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Des personnes parmi les décombres de maisons endommagées, lors des opérations de sauvetage dans le quartier de Masharqa à Alep, en Syrie, le 7 février 2023. Des personnes parmi les décombres de maisons endommagées, lors des opérations de sauvetage dans le quartier de Masharqa à Alep, en Syrie, le 7 février 2023.   (ANSA)

Séisme en Syrie: les enfants victimes de problèmes respiratoires

Plus d'un million de personnes ont perdu leurs maisons après le tremblement de terre, et les zones déjà détruites par la guerre en Syrie, sont les plus touchées. Le docteur Ketty, qui dirige l'hôpital d'Al Arjaa, revient sur la situation des nombreux enfants arrivés avec des maladies respiratoires et intestinales.

Michele Raviart - Cité du Vatican

Parmi les zones les plus durement touchées par le séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février dernier, figure Alep, au nord-ouest du pays. L'une des villes les plus tourmentées par la guerre qui sévit depuis 2011. Les gens continuent de creuser dans les décombres de la vieille ville, où le directeur général de l'OMS, Tedros Ghebreyesus, était en mission samedi 11 février. La demande porte sur une aide accrue, notamment pour faire face au grand nombre de personnes déplacées. Cette information a été confirmée par le médecin Emile Ketty, directeur général de l'hôpital Al Arjaa (l’espérance) d'Alep, engagé dans les efforts de secours aux victimes du tremblement de terre.

Quelle est la situation dans la ville?

La situation à Alep est dramatique. Les destructions sont principalement dans le centre et dans la vieille ville. Le tremblement de terre était vraiment très fort. Nous n'avons pas encore de statistiques précises sur le nombre de morts, mais nous pensons qu'il y a environ 300 à 350 victimes dans la ville d'Alep. Les blessés sont environ 1 500 à 2 000, mais ce sont des chiffres provisoires, car il y a encore beaucoup de décombres et d'autres corps ou survivants pourraient être retrouvés, mais plus le temps passe, moins c'est probable. De nombreuses personnes se sont retrouvées sans abri, environ un million -un million et demi à Alep et cinq millions et demi dans toute la Syrie- ce sera donc un drame humain, médical et social, car les églises, les couvents, les mosquées et les écoles accueillent, mais la blessure est encore fraîche et il y a donc un élan de solidarité de la part de la population. Avec le temps, il faudra des structures et des solutions plus importantes, ou internationales, pour aider ce million et demi de personnes. 

Vous travaillez à Alep dans un hôpital. Qui vient vous voir? Quels sont les problèmes les plus graves?

Lorsque le tremblement de terre s'est produit, les véhicules de l'État sont partis en première ligne pour enlever les décombres, avec les ambulances. Ce sont donc immédiatement les deux hôpitaux publics d'Alep qui ont reçu beaucoup de monde, notamment pour des opérations de sauvetage. Nous sommes dans le nouvel Alep, ici les bâtiments sont plus solides, donc les premiers jours, les gens du quartier qui sont tombés dans les escaliers ou dans la rue sont venus, ils n'ont donc pas eu les pathologies les plus graves. Ceux qui sont déjà passés par les urgences commencent à venir vers nous, et sont ensuite suivis par des hôpitaux privés à usage public comme le nôtre. Il y a beaucoup d'enfants, une dizaine d’enfants sont arrivés, et comme les rues et les tentes ne sont pas chauffées, ils ont des maladies respiratoires - surtout chez ceux qui ont un à trois mois - ou des infections intestinales, à cause du froid et de la malnutrition.


Cette catastrophe naturelle survient après plus de dix ans de guerre. Quelle était la situation de la ville avant le tremblement de terre?

Le tremblement de terre a frappé le plus durement dans la région où régnait déjà la misère après dix ans de guerre. Après toutes ces destructions, la nature est aussi cruelle avec nous. La situation urbaine de la ville s'est considérablement aggravée. Mais Alep est une grande ville et il y a une partie qui a résisté, mais dans la partie gouvernementale et dans la vieille ville, les destructions sont importantes.

Quelle est la situation actuelle? Est-ce que les secours cherchent encore des survivants? Y a-t-il de l’espérance?

La recherche continue. Le soutien est venu d'Algérie, du Liban, d'Iran et d'Arménie. Après dix ans d'embargo et de sanctions, les moyens et les machines ne sont pas les plus récents, les plus sophistiqués et les plus rapides. Mais la recherche continue. Je vous rappelle qu'il n'y a pas de victimes de première classe et de dixième classe! Les victimes sont les victimes! Le tremblement de terre a eu lieu en Turquie, mais nous sommes à 70 kilomètres à vol d'oiseau de l'épicentre à Antioche. Le monde entier a envoyé des avions et des navires en Turquie, à juste titre, mais pourquoi laissons-nous les mêmes victimes qui se trouvent sous les décombres à quelques kilomètres de là mourir à cause des sanctions? Est-ce que c'est humain, est-ce que c'est moral?

Sur un plan matériel, quels sont les besoins les plus importants?

Il y a un besoin de médicaments et de matériel pour la chirurgie d'urgence. Les enfants ont besoin de lait et de nourriture, et surtout, de chauffage; aussi de matelas, de couvertures et même des chaufferettes à placer à côté du matelas, car il fait vraiment très froid maintenant.

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14 février 2023, 10:44