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Robert Badinter en 2019 à Paris Robert Badinter en 2019 à Paris  (AFP or licensors)

La mort de Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort en France

L’ancien avocat et Garde des Sceaux de François Mitterand (1981-1986) livra un combat historique pour faire adopter la fin de la peine capitale. D’une famille juive, il se signala aussi par ses nombreux gestes de proximité et de fraternité avec le monde catholique.

Olivier Bonnel - Vatican News

Au fil des années il était devenu l’une des figures publiques les plus populaires en France. Avocat, ancien ministre de la Justice, président du Conseil constitutionnel et sénateur, Robert Badinter s’est éteint ce vendredi 9 février à l’âge de 95 ans. Une date symbolique puisque c’est le 9 février 1943 que son père fût raflé à Lyon par la Gestapo puis envoyé à Sobibor où il mourra dans le camp de concentration.

Issu d’une famille juive originaire de Bessarabie (la Moldavie actuelle), Robert Badinter laisse à la postérité son combat en faveur de l’abolition de la peine de mort, et d’un discours mémorable à l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981 où il demande solennellement aux parlementaires d’avoir le courage de voter sa proposition de loi. «La peine de mort est contraire à ce que l’humanité depuis deux mille ans a pensé de plus haut et rêvé de plus noble. Elle est contraire à la fois à l’esprit du christianisme et à l’esprit de la Révolution» lancera-t-il notamment en citant Jean Jaurès.

Défenseur de l’honneur des catholiques

Devenue une figure populaire, Robert Badinter sera souvent salué pour sa rectitude, son sens de l’État, son attachement aux principes de la République. Sa parole sera souvent recherchée lors d’innombrables colloques ou émissions où son verbe était particulièrement attendu.

Robert Badinter se signala aussi par des mains tendues au monde catholique. En 2002, l’affiche du film Amen de Costa-Gavras confondant croix gammée et croix chrétienne fait scandale. Avec d’autre intellectuels juifs, il signe dans l’hebdomadaire catholique La Vie un appel dénonçant «comme malsain cet amalgame de l’emblème nazi avec le symbole d’une religion.»

Un homme de dialogue

En janvier 2021, l’ancien ministre de la Justice est invité par le Service national pour les Relations avec le Judaïsme (SNRJ) de la Conférence des évêques de France à un séminaire sur les liens entre la justice et la fraternité. «Je dis toujours que le droit a besoin d’un supplément d’âme, voici le moment de lui apporter» expliquait-il.

«Il avait mené une admirable réflexion sur les fondements juridiques de la fraternité, se souvient le père Christophe Le Sourt, directeur du SNRJ, c’était pour lui fondamental pour vivre ensemble. Pour lui, la notion de fraternité ne devait pas rester une injonction».

«Les évêques de France rendent grâce pour l'inlassable combat de M. Robert Badinter en faveur de la dignité humaine» a salué la CEF après le décès de l’ancien Garde des Sceaux, qui s’est également beaucoup battu pour des meilleures conditions de vie dans les prisons.

À l’heure où le débat sur la fin de vie est aussi au cœur des débats en France, l’engagement de l’ancien ministre contre l’euthanasie avait également été remarqué. «La vie, nul ne peut la retirer à autrui dans une démocratie» déclarait-il ainsi en 2008 devant une commission de réflexion de l’Assemblée nationale.

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09 février 2024, 17:16