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De gauche à droite: Mario Marazziti de la communauté Sant'Egidio, et Ronald Ozzy Lamola, ministre sud-africain de la Justice. De gauche à droite: Mario Marazziti de la communauté Sant'Egidio, et Ronald Ozzy Lamola, ministre sud-africain de la Justice. 

Le 13e Congrès international des ministres de la Justice à Rome

La 13ème édition du Congrès international des ministres de la Justice de différents pays, a débuté le 1er mars à Rome sous le thème de l’abolition de la peine capitale: «Pas de justice sans vie». La rencontre de deux jours, est organisé par la communauté de San’Egidio.

Andrea De Angelis - Rome

«Aujourd'hui, il n'y a pas ici de pays vertueux ou moins vertueux, mais tous ont une égale dignité. L'histoire nous appelle à suivre, ensemble, le même chemin», celui de l'abolition de la peine de mort dans tous les pays du monde. Mario Marazziti de la communauté Sant'Egidio, a expliqué une fois de plus que «même le plus grand des crimes ne peut être puni de mort, car le fondement de toute loi est toujours la défense de la vie».

C'est en écoutant ces paroles qu'un public de ministres de la Justice et de représentants institutionnels de plus de dix nations s'est réuni à Rome pour le Congrès international des ministres de la Justice, promu par la communauté San’Egidio. «Ici, à Rome, des décennies après la naissance des Nations unies», a ajouté Marazziti, «le statut de la Cour pénale internationale pour les crimes contre l'humanité a été approuvé. Il ne prévoit pas la peine de mort, même pour le crime de génocide». «Les États ne peuvent pas augmenter d'une autre mort les atteintes à la vie qu'ils veulent punir de manière exemplaire», a-t-il déclaré.

Le Congrès, qui en est à sa 13e année après le coup d'arrêt imposé par la pandémie, a convoqué à cette rencontre, les ministres des pays abolitionnistes et rétentionnistes, afin de créer un espace de dialogue et d'encourager les processus de moratoire et d'abrogation de la peine de mort. Il y a vingt ans, le 30 novembre 2002, la communauté lançait la première Journée internationale des villes pour la vie - Villes contre la peine de mort, qui a vu la participation initiale de 80 villes, lesquelles sont aujourd'hui au nombre de 2402, dont 70 capitales des cinq continents.

Les chiffres de ces dernières années

Une méthode de travail qui, au fil des ans, a montré des aspects positifs, avec l'implication d'un nombre toujours plus grand de pays, des autorités de l'Union européenne, des Nations Unies et, surtout, comme l'ont souligné à plusieurs reprises les différents intervenants, du Pape François, qui n'a jamais manqué de soutenir ce processus. Ces dernières années, pas moins de 23 États américains ont rejoint la liste de ceux qui ont dit non à la peine de mort, un nombre presque identique aux 24 États où elle est encore en vigueur. Dans les prisons du monde, a rappelé Marazziti, plus de 8 millions de personnes sont emprisonnées, dont plus de 30 000 sont condamnées à mort. Il y a encore beaucoup de travail à faire, et la tâche de Sant'Egidio est précisément de construire des ponts, d'humaniser les prisons, dans une approche holistique.

Le moratoire universel

Anna Ascani, vice-présidente de la Chambre des députés, a remercié la communauté Sant'Egidio qui a «concentré ses efforts sur cette question». La représentante du Parti démocrate italien a ensuite adressé une pensée particulière aux étudiants présents, «qu'aujourd'hui: a-t-elle dit, soit une occasion importante pour vous». Elle a dans son intervention souligné comment l'Italie s'est montrée au fil du temps «un allié fiable pour un moratoire universel contre la peine de mort, un pas fondamental vers un engagement toujours plus profond au niveau des Nations Unies».

Mario Giro, membre de la communauté Sant'Egidio et ancien vice-ministre italien des Affaires étrangères, a quant à lui rappelé tout ce qui a été fait au cours de ces treize années: des appels à la «vaste correspondance avec les condamnés à mort», le travail dans les prisons «que la communauté Sant'Egidio réalise dans de nombreux pays du monde» et encore «les nombreuses libérations qui ont eu lieu, surtout en Afrique, pour des peines injustes».

Un grand travail qui, a poursuivi l’ancien vice-ministre, continue, «parce que notre objectif est d'ouvrir de nombreuses portes, nous voulons ici être un cri pour la vie! Parler de la fin de la peine de mort en temps de guerre semble un paradoxe, mais il y a un lien: de même que la guerre n'est pas la solution à tous les conflits, la peine de mort n'est pas une réparation du crime».

Le vice-ministre italien de la Justice, Francesco Paolo Sisto, a pour sa part réitéré l'engagement de l'Italie en faveur de l'abolition de la peine de mort. «Un engagement étroitement lié à la conscience, qu'il s'agisse d'une question de droits de l'homme, nous ne sommes pas face à une dissuasion pour le crime, mais à quelque chose d'inhumain, qui entre autres choses rend les erreurs judiciaires irréversibles», a-t-il déclaré.

La Zambie, un État abolitionniste depuis deux mois

Parmi les orateurs du Congrès, Mulambo Haimbe, ministre de la Justice de la République de Zambie, a commencé son discours en rappelant aux personnes présentes comment le 23 décembre 2022, il y a un peu plus de deux mois, la peine de mort a été abolie dans son pays par des amendements aux lois pénales . «Dans notre Constitution, le droit à la vie est reconnu, mais il existe une exception qui permet d'appliquer la peine de mort dans certains cas». Aujourd'hui, a affirmé le ministre zambien «elle n'est plus en vigueur, et dans les mois à venir, notre tâche sera de supprimer ces exceptions de la Constitution pour toujours». Il a annoncé que les personnes condamnées au cours de la période précédente ont également été sauvées du couloir de la mort grâce à l'amnistie accordée par le président. Cela représente 390 personnes. «Nous sommes fiers de notre parcours, qui intervient après environ 25 ans de moratoire et nous voulons être un phare pour tout le continent», a conclu M. Haimbe.

La justice pour tous

Pour Ronald Ozzy Lamola, ministre de la justice et des services pénitentiaires de la République d'Afrique du Sud, «les droits de l'homme ne sont pas protégés par la violence, mais par la défense de la vie humaine». L'Afrique du Sud fait également partie depuis longtemps des pays abolitionnistes, mais le travail se poursuit. «Nous savons que plus le crime est grave, plus l'attention qui doit être accordée à la protection de ceux qui ont commis ce crime est grande», parce qu'au cœur de la justice pénale, il n'y a pas la vengeance, a-t-il fait remarquer, mais la justice pour chaque personne .

Martin O'Malley, de la Commission internationale contre la peine de mort et ancien gouverneur du Maryland, a rappelé aux personnes présentes l'importance d'un tel événement qui a le mérite de rassembler les gens, malgré leurs différences. «Si vous voulez aller vite», a-t-il commencé, citant un proverbe africain, «vous devez aller seul, mais si vous voulez aller loin, allez-y ensemble».

Le Maryland est l'un des cinquante États américains, mais si aux États-Unis «beaucoup ont maintenant aboli la peine de mort ou ont un moratoire», il y a encore «du travail à faire car au niveau des Nations Unies, nous ne faisons pas partie des pays en faveur de l'abolition. Il existe une forte coalition qui travaille dans ce sens et qui met l'accent sur les droits civils», a déclaré M. O'Malley.

Ont également pris la parole le ministre de la justice du Burkina Faso, Bibata Nebie Ouédraogo, Abdellatif Ouahbi, ministre de la justice du Royaume du Maroc, et Edward Omar Sharif, vice-ministre du droit et des droits de l'homme de la République d'Indonésie. Chacun a montré son appréciation pour une initiative qui peut favoriser un échange d'expériences et de connaissances pour promouvoir et concevoir une «bonne justice». «Aidez-nous dans cette bataille, aidez-nous à abolir la peine de mort, à concrétiser la phrase qui nous rappelle qu'il n'y a pas de justice sans vie», a lancé ainsi le ministre Ouahbi, sous des applaudissements.

 

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02 mars 2023, 11:20