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En août 2020, un feu sur un site d'exploitation illégal dans l'Amazonie brésilienne. En août 2020, un feu sur un site d'exploitation illégal dans l'Amazonie brésilienne.  

Des banques françaises accusées de participer à la déforestation de l'Amazonie brésilienne

Alors que la déforestation de l’Amazonie brésilienne n’a jamais été aussi importante -en janvier 2022, la surface de forêts déboisées a bondi de 418% par rapport à la même période l’année précédente- un rapport publié lundi 28 novembre par une coalition de cinq ONG et médias accuse les banques françaises de financer des géants de l’agroalimentaire brésiliens responsables de l’extinction de ce poumon de la planète.

Marine Henriot – Cité du Vatican

Selon l’enquête de Disclose et de Repórter Brasil, en partenariat avec Sherpa, Harvest et le Center Climate Crime Analysis, les banques françaises financent massivement la déforestation de l’Amazonie. Ces dix dernières années, les établissements bancaires français ont fourni plus de 743 millions d’euros à des acteurs de l’agro-industrie brésilienne impliqués dans la déforestation, estime l’enquête intitulée "La relation entre le système financier français et la déforestation au Brésil".

Un financement réalisé en dépit des promesses et des engagements pris en faveur de l’environnement par quatre banques françaises, BNP Paribas en tête, rapporte le site internet de Disclose.

Pour mener cette enquête, ONG et médias ont analysé des milliers de transactions financières. Par exemple, entre janvier 2021 et septembre 2022, il s’avère que la banque BNP Paribas a investi près de 117 millions d’euros dans les activités de plusieurs entreprises agroalimentaires impliquées directement dans la déforestation de l’Amazonie et du Cerrado.

Parmi ces entreprises brésiliennes, le premier producteur mondial de viande bovine, qui, toujours selon le site d’investigation Disclose, expédie illégalement de la viande provenant de fermes interdites par le ministère de l’environnement brésilien vers l’Union européenne, mais également des producteurs de soja, aliment de base de ces animaux d’élevage. Pour répondre à la forte demande des éleveurs chinois ou européens, ces multinationales défrichent des pans entiers de la forêt brésilienne.

Une déforestation menée par ces géants de l’industrie de manière légale ou illégale, par exemple en se rendant complices de milliers d’incendies volontaires en forêt.

Un tel financement est-il légal ?

Le site d’investigation rappelle que depuis février 2017, une loi sur le devoir de vigilance ouvre la possibilité de poursuivre les banques françaises en justice pour des faits de violations des droits humains et d'atteintes à l’environnement liées à leurs chaînes d’approvisionnements.

Ainsi, comme le détaille le rapport publié en anglais et en portugais, «Toute personne ayant un intérêt à agir - y compris les communautés ou les personnes affectées par des pratiques dommageables - peut, après une mise en demeure restée infructueuse pendant trois mois, demander aux tribunaux d'ordonner à l'entreprise de se conformer à ses obligations de vigilance, au risque d'être condamnée à une amende. En outre, en cas de dommage, les victimes peuvent demander réparation en justice, même si le dommage a lieu à l'étranger.»

Cependant, note l’enquête, une telle procédure en justice peut s’avérer difficile: ce sont aux victimes ou à leurs soutiens de prouver devant les tribunaux, la relation de causalité entre le dommage subi, le rôle joué par les entreprises impliquées dans les faits, et comment ces faits découlent du non-respect de leurs obligations de vigilance.

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29 novembre 2022, 12:46