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Arrivée de migrants à Lampedusa, le 18 septembre 2023 Arrivée de migrants à Lampedusa, le 18 septembre 2023  (AFP or licensors) Les dossiers de Radio Vatican

L’immigration clandestine, un problème sans solution apparente

L’immigration est un des thèmes centraux des Rencontres méditerranéennes de Marseille. C’est aussi une question omniprésente dans l’agenda politique de la plupart des pays européens, surtout ceux en première ligne face aux arrivées illégales de migrants. L’approche répressive est-elle cependant la seule à disposition des gouvernants? Le problème ne doit-il pas être repensé dans sa globalité? Éléments de réflexion avec la juriste Delphine Perrin, de l’IRD.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

De nouvelles mesures pour endiguer l’arrivée illégale de migrants sur les côtes italiennes: le gouvernement de Giorgia Meloni veut créer davantage de centres de rétention et augmenter la durée de rétention pour les personnes déboutées. La Commission européenne propose, pour soulager l’Italie, d’aider les transferts de migrants vers d’autres pays européens et augmenter les retours dans les pays d’origine. Une fois de plus, les Européens choisissent la fermeté et une fois de plus, ils courent le risque d’un nouvel échec selon Delphine Perrin, juriste au sein de l’IRD, l’Institut de recherche et de développement.

«L’échec est démontré depuis maintenant plus d’une trentaine d’années. Les Européens cherchent depuis lors à toujours plus fermer les frontières» en investissant des ressources humaines, techniques et matérielles de plus en plus conséquentes et onéreuses, tout en impliquant les pays riverains d’Afrique du Nord dans cette lutte, constate la juriste. Or, les arrivées collectives irrégulières ne cessent de croitre et les trafics se développent, poursuit-elle. Le coût des contrôles et le coût humain, en terme de victimes en mer, augmentent eux aussi, sans compter l’insécurité qui elle aussi, ne diminue pas.

Les seuls bénéficiaires sont en fait les trafiquants d’êtres humains qui exploitent dans leur propre intérêt le désir d’émigrer, et certains partis politiques qui capitalisent sur ce problème à des fins électorales. Or, ce sont les Européens eux-mêmes qui y ont contribué par leur politique migratoire restrictives ces trente dernières années, explique Delphine Perrin. Jusque dans les années 1980, un visa n’était pas nécessaire pour entrer dans la plupart des pays européens. Peu à peu, ce document a été réclamé à travers tout le continent, contribuant à réduire les canaux légaux d’immigration et par ricochet, à augmenter les entrées illégales.

La suppression des visas seraient-elles pour autant la solution pour mettre un terme aux arrivées illégales sur les côtes méridionales de l’Europe? Cette piste n’est pas à exclure et est même préconisée par la Commission européenne, rappelle Dephine Perrin. La délivrance de visas humanitaires pourraient être un premier pas selon la juriste de l’IRD. Elle reconnait toutefois que «si on supprime les visas, il y aura sûrement une arrivée importante au début du fait de tous ces désirs créés. La libre-circulation ne signifie pas l’absence de contrôle mais elle permet davantage de sécurité pour tout le monde, de voyager de manière légale, de venir de manière affichée, de supprimer la clandestinité, et elle implique davantage de circulation. On a beaucoup de personnes qui restent bloquées en Europe parce qu’elles ont peur, si elles quittent l’Europe, de ne jamais pouvoir revenir. On a donc tout à gagner à davantage de circulation mais les gouvernements refusent totalement de mettre la suppression des visas sur la table».

La campagne électorale pour les européennes permettra peut-être de ranimer le débat autour de cette piste.

Entretien avec Delphine Perrin, juriste à l'IRD

 

 

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20 septembre 2023, 08:45