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Des députés libanais comptent les votes lors de la 12e session parlementaire pour l'élection d'un président de la République, à Beyrouth, le 14 juin 2023. Des députés libanais comptent les votes lors de la 12e session parlementaire pour l'élection d'un président de la République, à Beyrouth, le 14 juin 2023.   (ANSA) Les dossiers de Radio Vatican

Présidentielle au Liban: guerre des axes régionaux malgré la détente irano-saoudienne

Douze tentatives, zéro succès. Les 128 députés du Parlement libanais ont échoué mercredi matin à élire un nouveau président de la République, ne parvenant pas à s’accorder sur un nom. Un vote-message plus qu’une élection, lors duquel le candidat des partis chrétiens a devancé de quelques voix celui du Hezbollah. La vacance du pouvoir dure depuis sept mois à Baabda.

Delphine Allaire - Cité du Vatican

Le Parlement libanais échoue une nouvelle fois à élire un président. En lice, deux chrétiens maronites comme la fonction l’exige. Aucun d’entre eux n’a obtenu le nombre suffisant de voix. Sleimane Frangié, ancien ministre soutenu par le Hezbollah pro-iranien, affrontait Jihad Azour, ex-ministre des Finances (2005-2008) et haut-fonctionnaire du FMI, appuyé par les partis chrétiens. L’économiste Azour a toutefois recueilli 8 voix d’avance sur Sleimane Frangié, à 59 contre 51. Tout candidat a besoin de 86 voix pour être élu au premier tour.

Les députés du Hezbollah et de ses alliés chiites sont ensuite sortis, pour empêcher la tenue du quorum lors d'un deuxième tour au cours duquel 65 voix, soit la majorité absolue, sont suffisantes pour élire un président. Lors de la dernière élection présidentielle, les partisans du Hezbollah avait ainsi paralysé l'action du Parlement pendant plus de deux ans pour imposer l'élection de Michel Aoun, son allié, en 2016.

 

Les implications régionales

Représentant le camp irano-syrien, Sleimane Frangié, dont le grand-père a été président du Liban, promettait d'être «le président de tous les Libanais», malgré son alliance avec le Hezbollah et l'amitié qui le lie depuis son enfance au président syrien Bachar al-Assad. Le technocrate Jihad Azour promettait lui de rapprocher le pays du Cèdre de ceux du Golfe, notamment dans une perspective de sortie de crise économique.

Ainsi au-delà de l’enjeu local, le vote présidentiel au Liban revêt toujours une dimension régionale. Or, la récente détente irano-saoudienne ne semble pas encore jouer sur les équilibres libanais, comme nous l’explique le politologue Karim Bitar, spécialiste du Liban à l’IRIS et à l’université jésuite Saint-Joseph de Beyrouth. L’analyste évoque aussi la médiation française par le truchement de l’ancien chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, dépêché «personnellement» au Liban la semaine prochaine par Emmanuel Macron.

Entretien avec Karim Émile Bitar, politologue, spécialiste du Liban à l'IRIS

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14 juin 2023, 11:52