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Le Pape François fête le 13 mars l'anniversaire de son élection Le Pape François fête le 13 mars l'anniversaire de son élection   Éditorial

6ème anniversaire du pontificat de François: l'essentiel

François a vécu et va vivre des mois intenses entre voyages et synodes. Sa sixième année a été caractérisée par le fléau des abus et la souffrance liée à certaines tensions internes. La réponse a été une invitation à retourner au cœur de la foi.

Andrea Tornielli

Le sixième anniversaire de l'élection voit le Pape François engagé dans une année dense en importants voyages internationaux, marquée au début et à la fin par deux événements "synodaux" : la rencontre pour la protection des mineurs au mois de février dernier au Vatican, avec la participation des présidents des Conférences épiscopales du monde entier, et le Synode spécial sur l'Amazonie, de nouveau au Vatican, en octobre prochain. Le récent voyage aux Émirats arabes unis qui a été l’occasion pour l’évêque de Rome de signer une déclaration commune avec le grand imam d’Al-Azhar a eu un impact considérable. Un document qui, espérons-le, pourra avoir des conséquences dans le domaine de la liberté religieuse. Le thème de l’œcuménisme prévaudra lors des prochains voyages en Bulgarie, puis en Roumanie, tandis que le voyage souhaité au Japon, mais non encore officialisé, pourra contribuer au souvenir de la dévastation causée par les armes nucléaires, comme un avertissement pour le présent et l'avenir de l'humanité qui fait l’expérience de «la troisième guerre mondiale en morceaux» dont le Pape parle souvent.

Mais le regard sur l’année écoulée ne peut ignorer ni la réémergence du scandale des abus, ni les divisions internes qui ont conduit en août dernier l’ancien nonce apostolique Carlo Maria Viganò à demander publiquement la démission du Pape pour la façon dont l'affaire McCarrick a été traitée, alors même que François célébrait l’Eucharistie avec des milliers de familles à Dublin lors d’une rencontre mondiale centrée sur la beauté et la valeur du mariage chrétien. Face à ces situations, l’évêque de Rome a demandé à tous les fidèles du monde de réciter le Rosaire chaque jour, pendant toute la durée du mois marial d’octobre 2018, afin de s’unir «en communion et en pénitence, en tant que peuple de Dieu, et pour demander à la Sainte Mère de Dieu et à Saint Michel Archange de protéger l'Église du diable, qui cherche toujours à nous séparer de Dieu et nous diviser entre nous». Un appel aussi détaillé n’a pas de précédent dans l'histoire récente de l'Église. Par ses paroles et son appel au peuple de Dieu pour qu'il prie afin de maintenir l’unité de l’Église, François a fait comprendre la gravité de la situation et a exprimé en même temps la conscience chrétienne qu'il n'existait pas de remède humain en mesure d’indiquer une voie de sortie.

Une fois encore, le Pape est allé à l'essentiel: l'Église n'est pas composée de super-héros (ni même de super-papes) et ne raisonne pas en termes de ressources humaines ou de stratégies pour avancer. Elle sait que le Malin est présent dans le monde, que le péché originel existe et que, pour nous sauver nous-mêmes, nous avons besoin de l'aide du Très Haut. Le répéter ne signifie en rien minimiser les responsabilités personnelles des individus, ni même de l'institution, mais les replacer dans leur contexte réel.

«Avec cette demande d'intercession», pouvait-on lire dans le communiqué du Vatican contenant l’appel du Pape à réciter le Rosaire en octobre dernier, «le Saint Père demande aux fidèles du monde entier de prier afin que la Sainte Mère de Dieu place l’Église sous son manteau protecteur; et ainsi la préserver des attaques du mal, du grand accusateur, et la rendre à la fois de plus en plus consciente des abus et des fautes commises au présent et par le passé».

Au présent et par le passé, car ce serait une erreur de se décharger des fautes sur ceux qui nous ont précédés pour se présenter comme «purs». Aujourd'hui encore, l'Église doit demander à quelqu'un d'Autre d'être libérée du mal. Une réalité que le Pape, dans la continuité de ses prédécesseurs, a constamment rappelée.

L'Église ne se rachète pas seule des maux qui l'affligent. Jusque dans le gouffre abominable des abus sexuels commis par des clercs et des religieux, elle ne pourra sortir en force ni des processus d'auto-purification, ni en se remettant à ceux qui se sont investis du rôle du purificateur. Elle a besoin de normes de plus en plus efficaces, de responsabilité et de transparence qui, même si indispensables, ne seront jamais suffisantes. Car l'Église, nous rappelle aujourd'hui le Pape François, n'est pas autosuffisante et témoigne de l'évangile à de nombreux hommes et femmes blessés de notre époque, précisément parce qu'elle se reconnaît elle aussi comme mendiante de guérison, nécessiteuse de miséricorde et du pardon de son Seigneur. Jamais peut-être comme au cours l'année troublée qui vient de s'écouler, la sixième de son pontificat, le Pape, qui se présente comme «un pécheur pardonné», suivant l'enseignement des Pères de l'Église et de son prédécesseur immédiat, Benoît XVI, n'a autant témoigné du fait essentiel et plus actuel que jamais: la foi chrétienne.

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12 mars 2019, 11:59