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128 millions de Pakistanais votent ce jeudi 8 février pour élire leur parlement et renouveler les assemblées provinciales. 128 millions de Pakistanais votent ce jeudi 8 février pour élire leur parlement et renouveler les assemblées provinciales.  (ANSA) Les dossiers de Radio Vatican

L’ombre de l'ancien premier ministre Imran Khan plane sur les élections au Pakistan

128 millions de Pakistanais votent ce jeudi 8 février pour élire leur parlement et renouveler les assemblées provinciales. Malgré l’absence de l’ancien premier ministre Imran Khan, emprisonné et banni de l’élection, sa popularité risque de donner lieu à des instabilités après le résultat du scrutin. Décryptage avec Didier Chaudet, chercheur à l'Institut français d'études sur l'Asie centrale.

Alexandra Sirgant - Cité du Vatican

Les Pakistanais sont appelés aux urnes ce jeudi 8 février pour élire leurs nouveaux députés et représentants provinciaux. Une élection déjà entachée de violences avec la double explosion la veille près de bureaux de candidat dans la province du Baloutchistan, au sud-ouest du pays. Le bilan de l’attaque, revendiquée par l’État islamique, est de 28 morts et des dizaines de blessés, et témoigne de la multiplication des attentats ces derniers mois. Au-delà l’insécurité grandissante, la situation économique du pays, en proie à une inflation record avoisinant les 30%, est également l’un des enjeux de l’élection.

Le scrutin est lui d’ores et déjà jugé inéquitable, le Mouvement du Pakistan pour la justice, parti du très populaire et ancien premier ministre Imran Khan, n’ayant pas été autorisé à se présenter sous ses couleurs, mais seulement en indépendants.

Entretien avec Didier Chaudet, spécialiste du Pakistan, chercheur associé à l'Institut français d'études sur l'Asie centrale.

La Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), historiquement proche de l’armée, est la favorite du scrutin, et pourrait reconduire à un quatrième mandat de premier ministre son chef Nawaz Sharif. «La famille Sharif était à l’époque l’outil de l’armée et de la droite d’une certaine logique islamiste» décrypte Didier Chaudet, chercheur associé à l'IFEAC, l'Institut français d'études sur l'Asie centrale. «Elle représente une droite conservatrice pro-business, proche des américains et en même temps proche des pays du Golfe» poursuit le chercheur. Nawaz Sharif, dont le frère cadet Shehbaz Sharif est l’actuel premier ministre, représente «une certaine stabilité qui plaît aux élites pakistanaises».  

Une absence remarquée

Imran Khan, emprisonné depuis plusieurs mois, a à nouveau été condamné fin janvier à 14 ans de prison. Cependant, l’engouement populaire pour l'ancien joueur international de cricket était tel en 2018, que l’ancien premier ministre joue un rôle décisif dans la mobilisation des Pakistanais aujourd’hui. «Ceux qui ont été proches d’Imran Khan veulent un authentique changement, car ils ont l’impression que leur droit de vote n’a pas été respecté» détaille Didier Chaudet. De l’autre côté, ses opposants veulent «un retour au calme qui permettrait d’enfin travailler au développement économique du pays et à sa stabilisation». En effet, parmi les critiques faites au mandat d’Imran Khan, «son discours déconnecté par rapport au renouveau du terrorisme» dans le pays, dans lequel le pouvoir central et l’armée étaient contestés plus que «les terroristes eux-mêmes».

Quel que soit le résultat du scrutin, le futur premier ministre du Pakistan va devoir prendre en compte le mécontentement des partisans d’Imran Khan et la critique radicale du status quo de la part d’une partie de la population.

 

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08 février 2024, 16:06