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Une photographie prise le 16 mars 2023 montre le lac de Serre-Poncon partiellement asséché, près d'Emburn, dans les Alpes françaises. Une photographie prise le 16 mars 2023 montre le lac de Serre-Poncon partiellement asséché, près d'Emburn, dans les Alpes françaises.   (AFP or licensors)

Rapport du GIEC: le réchauffement climatique atteindra 1,5°C dès 2030

Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a dévoilé lundi 20 mars sa synthèse de neuf années de travaux sur le climat. Dans ce rapport qui décrit l’ampleur du réchauffement et de ses conséquences dans le monde, le GIEC souligne l’urgence à prendre des mesures plus concrètes pour lutter contre ce phénomène.

Myriam Sandouno, Marine Henriot, avec agences - Cité du Vatican

Dans la synthèse de son 6e rapport, le GIEC prévient que le réchauffement de la planète causé par l’activité humaine atteindra 1,5°C dès les années 2030-2035, par rapport à l’ère pré-industrielle, alors que la température a déjà grimpé en moyenne, de près de 1,2°C. Les scientifiques soulignent que cette «projection est valable dans presque tous les scénarios d'émissions de gaz à effet de serre de l'humanité à court terme, compte tenu de leur accumulation depuis un siècle et demi».

Ils expliquent que si les émissions de CO2 qui proviendraient des infrastructures fossiles existantes, ne sont pas dotées de moyens de captage, elles suffiraient à elles seules à faire basculer le monde vers les 1,5°C, soulignant tout de même dans leur rapport que «des réductions profondes, rapides et prolongées des émissions (...) conduiraient à un ralentissement visible du réchauffement mondial en environ deux décennies».

Pour le président du GIEC, Hoesung Lee, «ce rapport de synthèse souligne l'urgence à prendre des mesures plus ambitieuses et montre que, si nous agissons maintenant, nous pouvons toujours assurer un futur vivable pour tous».

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat souligne que les politiques déjà mises en place ne sont pas suffisantes, et appelle à développer les moyens connus pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, tout en rappelant qu'il existe aujourd'hui de «multiples opportunités pour intensifier l'action climatique».

Les chercheurs font ainsi référence à la promotion de l’énergie solaire et éolienne, mais à aussi la nécessité de privilégier «les produits agricoles et forestiers issus de sources durable

Entretien avec François Gemenne

Il serait moins cher d’investir que de subir

Selon François Gemenne spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement, l’un des auteurs principaux du rapport du Giec, «on a désormais des évaluations économiques assez poussées, qui n’ont que l’action pour réduire nos émissions», même si elle est coûteuse, ajoute-t-il, il ne faut pas méconnaître les coûts, mais «que cette action serait significativement inférieure en termes de coût économique aux impacts du changement climatique».  Il estime que «tout l’argent, tous les euros que nous n’investissons pas maintenant pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, nous allons le regretter plus tard, parce que cela va nous coûter beaucoup plus cher», déclare-t-il au micro de Vatican News.

Les réfugiés climatiques

En ce qui concerne les «réfugiés climatiques», François Gemenne explique que, quand on regarde l’état actuel des systèmes européens d’asile et d’immigration, «très clairement nous ne sommes pas prêts et on a encore tendance à considérer qu’il s’agit d’un risque futur qu’on pourrait encore éviter, alors que c’est déjà une réalité». En 2021, ce sont 24 millions de personnes qui ont été déplacées à cause des catastrophes climatiques, affirme-t-il, soulignant que chaque année, «on a deux à trois fois plus de personnes déplacées par des catastrophes climatiques que par des guerres ou des violences». Aujourd’hui, ajoute-t-il, l’essentiel de ces migrations sont des migrations internes à l’intérieur des frontières d’un pays, «mais si demain des zones entières du monde deviennent inhabitables, nous aurons aussi une augmentation des migrations internationales», prévient François Gemenne.

Entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes qui les rendent très vulnérables aux effets du réchauffement climatique. Près de la moitié de la population mondiale est donc susceptible d’être affectée par des événements météo extrêmes, comme les sécheresses, les pluies torrentielles ou encore les séismes.

Les populations vivant dans les pays les plus pauvres sont le plus à risque, soulignent les scientifiques du Giec. Et entre 2010 et 2020, la mortalité liée à des inondations, des sécheresses ou encore des ouragans était 15 fois plus forte dans les pays les plus pauvres par rapport aux régions où se trouvent les pays dits riches.

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20 mars 2023, 17:07