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Le chef de la junte burkinabè, Paul-Henri Damiba le 15 juin avec des membres des forces armées Le chef de la junte burkinabè, Paul-Henri Damiba le 15 juin avec des membres des forces armées   Les dossiers de Radio Vatican

Le tout sécuritaire au Sahel, une fausse solution

Le Sahel ne connait pas de trêve : les attaques de groupes armés se multiplient sans que les opérations militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger ne changent rien. La société civile de la région fustige la réponse uniquement sécuritaire apportée par les autorités politiques et proposent d’autres solutions pour mettre fin à la violence.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

Plus d’une centaine de personnes tuées au Mali par des groupes armés il y a une semaine, plus d’une centaine de jihadistes abattus par l’armée burkinabè ces derniers jours : la litanie des morts ne cesse de s’allonger au Sahel sans que les autorités du Burkina Faso, du Mali et du Niger ne parviennent à rétablir la paix. La réponse sécuritaire choisie par ces trois pays ne semble pas résoudre les problèmes qu’affrontent les habitants de ces régions.

Un collectif d’ONG sahéliennes et ouest-africaines dénonce cette approche sécuritaire. La Coalition citoyenne pour le Sahel dresse un bilan sans appel: entre mars 2021 et mars de cette année, huit civils ont perdu la vie chaque jour. Elle fustige également l’impunité des forces armées auteures responsables de plusieurs morts de civils, ce qui mine la confiance des habitants envers les forces de l’État.

Répondre aux besoins de la société

Abdoulaye Seydou, président du REPAD, le réseau panafricain pour la paix, la démocratie et le développement estime que les États burkinabè, malien et nigérien ne répondent aux vrais problèmes des populations. «Il y a d’abord un déficit de gouvernance, d’accès à la justice, un déphasage complet entre les politiques publiques et les besoins essentiels de la population» pointe-t-il. «Il y a aussi une crise climatique, un accès inéquitable aux ressources» souligne-t-il également, sans compter que les zones où sévissent les groupes armés correspondent aux territoires marqués par la crise du pastoralisme.

Pour rétablir la paix, il faudrait aussi engager un vrai dialogue entre tous les acteurs de la crise sécuritaire, sans que les partenaires internationaux ne freinent ces initiatives estime le collectif. Ce processus ne signifie pas pour autant d’accorder l’impunité aux auteurs de massacres, qu’ils soient membres des groupes armés ou des forces armées nationales. C’est la condition pour qu’un véritable processus de réconciliation se mette en place dans chacun des trois pays.

La communauté internationale a également un rôle à jouer. «Elle ne doit pas abandonner le Sahel au profit d’autres crises comme l’Ukraine» alors que la crise s’aggrave, affirme le président du REPAD. Un millier d’écoles sont fermées, 200 000 enfants ne vont plus au cours. Ce seul exemple devrait interpeller les partenaires internationaux et leur prouver la nécessité de maintenir leur aide selon Abdoulaye Seydou.

Entretien avec Abdoulaye Seydou, président du REPAD

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24 juin 2022, 11:22