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L’éducation doit mettre au centre «la personne dans son intégralité», rappelle le Pape

Dans un message vidéo, le Pape François s’adresse aux participants au congrès mondial de l’OIEC (Office international de l’Enseignement Catholique), qui se clôture ce 8 juin à New-York après trois jours de travaux. Il mentionne trois difficultés actuelles qui mettent en péril la dimension humaniste de l’éducation des jeunes. Des pistes pour les dépasser sont proposées par le Saint-Père.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

«Éduquer à l’humanisme solidaire pour construire une civilisation de l’amour», tel est le thème du congrès international de l’OIEC édition 2019. Un thème approuvé par la Congrégation pour l'Éducation Catholique, et dont les sources d’inspiration ont été l’Encyclique du Pape François Laudato Si et la contribution des écoles catholiques du monde entier dans l’éducation à la solidarité, l'humanisme et la préservation de la maison commune.

Près d’un millier de participants étaient attendus à New-York, représentant 210 000 écoles catholiques (soit 46 millions d'écoliers) à travers plus de 100 pays.

Dans son message vidéo diffusé ce 8 juin, le Pape François établit lui aussi un rapprochement entre le thème de ce congrès et son Encyclique, ainsi qu’un autre document magistériel, la déclaration conciliaire sur l’éducation catholique Gravissimum educationis signée en 1965. Ce texte demande notamment que les enfants, par l’éducation, «deviennent capables de s’insérer activement dans les groupes qui constituent la communauté humaine, de s’ouvrir au dialogue avec l’autre et d’apporter de bon cœur leur contribution à la réalisation du bien commun».

Transcendance et solidarité

Mais cette perspective humaniste de l’éducation promue par le Concile Vatican II, rappelée par saint Jean-Paul II, et à laquelle François a intégré le facteur écologique, se trouve aujourd’hui remise en cause de différentes manières.

D’abord, la «tendance à la destruction de l’humanisme» est favorisée par «l’individualisme et le consumérisme» ainsi que par la «culture de l’indifférence». Face à ces comportements qui «avilissent la coopération» et minent «les relations entre les personnes et les peuples», le Saint-Père recommande «la synergie des différentes réalités éducatives», la première d’entre elles étant la famille. Les éducateurs sont ensuite appelés à collaborer à «ce processus de croissance en humanité», avec une mission spécifique pour les institutions catholiques: celle d’«offrir des horizons ouverts à la transcendance». Pour «reconstruire l’humanisme», le Pape suggère aussi d’«orienter le travail éducatif vers les périphéries, les périphéries sociales et les périphéries existentielles», par exemple à travers «le service, la rencontre et l’accueil».  

Contre la dictature des résultats

François met ensuite en garde contre «la dictature des résultats», qui «considère la personne comme un objet “de laboratoire” et n’a pas d’intérêt pour sa croissance intégrale». À cette optique économique et artificielle, le Pape oppose le fait de «mettre au centre de l’action éducative la personne dans son intégralité». À cette fin, «l’éducateur doit être compétent, qualifié, et en même temps, riche d’humanité, capable d’être au milieu des étudiants pour promouvoir leur croissance humaine et spirituelle». Ce qui nécessite une «formation permanente», souligne le Souverain Pontife.

Contempler pour se construire

Celui-ci mentionne enfin le phénomène de l’accélération, obstacle «qui emprisonne l’existence dans la spirale de la rapidité, en changeant continuellement les points de repère». Dans ce contexte, alerte le Pape, «l’identité elle-même perd sa consistance et la structure psychologique se désintègre (…)». Il est donc crucial de rendre «au temps son facteur primaire, en particulier à l’âge évolutif de l’enfance jusqu’à l’adolescence». En effet, rappelle le Saint-Père, «la personne a besoin de son propre parcours temporel pour apprendre, consolider et transformer ses connaissances. Retrouver le temps signifie en outre apprécier le silence et s’arrêter pour contempler la beauté de la création, en trouvant de l’inspiration pour protéger notre “maison commune”». «C’est un acte de responsabilité envers la postérité, dont nous ne pouvons pas nous désintéresser», insiste François.

Le message du Saint-Père se conclut par divers encouragements aux acteurs de l’éducation catholique, tels que celui-ci: «Travaillons pour libérer l’éducation d’un horizon relativiste et l’ouvrir à la formation intégrale de chacun et de tous»

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08 juin 2019, 18:33