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2022.10.14 Des inondations, dans un quartier de N'Djamena, après des pluies diluviennes

Le regard congolais sur le dérèglement météorologique

La communauté internationale célèbre ce samedi 23 mars la Journée mondiale de météorologie autour du thème «Sur la ligne de front de la lutte contre le changement climatique». À cette occasion, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a salué le combat que mène les météorologues du monde entier. Témoignage du professeur Jean Willy Ndemi sur son engagement en République démocratique du Congo.

Marie José Muando Buabualo – Cité du Vatican

Depuis la fin de l’année 2023 et le début de l’année 2024, des conditions météorologiques extrêmes jamais enregistrées ont frappé plusieurs régions de la République démocratique du Congo. Au niveau mondial, ce pays, couvert en grande partie par les forêts, figure parmi les plus vulnérables au changement climatique. Le professeur Jean Willy Ndemi Kiling, ingénieur topographe spécialiste en sciences de l’environnement, est recteur de l’Université du Cepromad à Inongo, dans le centre du pays. Selon lui, les occupations irrationnelles des terres urbaines ainsi que la déforestation sont à la base des excès de chaleur, pluies diluviennes et inondations que vient de connaitre la capitale congolaise Kinshasa.

L’intervention humaine accentue les catastrophes naturelles

Le professeur Ndemi explique que l'occupation abusive des zones à faible altitude, telles que les lits des rivières, accompagnée de pluies diluviennes et de vents violents, provoquent des inondations. Quant à la chaleur excessive qu’a connue récemment Kinshasa, avant le déclenchement des pluies diluviennes, le chercheur explique qu’il ne s’agit pas simplement des conséquences du dérèglement de la nature. «Nous ne pouvons pas dire aujourd'hui que les chaleurs sont tout simplement une conséquence de la perturbation du climat. Pour dire qu'il y a un changement climatique, nous devons avoir les données de 1850, les données de 1870, les données de 1901, les données de 1920 par exemple, les données de 1960. Et nous devons les comparer, car les scientifiques, discutent avec les données du terrain». 

Appel à l’éducation environnementale et à la conscientisation

Le recteur de l’Université du Cepromad à Inongo se dit engagé dans un travail scientifique pour inculquer aux étudiants de cet institut les réflexes dirigés vers la protection de la nature: «C'est le travail que nous sommes en train de faire, à travers des conférences avec des étudiants et des ateliers; nous disons, pour les problèmes d'inondation, qu’il faut qu'on puisse respecter d'abord les normes urbanistiques lors de l'occupation des lotissements». Cela signifie, pour lui, que ce travail doit être fait par les ingénieurs géomètres topographes avec beaucoup d'expertise, en évitant de créer des parcelles d’habitat dans les zones inondables. Il faudra ainsi établir la différence entre les zones constructibles et les zones non constructibles. Le professeur Ndemi Killing pointe du doigt le manque de rigueur dans ce secteur où l'on occupe des zones, des terrains, et l'on attribue des parcelles, même dans des zones qui ne sont pas appropriées. «Donner des parcelles dans des lits majeurs de la rivière équivaut à menacer son parcours normal. Par la suite, plusieurs personnes disent: ‘Il y a inondations, nous sommes menacés’ c’est plutôt ces hommes qui sont allés menacer la rivière». Pour ce qui concerne le problème dû à la chaleur excessive et aux canicules, le professeur Ndemi parle de l'éducation environnementale, que son institut offre aux étudiants, et appelle la population à planter les arbres et de ne pas utiliser les arbres de manière irrationnelle.

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23 mars 2024, 15:16