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Des manifestants à Dakar, la capitale sénégalaise, le jeudi 30 mars. Des manifestants à Dakar, la capitale sénégalaise, le jeudi 30 mars.   (AFP or licensors)

Au Sénégal, une situation sécuritaire «volatile»

Au Sénégal, l’opposant Ousmane Sonko, arrivé troisième de la présidentielle en 2019, est finalement condamné jeudi 30 mars à deux mois de prison avec sursis pour diffamation à l’encontre de la ministre du Tourisme. Depuis plusieurs mois maintenant, la situation sécuritaire dans ce pays vu comme un îlot de stabilité dans la région se détériore.

Marine Henriot, avec agences - Cité du Vatican

Après cette condamnation, Ousmane Sonko, qui a déjà annoncé sa candidature à la présidentielle de février 2024 reste donc éligible selon ses avocats, mais le répit pourrait être de courte durée, le sort d’Ousmane Sonko reste suspendu à un éventuel appel.

Outre les deux mois de prison assortis du sursis, le tribunal a condamné M. Sonko, absent à l'audience, à verser 200 millions de francs CFA (300.000 euros) au ministre. Il l'a relaxé des délits d'injures et de faux. Le ministère public avait réclamé sa condamnation à deux ans de prison, dont un an ferme, pour diffamation et faux, et trois mois ferme pour injures. Il avait aussi requis la délivrance d'un mandat d'arrêt contre lui.

Derrière ce procès en diffamation, c'est la candidature déclarée de M. Sonko à la présidentielle qui est en jeu. Les textes en vigueur prévoient une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation pour diffamation.

Instrumentalisation de la justice?

L'opposant, arrivé troisième de la présidentielle en 2019, ainsi que ses supporteurs crient à l'instrumentalisation de la justice par le pouvoir, qui chercherait à l'éliminer politiquement et à dégager la voie pour le sortant Macky Sall. M. Sonko a juré de ne pas se laisser faire.

«Nous sommes sur une situation très volatile en termes de sécurité dans l’espace public», note depuis Dakar Martin Mourre chercheur associé au think tank Timbuktu Institute, «la tension s’est installée sur la durée depuis la réélection de Macky Sall en 2019».

Par ailleurs, le flou entretenu par le président Sall quant à son intention de passer outre aux objections constitutionnelles et de briguer ou non un troisième mandat en 2024 alimente les tensions. L'opposition a fait du non au troisième mandat son mot d'ordre. 

Une question à l’échelle régionale

Depuis 2021, les convocations d'Ousmane Sonko au tribunal ont suscité des affrontements avec les forces de l'ordre. Au moins 12 personnes avaient trouvé la mort en 2021 lors de plusieurs jours d'émeutes, les troubles les plus graves connus depuis plusieurs années dans ce pays réputé comme un rare îlot de stabilité dans la région.

«La question se pose aussi à l’échelle régionale, avec l’exemple du troisième mandat d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, la tentative d’Alpha Condé, les coups d’Etat au Burkina Faso», précise Martin Mourre.

Entretien avec Martin Mourre, du Timbuktu Institute

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30 mars 2023, 16:37