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Aux abords du palais présidentiel de Quito, la capitale équatorienne, le 17 mai 2023, après la dissolution de l'Assemblée nationale. Aux abords du palais présidentiel de Quito, la capitale équatorienne, le 17 mai 2023, après la dissolution de l'Assemblée nationale.  

Crise politique en Équateur, l’Église exhorte au bien commun

Le recteur de l'Université pontificale catholique de l'Équateur, père Fernando Ponce León SJ, analyse les récents développements politiques dans le pays, réitérant l'appel de l'Église locale à «garder les yeux sur le bien commun».

Johan Pacheco – Cité du Vatican

«Les gens sont nerveux, tout le monde se demande: "Où allons-nous finir?», témoigne d’emblée le recteur de l'Université pontificale catholique de l'Équateur (PUCE), Fernando Ponce León SJ.

 

Visé par un procès en destitution et après sa comparution, le président Guillermo Lasso a décrété ce que l'on appelle ici la «mort croisée». L'Assemblée nationale est dissoute et, dans les six mois, il continue à gouverner avec des décrets-lois tandis que de nouvelles élections présidentielle et législatives sont préparées. En bref, il dissout la chambre et renonce lui-même à son mandat.

Incertitude de l'environnement politique 

Le recteur du PUCE explique que ce que l'on appelle la «mort croisée» est un mécanisme prévu par la Constitution nationale, mais «du point de vue politique, cela signifie que l'on entre dans un moment d'incertitude sur ce que seront les forces politiques, les réarrangements». Et surtout, ce que le prochain gouvernement sera capable de faire dans le temps qui reste. En d'autres termes, pendant l'année et demie de gouvernement effectif dont disposeront le prochain président et les membres de l'assemblée, ils pourront faire très peu pour le pays.

L'atmosphère politique a généré de l'incertitude et de la nervosité au sein de la population. «Ce climat fait penser aux périodes d'instabilité de la fin des années 1990 et de 2004. En bref, lorsque nous avons eu une succession de gouvernements civils, pas la dictature des années 1970, mais des gouvernements civils qui ont duré six mois, un an. Une grande instabilité politique. Cela réveille donc de vieilles craintes de retomber dans des années d'instabilité», estime encore le recteur jésuite.

Penser au bien commun

Fernando Ponce a également réitéré l'appel de l'Église en Équateur: «Mettez de côté les attitudes et les points de vue particuliers, personnalistes et partiels, et essayez de penser au bien commun de tout le pays». Il met en garde contre le fait que «les querelles et les haines revanchardes de certains secteurs politiques, qui nous ont fatigués ces derniers mois, se déchaînent et s'activent. Et je pense qu'il est bon de se rappeler - de temps en temps - ce que la Conférence épiscopale nous dit au nom de l'Église catholique, c'est-à-dire de garder les yeux fixés sur le bien commun du pays. Et surtout sur la grande majorité des pauvres et non sur les intérêts de quelques-uns et des puissants, qui en ce moment ont aussi beaucoup d'influence».

Selon le recteur du PUCE l'atmosphère actuelle dans les rues est plutôt «calme et normale». Toutefois, il n'exclut pas d'éventuelles protestations de la part d'organismes sociaux et des autochtones qui avaient annoncé au préalable certaines actions en cas de «mort croisée».

La Cour constitutionnelle confirme la dissolution

De son côté, à la faveur de six arrêts, la Cour constitutionnelle de l'Équateur a décidé de rejeter les recours en inconstitutionnalité ainsi que les demandes visant à suspendre provisoirement la dissolution, a-t-elle annoncé dans un communiqué. La Cour «n'est pas compétente pour se prononcer sur la vérification et la motivation des causes de la grave crise politique et des troubles intérieurs» que traversent l'Équateur, et «aucune autre autorité judiciaire du pays ne l'est non plus», a-t-elle dit.

Cette décision signifie que le décret de dissolution du Parlement est désormais exécutoire. Il ouvre la voie à des élections législatives et présidentielle anticipées dans les trois mois.

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20 mai 2023, 09:06