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Un soldat de l'armée allemande au sein de la force d'intervention rapide de l'Oran, le 7 mars 2022, à Munich. Un soldat de l'armée allemande au sein de la force d'intervention rapide de l'Oran, le 7 mars 2022, à Munich.   Les dossiers de Radio Vatican

Changement de cap pour la défense allemande

Quelques jours après le début de la guerre en Ukraine, dans un virage à 180 degrés, le chancelier allemand Olaf Scholz annonçait une enveloppe de 100 milliards d’euros pour moderniser l’armée allemande et la livraison d’armes létales à l’Ukraine. Une première depuis la Seconde guerre mondiale, analyse avec Delphine Deschaux-Dutard, maitre de conférences en sciences politiques à l’université Grenoble Alpes en France.

Entretien réalisé par Marine Henriot – Cité du Vatican

La rapidité avec laquelle l’Allemagne a pris cette décision a surpris les observateurs, «Cela montre qu’il y a quand même eu une forme de traumatisme pour les députés allemands. Ils se sont dit "La guerre est à nos portes, nous allons devoir faire très vite", cela a montré la capacité du parlement allemand à être très efficace et à soutenir la coalition en place. C’est ici un sujet d’espoir», analyse Delphine Deschaux-Dutard, maître de conférence en science politique à l’université Grenoble Alpes en France. Une rapidité globalement saluée par la classe politique allemande, «les seuls vraiment critiques à l’égard de cette décision sont les députés de Die Linke, l’extrême gauche, traditionnellement anti-militariste».

Surprise par une guerre à ses portes, l’Allemagne a donc pris un virage en annonçant d’abord la livraison d’armes létales en Ukraine, une première depuis la Seconde guerre mondiale, puis dimanche 27 février, la chancellerie annonçait une enveloppe de 100 milliards d’euros pour moderniser  la Bundeswehr et un budget de la défense qui dépassera à terme les 2% du PIB.

Un tournant d’autant plus inattendu au vue de la coalition au pouvoir : le SPD qui compte notamment des pro-russes, les verts de tendance antimilitariste et le FDP, chantre de la rigueur budgétaire, analyse Delphine Deschaux-Dutard. 

Pas une course à l'armement

Aujourd’hui, l’armée allemande comprend 180 000 soldats professionnels, dont plus de 2000 sont en mission à l’étranger. 50% des équipements de l’armée allemande sont inopérationnels et certains hommes sur le terrain manquent d’équipement de base.

Cependant, note la spécialiste, il est trop tôt de parler de course à l'armement en Allemagne et en Europe, comme l’a précisé la ministre des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock, «l’idée c’est d’être réaliste face à la menace à nos frontières». La Bundeswehr traditionnellement une armée de défense n’a pas les moyens actuellement de remplir sa mission de défense du pays, il s’agit donc de lui redonner les capacités de sa fonction initiale.    

Entretien avec Delphine Deschaux-Dutard

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08 mars 2022, 11:54