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Un policier surveille une rue de Katmandou, à la veille des élections générales, le 18 novembre 2022 Un policier surveille une rue de Katmandou, à la veille des élections générales, le 18 novembre 2022 

Élections au Népal, entre renouvellement des candidats et continuité

Les Népalais voteront ce dimanche 20 novembre à l’occasion des élections nationales et provinciales, que la coalition au pouvoir, dirigée par le parti centriste du Congrès népalais, pourrait remporter. Les autorités de ce pays situé entre l’Inde et le Tibet entretiennent de bonnes relations avec l’Église catholique, qui rassemble 8000 fidèles.

Vatican News (avec Fides et Reuters)

Environ 18 millions de citoyens népalais voteront ce dimanche pour élire les 275 membres de la Chambre des représentants, ainsi que les 550 membres de sept assemblées provinciales. Le scrutin sera uninominal à un tour, et de représentation proportionnelle.

De jeunes leaders se distinguent

La campagne a été marquée par l'émergence de candidats indépendants qui se sont également imposés lors des élections locales dans les grandes villes de la nation himalayenne comme Katmandou, Dharan et Dhangadhi. En outre, une nouvelle génération de jeunes leaders – comme Rahul Kumar Mishra, ancien président du syndicat étudiant Nepal-Tarai - bouscule tous les partis, en particulier ceux qui ont traditionnellement conservé l'hégémonie politique.

Le Premier ministre Sher Bahadur Deuba, qui est au pouvoir depuis juillet 2021, sera le candidat d'une alliance de groupes socialistes et du Parti du Congrès népalais, donnée en tête des résulats dans les sondages. Le principal parti d'opposition est le Parti parti communiste unifié marxiste-léniniste (UML), de l'ancien Premier ministre K.P. Sharma Oli. Enfin, le parti maoïste du Centre, dirigé par son chef Prachanda, pourrait devenir faiseur de roi en cas d'élections non concluantes. Prachanda, qui utilise toujours son nom de guerre signifiant «féroce», aspire également à la fonction suprême.


Des promesses pour un pays pauvre

Ces élections se passent dans un contexte de croissance économique ralentie et d’inflation élevée, le Népal étant l’un des pays les plus pauvres du monde – l’aide occidentale représente plus de 30% du budget annuel. Ainsi, l'économie de 38 milliards de dollars devrait connaître une croissance de 4,7 % au cours de l'année fiscale actuelle qui débute à la mi-juillet, selon la Banque asiatique de développement (ADB), soit moins que l'estimation de 5,8 % de l'année dernière.

Environ un cinquième de la population du pays, qui vit avec moins de 2 dollars par jour, a été durement touché par l'inflation élevée - qui a dépassé les 8 % cette année.

Les partis politiques ont promis de faire baisser les taux d'intérêt, de fournir des services médicaux gratuits, d'améliorer les transports et de stimuler l'économie au cours des cinq prochaines années. Le parti du Congrès népalais a promis de créer 250 000 emplois par an s'il revenait au pouvoir, tandis que l’UML s'est engagé à créer 500 000 emplois par an.

Un scrutin important pour les partenaires régionaux

Le Népal, coincé entre la Chine et l’Inde – une position qui décourage les investisseurs – est également marqué par l’instabilité politique. Le pays a connu 10 gouvernements différents depuis l'abolition d'une monarchie vieille de 239 ans en 2008. Les trois principaux partis népalais précédemment cités ont tous dirigé différentes coalitions dans le passé, mais aucun n'a effectué le mandat complet de cinq ans en raison de luttes de pouvoir et de conflits internes.

Les deux «géants» voisins du Népal scruteront de près les résultats des élections. La Chine a en effet signé des projets d'infrastructure avec Katmandou dans le cadre de sa vaste initiative d’infrastructures des "nouvelles toutes de la Soie" et envisage de relier la capitale népalaise à celle du Tibet, Lhassa, par un réseau ferroviaire transhimalayen. L'Inde voisine entretient quant à elle depuis longtemps des liens étroits avec le Népal. Les États-Unis sont aussi désormais un partenaire de développement majeur.


Une Église aux racines jeunes

Selon les sources locales de Fides, ce scrutin n'affectera pas la situation de la communauté catholique locale, qui entretient généralement de bonnes relations avec les institutions civiles et politiques.

Le Népal compte 29 millions d'habitants, dont 80 % sont hindous. Les chrétiens représentent environ 1,4 % et parmi eux, 8 000 sont catholiques.

L’implantation de l’Église au Népal est relativement récente, car son enracinement fut difficile. Après la première proclamation de l'Évangile au Tibet par des missionnaires capucins au début des années 1700, puis l'interruption de cette expérience, le Népal est resté sans chrétiens pendant 140 ans. La foi catholique est réapparue dans le royaume dans les années 1850, lorsque les jésuites présents à Patna, en Inde, se sont installés à Katmandou à l'invitation du roi, dans ce qui était la seule nation hindoue au monde, lançant la première expérience d'une école pour les élèves népalais. Les jésuites, tant indiens qu'américains, ont été autorisés à entrer au Népal pour enseigner, mais sans exercer de ministère pastoral.

Le 7 octobre 1983, sous le pontificat de saint Jean-Paul II, le territoire du Népal, jusqu'alors sous la juridiction du diocèse indien de Patna, a été érigé en Missio sui iuris, avec son siège dans la capitale Katmandou, confié aux jésuites.

Tolérance mais sous surveillance

À la fin des années 1980, plusieurs congrégations religieuses, tant masculines que féminines, ont commencé à ouvrir des maisons en différents endroits du pays. Le 8 novembre 1996, la mission au Népal a été élevée au rang de préfecture apostolique. À la fin des années 1990, la Compagnie de Jésus s'est installée à Jhapa, dans l’Est, avec pour objectif d'éduquer les enfants catholiques et de fournir une assistance pastorale et spirituelle aux fidèles.

En vingt ans, la mission s'est développée jusqu’à inclure quatre écoles, une paroisse, une chapelle et six centres sociaux. Le 10 février 2007, la préfecture est devenue un vicariat apostolique et le premier vicaire apostolique était le père Anthony Francis Sharma, SJ, originaire de Katmandou, qui était en mission depuis la création de la Missio sui iuris. Il s'agit depuis 2014 de Mgr Paul Simick, un Indien qui était auparavant curé de la cathédrale de Darjeeling. 

Le Népal a changé son architecture institutionnelle en 2008, devenant une nation laïque et démocratique après avoir aboli la monarchie hindoue. La liberté de religion était déjà inscrite dans la Constitution de 1991 et le fut aussi dans la nouvelle Constitution de 2015; cependant, en 2017, le Parlement a promulgué une "loi anti-conversion", comme en Inde, qui restreint la liberté d'expression, de conscience et de religion.

Aujourd'hui, 113 prêtres, dont des diocésains et des religieux, plus de 200 religieuses et laïcs assurent les services pastoraux dans 14 paroisses, principalement par le biais de 79 établissements d'enseignement scolarisant plus de 30 000 étudiants. Caritas Népal, créée en 1989, met en œuvre des programmes d'aide sociale pour les personnes âgées, les pauvres, les malades et les personnes déplacées.

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18 novembre 2022, 17:17