l’espérance

Toujours dans le domaine de la politique, un journaliste a sollicité l’avis du Saint-Père concernant Matteo Salvini, ministre italien de l'Intérieur et vice-président du Conseil italien. «Du vice-premier ministre et d’autres ministres je n’ai pas reçu de demande d’audience», a assuré François, après avoir évoqué sa «belle audience» avec le premier ministre Giuseppe Conte, qui répondait au protocole d’État. Le Pape a confié avec humilité être «ignorant» au sujet de la campagne électorale italienne en vue des élections européennes. «Je prie pour tous, pour que l’Italie aille de l’avant et que les Italiens s’unissent, qu’ils soient loyaux vis-à-vis de leurs engagements», a-t-il assuré. Le Souverain Pontife a appelé à lutter contre «la maladie de la corruption», partout répandue, en aidant «les hommes politiques à être honnêtes et à ne pas faire campagne avec des bannières malhonnêtes, la calomnie, la diffamation, les scandales» et ce qui sème «la haine et la peur. Cela est terrible». La politique «ne doit pas semer la haine et la peur, seulement l’espérance, juste, exigeante, mais seulement l’espérance», a-t-il insisté.

L’œcuménisme en chemin… et par des actes

Par ailleurs, le Pape François est revenu sur la dimension œcuménique son voyage apostolique en Roumanie, à l’occasion d’une question au sujet du «marcher ensemble» promu par le Saint-Père. «Vous avez un grand patriarche», a-t-il reconnu au sujet du patriarche orthodoxe Daniel, «un homme de grand cœur, un grand érudit, il connaît la mystique des pères du désert, la mystique spirituelle, il a étudié en Allemagne et c’est aussi un homme de prière». Le Pape a ensuite confié qu’il est «facile de s’approcher de Daniel, nous avons parlé comme des frères».

Pour François, l’œcuménisme, «ce n’est pas arriver à la fin de la partie, des discussions. Cela se fait en marchant, en allant ensemble, en priant ensemble», jusqu’à «l’œcuménisme du sang». «Marcher ensemble, mais ne pas attendre que les théologiens se mettent d’accord pour arriver à l’Eucharistie commune», a-t-il ajouté. «L’œcuménisme se fait ensemble avec des œuvres de charité et en s’aimant».

Lors de la rencontre entre le Saint-Père et le patriarche Daniel dans la cathédrale orthodoxe du Salut de la nation roumaine, à Bucarest, ce 31 mai, le Notre Père a été prié en latin puis en roumain. Lors de la récitation en roumain, «je ne suis pas resté en silence, a précisé François, j’ai prié le Notre Père en italien».  

Visites à Benoît XVI

Une journaliste espagnole a par ailleurs interrogé le Pape sur le regard qu’il portait sur son prédécesseur Benoît XVI. «Chaque fois que je vais chez lui pour lui rendre visite, je le fais parler, il parle peu, il parle “adagio” avec la même profondeur qu’il a toujours eue, il a une grande lucidité et moi, en l’entendant parler, je deviens fort: le suc de la racine m’aide à aller de l’avant», a confié François, avant de résumer: «la tradition est comme les racines qui t’ont donné leur suc pour grandir, et toi tu fleuriras !»

Beauté de la création et prière pour l’Europe

Au terme de cette conférence, le Pape a expliqué que l’utilisation de la voiture lors de ce voyage – pour des raisons météorologiques- «a été une grâce de Dieu». «J’ai vu un très beau paysage, comme jamais je n’en avais vu. J’ai traversé toute la Transylvanie: mais c’est d’une beauté ! Jamais je n’avais vu une chose de ce genre», s’est émerveillé le Souverain Pontife, avant cette remarque aux accents franciscains: «je remercie aussi la pluie qui m’a fait voyager ainsi (…) et avoir plus de contact avec la réalité».  

Enfin, le Pape a invité à prier «pour l’Europe, pour l’unité. Que le Seigneur nous donne la grâce». Et «aux non-croyants: souhaitez la bonne volonté, (…), le désir pour que l’Europe soit à nouveau le rêve des pères fondateurs», a-t-il conclu.

L’avion papal a atterri à 18h11 précises à l’aéroport de Rome-Ciampino. Avant de retrouver le Vatican, le Saint-Père a fait une halte en la Basilique Sainte-Marie-Majeure, comme il en a l’habitude au terme de chaque voyage apostolique. Dans l’édifice dominant l’Esquilin, le Pape s’est recueilli un instant devant l’icône de la Vierge Marie “Salus Populi romani”.

 

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02 juin 2019, 20:30