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Un panache de fumée s'élève à la suite d'un bombardement israélien dans la bande de Gaza, le 23 avril 2024. Un panache de fumée s'élève à la suite d'un bombardement israélien dans la bande de Gaza, le 23 avril 2024.  (AFP or licensors)

La naissance de Sabreen, l'espoir dans l'horreur de la guerre

La petite fille est venue au monde dans le sud de la bande de Gaza, alors que sa mère, ainsi que son père et sa petite sœur, ont été frappés par les bombes israéliennes. Les médecins ont réussi à la sauver par césarienne. Pour le père Francesco Patton, c’est «la force de la vie qui continue et qui veut l'emporter sur toutes les formes de mort».

Francesca Sabatinelli - Cité du Vatican

Dans les décombres qui ont enseveli sa famille, Sabreen Jouda a reçu la vie. Elle est née d'une mère mortellement blessée par les bombes israéliennes qui, dans le dernier acte d'une existence brisée par la fureur de la guerre, a protégé la fille qu'elle portait depuis trente semaines. Elle est venue au monde, orpheline prématurée, à Rafah, au sud de la bande de Gaza, quelques secondes après le dernier souffle de sa mère. Sabreen al-Sakani, a été tuée avec son mari Shoukri et le petit Malak, âgé de trois ans, par un bombardement dans la nuit de samedi à dimanche, dans la maison où ils s'étaient réfugiés.

L'enfant d'une martyre

Sabreen porte le nom de sa mère, un choix fait par les médecins qui ont pratiqué la césarienne au moment où la femme mourait, à l'hôpital koweïtien de la ville. La décision a été prise rapidement: faire naître le bébé à tout prix de ce corps désormais mort, sans plus aucune activité cérébrale. Et là, les mains délicates et gantées du personnel médical l'ont sauvée, lui ont donné du souffle, en insufflant de l'air dans son petit corps. Sur le ruban adhésif qui l'identifiait, pouvait-on lire «l'enfant de la martyre Sabreen al-Sakani». Son état n'est pas stable, elle est toujours en danger, «parce qu'elle a été privée du droit d'être dans le ventre de sa mère», expliquent les médecins.

Les défauts des enfants

Le nouveau-né, dont les photos font le tour du monde, est le visage de la tragédie et de tous les orphelins que cette guerre produit, environ vingt mille selon les sources de l'Unicef. Mais c’est aussi un signe d'espérance: c'est le miracle de Gaza. À côté des images de destruction et de mort, il y a maintenant celles de Sabreen Jouda, dans la couveuse, l'une des rares encore en état de marche. Elle y restera quelques semaines, puis sera prise en charge par des membres de sa famille, oncles et grands-parents, dont les enfants et une autre petite-fille ont été emportés par les bombes. «Qu'est-ce qu'ils ont à voir là-dedans?», c'est le cri incessant et douloureux qui accompagne les 15 000 enfants morts depuis le début de la guerre.

La vie l'emporte sur la mort

L'espoir est que «cet enfant né dans un contexte de mort soit aussi un signe de vie pour toute la bande de Gaza et toute la Terre Sainte», a déclaré le Custode de Terre Sainte. Pour le père Francesco Patton, l'image de l'enfant né d'une mère décédée fait réfléchir sur le sens d'une «phrase de la séquence de Pâques "mors et vita duello conflixere mirando", "la mort et la vie s'affrontent, dans un duel prodigieux", d'un côté la mort, de l'autre cependant toute la force de la vie qui continue et qui veut l'emporter sur toutes les formes de mort».

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23 avril 2024, 15:22