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Siège de l'Otan à Bruxelles Siège de l'Otan à Bruxelles  (AFP or licensors) Les dossiers de Radio Vatican

Les 75 ans de l’Otan marqués par la guerre en Ukraine

L’Organisation du traité de l’Atlantique nord est née le 4 octobre 1949, en pleine Guerre froide. D’abord créée pour assurer la sécurité des États ouest-européens face à la menace soviétique, l’Alliance atlantique a connu une grande évolution après la chute du Mur de Berlin. La guerre en Ukraine a relancé sa pertinence et confirmé son rôle central dans la sécurité européenne.

Xavier Sartre – Cité du Vatican

Si officiellement les 75 ans de l’Otan, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, ne seront célébrés qu’en juillet prochain lors du sommet de Washington, c’est bien ce jeudi 4 avril l’anniversaire de la signature du texte instituant cette alliance militaire. C’était en 1949 et le monde vivait déjà dans la Guerre froide, le bloc de l’Ouest, sous la protection des États-Unis, et le bloc communiste à l’Est, sous la coupe de l’Union soviétique.

Depuis la chute du communisme et l’éclatement de l’URSS, il y a une trentaine d’années, l’Otan s’est élargie vers l’Est au grand dam de la Russie, héritière de l’Union soviétique. Les deux derniers membres à avoir été accueillis sont la Suède et la Finlande, deux pays traditionnellement neutres qui ont décidé de s’abriter sous le parapluie nucléaire américain après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

La Russie «le meilleur ennemi»

Ce dernier conflit a fait considérablement évoluer l’Otan et ses membres. Le président français, Emmanuel Macron, en novembre 2019, parlait de la «mort cérébrale» de l’organisation, relançant le débat sur sa pertinence et son évolution. La présidence Trump avait placé les Européens par ailleurs devant leurs responsabilités, les appelant à participer davantage au financement sous peine de désengagement américain.

«L’opération militaire spéciale» russe en Ukraine rebat donc les cartes, et refait de la Russie «le meilleur ennemi» de l’Otan. Si les forces occidentales ne sont pas directement engagées aux côtés de l’armée ukrainienne, le soutien militaire et financier occidental ne se dément pas depuis plus de deux ans malgré les difficultés d’approvisionnement en munitions, les débats internes ou les obstacles pour lever des fonds.

Si le président français n’a pas exclu l’envoi de troupes terrestres en Ukraine, l’Otan n’a pas l’intention pour l’heure de s’exposer davantage. Pour Olivier Kempf, directeur du cabinet stratégique «la Vigie» et chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique, «l’idée n’est pas de conduire le conflit majeur mais de l’empêcher». Le but de l’Otan est avant tout dissuasif et est double, précise le chercheur: «elle est à la fois nucléaire, grâce à la garantie nucléaire américaine et conventionnelle grâce à un dispositif nécessaire pour éviter toute escalade, et dans ce sens-là, cela fonctionne plutôt bien».

Montrer ses muscles pour être crédible

Pour que la dissuasion fonctionne, il faut une certaine crédibilité estime Olivier Kempf. «Depuis une dizaine d’années, l’Alliance a remonté son niveau de disponibilité, disposant quelques bataillons de réactions rapides à l’Est, les multipliant par deux. Des exercices et des entrainements de plus en plus conséquents sont organisés. Plus de troupes et d’avions sont déployés aux frontières, de façon à montrer à la Russie qu’il y a une ligne rouge à ne surtout pas franchir».

«La crédibilité, c’est aussi un discours, un dialogue, une rhétorique stratégique» poursuit le spécialiste, «ce n’est pas seulement dire “je suis prêt” c’est montrer ses muscles pour montrer qu’on l’est réellement».

75 ans après sa création, le paradigme sur lequel l’Otan repose n’a pas changé, à savoir la garantie nucléaire américaine. Si Washington réclame depuis des années, et depuis les années Bush, au début des années 2000, une participation plus grande des Européens, la protection américaine n’est pas menacée, assure Olivier Kempf. «Tous les Européens veulent l’Alliance atlantique comme instrument de défense européenne, ce qui passe par le soutien américain, la règle est immuable depuis 1949 et penser en sortir est assez illusoire».

Entretien avec Olivier Kempf, de "La Vigie"

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04 avril 2024, 17:30