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Conséquences d'une infiltration meurtrière par des hommes armés du Hamas dans le kibboutz Beeri Conséquences d'une infiltration meurtrière par des hommes armés du Hamas dans le kibboutz Beeri  (AMIR COHEN)

Israël, survivre après l’attaque terroriste du 7 octobre

Deux semaines après l’attaque terroriste du Hamas, Daniel, avec sa femme et leurs trois enfants sont toujours réfugiés loin de leur Kibboutz de Nir Yitzhak. Le 7 octobre, ils ont vu arriver les terroristes du Hamas: «Ce qui est arrivé a dépassé toutes les limites».

Vatican News

«Samedi (7 octobre 2023, ndlr), alors que nous dormions, nous avons été réveillés à 6h30 du matin au son de la sirène et des missiles du dôme de fer (système de défense anti-aérienne, ndlr). Immédiatement, comme à chaque fois, nous nous sommes précipités dans notre pièce sécurisée; ma femme, moi-même, mes enfants et aussi les deux chiens, pour attendre que ça passe. Je pensais que c'était comme d'habitude, qu'une fois le silence revenu, après quelques minutes, nous pourrions sortir. Cette fois, c'était un peu différent, à cause du nombre de missiles que nous avons entendus».

Daniel Lanternari, 47 ans, originaire de Rome, raconte en détail la terrible matinée du 7 octobre, le jour de l'attaque du groupe radical Hamas contre Israël. Daniel se trouvait dans le kibboutz de Nir Yitzhak, près de la bande de Gaza, où il vit depuis 28 ans avec sa femme et ses trois enfants âgés de 15, 12 et 9 ans. Il décrit l'horreur qu'il a vécue ce jour-là.

Daniel, comment avez-vous vécu ce 7 octobre?

Nous avons entendu la sirène et nous nous sommes enfermés dans la salle de sécurité, où nous sommes restés plusieurs heures. Nos amis nous avaient dit qu'il y avait eu des infiltrations dans la partie nord de la bande de Gaza, et nous pensions que c’était la seule zone concernée. Lorsque la situation s'est un peu calmée, j'ai emmené mon fils aîné dans la salle de bains et, par la fenêtre, j'ai vu une quinzaine de terroristes qui étaient entrés dans notre kibboutz. Personne ne s'attendait à ce que des terroristes arrivent en voiture. Au pire, nous aurions pu penser qu’ils pouvaient arriver à pied depuis la bande de gaza. Au lieu de cela, ils sont entrés par le portail du kibboutz près de ma maison. Je suis resté à les regarder parce que je n'arrivais pas à croire ce que je voyais. Ce n'est que lorsqu'ils ont commencé à mitrailler les maisons à la kalachnikov que j’ai pris conscience de la réalité. Nous avons alors immédiatement couru dans notre pièce sécurisée, nous avons tout fermé, même la fenêtre et la porte métallique, pour que personne ne puisse entrer. Nous avons immédiatement prévenu nos amis, nos voisins de tout fermer, et ma voisine, seule avec deux jumeaux de 2 ans. Ça l'a sauvée parce que les terroristes sont immédiatement entrés dans nos maisons et ont commencé à tirer. Ils ont même lancé une grenade dans sa chambre. Ils ont aussi essayé d'ouvrir notre fenêtre métallique. J’essayais de calmer mes enfants en leur disant que tout allait bien, que nous étions dans notre pièce sécurisée. Je savais que si j'ouvrais la fenêtre, ce serait la fin. Je savais, parce que nous en parlions, qu’un risque terroriste existait, mais je ne m'attendais pas à cela dans notre kibboutz, ni dans d'autres.

Votre famille est-elle maintenant en sécurité?

Pour moi, ma femme et mes enfants, il ne s'est heureusement rien passé. Au bout d'une ou deux heures, les terroristes sont entrés dans notre maison et ont commencé à tout voler, mais nous ne nous en préoccupions pas. Pendant qu'ils étaient à l'intérieur de la maison, un autre groupe de terroristes est entré dans la maison située derrière la nôtre, nous avons entendu des cris. Nous savons maintenant qu'ils ont capturé les cinq membres de la famille. Nous nous sommes sauvés, nous ne savons pas vraiment comment. Ils nous ont fait comprendre qu'ils étaient dans notre maison. Ils ont frappé à la porte blindée de la pièce sécurisée et s'ils l'avaient voulu, ils auraient pu entrer. Mais ils sont partis, ils ont quitté le kibboutz et lorsque l’armée est arrivée, et que nous sommes enfin sortis, j'ai trouvé des douilles à l'extérieur de la maison et des roquettes sur la terrasse. S'ils en avaient utilisé une contre la porte de notre pièce sécurisée, il est évident que rien ne les aurait arrêtés. Ils seraient entrés et auraient fait ce qu'ils ont malheureusement fait ailleurs.

Pouvez-vous nous parler de votre kibboutz?

Nous sommes environ 580 personnes à Nir Yitzhak. Par rapport à d'autres kibboutzim, nous avons eu de la "chance". Nous avons perdu quatre personnes, et huit autres ont été capturées. Mais je sais que d'autres kibboutzim ont souffert beucoup plus.

Comment allez-vous aujourd'hui?

Comme d'autres communautés proches de la bande de Gaza, nous avons été évacués vers des lieux éloignés de nos maisons. Il n'y a plus de danger, bien sûr, mais la route est encore longue. Tous les deux jours, les enfants apprennent qu'ils ont perdu un camarade de classe, leurs amis du football ou du volley-ball, ou que leurs professeurs ont été tués. Alors oui, nous sommes restés en vie, mais il faut s'occuper de l'aspect psychologique, surtout pour les enfants.

Quelle était la vie dans le kibboutz avant l'attaque?

Les kibboutzim sont de très petites communautés, pour la plupart agricoles. Même si nous sommes dans le désert, nous avons des champs de pommes de terre, de carottes, d'arachides, de coton, d'agrumes, etc. Nous avons des vaches pour le lait, nous élevons des poulets. La vie est donc très différente de celle que nous menons en ville. Les enfants vivent dans de grands espaces. Pour eux, c'est la liberté, ils vont faire du vélo, ils vont à la piscine et au zoo du kibboutz. Ils vont aussi dans les champs pour cueillir des pommes de terre. Il y a des gens qui travaillent à l'intérieur du kibboutz et d'autres qui travaillent à l'extérieur. Cela a un peu changé par rapport à avant, mais il y a encore beaucoup de choses en communauté: nos voitures communes. Par exemple, ceux qui n'ont pas de voiture peuvent prendre une voiture du kibboutz. Il y a la cantine commune, il y a les fêtes, et ceux qui ont besoin d’aide reçoivent plus qu'ils ne peuvent donner. Ainsi, nous prenons soin les uns des autres, nous avons une vie beaucoup plus détendue.

Disons que nous considérons notre région comme un paradis: nous vivons à 95 % dans un paradis, mais il y a aussi 5 % d’enfer. Habituellement, l'enfer, ce sont les attaques de missiles, mais cette fois-ci, une limite a été franchie. Non pas que les missiles soient une chose acceptable, mais disons que nous y sommes habitués, nous savons comment nous protéger, mais cette fois, c'était différent.

Je suppose que vous priez pour la libération des otages et pour la paix?

La paix est la meilleure chose à faire pour tout le monde, des deux côtés. S'il y avait la paix, nous irions bien et les Palestiniens iraient bien aussi. Il y a des Palestiniens qui veulent la paix, qui veulent vivre en paix. Le Hamas de représente pas les Palestiniens, et les Palestiniens ne sont pas le Hamas. Il y a des Palestiniens qui veulent vivre comme nous. En fait, les terroristes du Hamas, lorsqu'ils sont arrivés, n'ont pas seulement tué des Juifs. Ils ont tué des Bédouins. Ils ont tué ceux qui sont différents d’eux.

Qu’espérez vous maintenant?

J'aimerais que l'Europe comprenne bien à qui nous avons affaire. Il n'y a pas de mots pour expliquer ce qui s'est passé, et même parler à qui ne veut rien entendre est un peu difficile.

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24 octobre 2023, 06:54