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Une rue de la capitale Port-au-Prince en Haïti, lors des manifestations contre les violences des gangs armés, le 27 janvier 2023. Une rue de la capitale Port-au-Prince en Haïti, lors des manifestations contre les violences des gangs armés, le 27 janvier 2023.   (AFP or licensors) Les dossiers de Radio Vatican

Violences en Haiti: sœur Marjorie demande un accompagnement des policiers

La situation sécuritaire ne cesse de s’aggraver en Haïti. Une nouvelle attaque meurtrière contre des policiers a suscité la colère des civils et agents de police, sortis dans les rues de Port-au-Prince jeudi 26 janvier, pour exprimer leur ras-le-bol, dans un pays en proie à des violences entre gangs armés.

Entretien réalisé par Myriam Sandouno - Cité du Vatican

Après les meurtres de six policiers par des gangs, des manifestants Haïtiens ont tenté le 26 janvier dernier, d’investir les bureaux du premier ministre contesté Ariel Henry. Civils et policiers exténués par la crise sécuritaire que traverse le pays, sont descendus dans les rues de la capitale Port-au-Prince, érigeant des barricades et envahissant également la piste de l’aéroport international Toussaint-Louverture.

À la suite de ces mouvements de protestations, le directeur général de la police nationale d’Haïti a appelé les policiers au calme, «reconnaissant que leurs revendications sont légitimes». Frantz Elbé les a ainsi invités à concentrer leurs forces dans le combat engagé contre les bandits. Des mesures, soulignent-ils, seront prises pour protéger les policiers.

Les violences auxquels s’adonnent les gangs armés inquiètent de plus en plus les Haïtiens. Mercredi 25 janvier, un commissariat de police situé à Liancourt, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale, a été attaquée à trois reprises par des bandits, qui ont ôté la vie à des policiers, selon un responsable de la police, Jean Bruce Myrtil. Parmi ces victimes, certains, blessés dans la journée, ont été sortis de la clinque où ils bénéficiaient de soins, pour être exécutés.

La police haïtienne affaiblie

Depuis l’été dernier, des bandes armées se sont emparés de la capitale Port-au-Prince et ses environs, agressant sexuellement femmes et enfants. Le pays, selon sœur Marjorie Boursiquot, religieuse salésienne haitienne, enregistre tous les jours des cas d'enlèvements, d’assassinats, et de viols. «C’est une situation grave qui touche toute les catégories de la société, et plus de 50 policiers sont morts en moins d’un an», affirme-t-elle, soulignant que «la police effectue un travail actuellement qui dépasse ses capacités». Les églises et institutions religieuses ne sont également pas épargnées.

Sœur Marjorie Boursiquot, qui a participé à la Nuit des témoins tenue cette année en France du 21 au 27 janvier, une série de prières pour les chrétiens persécutés dans le monde, «demande un accompagnement pour les policiers qui sont en première ligne», car, fait-elle remarquer, «la police est très faible». La religieuse espère que les autorités du pays trouvent cette année une solution pour «soulager la misère du peuple».

L’ONU inquiète de la situation

Selon l’organisation des Nations-Unies, la violence des gangs armés a atteint «des niveaux jamais vus depuis des décennies en Haïti». Mardi 24 janvier, l’émissaire de l’ONU dans le pays, a alerté sur la situation sécuritaire en Haïti, où 1 359 kidnappings ont été enregistrés en 2022, soit une moyenne de 4 par jour. Et les meurtres ont également augmenté d'un tiers en un an, avec un total de 2.183, a déclaré Helen La Lime présentant le dernier rapport du secrétaire général Antonio Guterres sur ce pays pauvre des Caraïbes. L’émissaire de l’ONU a réitéré le 24 janvier devant le Conseil de sécurité, la nécessité d’envoyer sur place une force internationale.  

Entretien avec sœur Marjorie Boursiquot, salésienne haïtienne

 

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28 janvier 2023, 15:11