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Une vue extérieure d'un casino à Macao, ex-colonie portugaise rétrocédée à la République populaire de Chine en 1999. Une vue extérieure d'un casino à Macao, ex-colonie portugaise rétrocédée à la République populaire de Chine en 1999. 

Philippines: l’Église dénonce les casinos et l’addiction aux jeux d’argent

«Non aux casinos, non aux jeux d'argent sur l'île de Boracay»: tel est l'appel de sept évêques des Philippines, membres des archidiocèses de Jaro et Capiz et des diocèses de Bacolod, San Jose de Antique, Romblon, Kabankalan et San Carlos, contre la construction de casinos dans la région.

Les évêques philippins le martèlent: «L'île de Boracay est un paradis où vivent de nombreuses familles, où l'éducation et l'esprit d'entreprise sont encouragés, où l'emploi est favorisé et qui représente une bonne source de subsistance pour la population et, par conséquent, pour les revenus du gouvernement». Dotée de «sable blanc immaculé, d'eaux bleues cristallines, d'une flore et d'une faune abondantes et d'une vie marine diversifiée», l'île, soulignent les évêques, «est l'une des meilleures et des plus attrayantes destinations de vacances au monde».

Par conséquent, les évêques demandent aux responsables publics «d'écouter la demande de notre peuple pour que Boracay reste propre, sûr, accueillant pour les enfants et les familles, un endroit à visiter et dans lequel on peut passer des moments précieux avec nos proches».

«Nous disons fermement non aux casinos, non aux jeux d'argent à Boracay!» L'Église philippine le demande instamment, «car de telles structures ne vont pas seulement distraire et détourner les visiteurs de la vraie beauté et de la valeur de cette île bien-aimée, mais elles vont également ouvrir la voie à des styles de vie et des habitudes destructives qui vont altérer et détruire de manière significative les valeurs précieuses, la culture et la vie de la communauté». Il suffit de penser, en fait, à «combien de personnes et de familles ont été détruites à cause des jeux d'argent».

Le phénomène massif de l’addiction aux jeux

La ludopathie, c’est-à-dire l’addiction aux jeux d’argent, pose des problèmes massifs de santé publique dans de nombreux pays du monde, particulièrement là où des classes moyennes ont émergé au fil des années écoulées. Certaines personnes, grisées par l’augmentation de leur salaire, peuvent être amenées à le dilapider en se laissant tromper par la perspective de gains faciles, qui ne bénéficient en réalité qu’à une infime minorité de parieurs chanceux et, bien, sûr, aux entreprises du secteur.

Comme le montrent de nombreuses études, le jeu problématique peut avoir «un impact significatif et causer des dommages aux familles, aux amis, aux lieux de travail et aux communautés» des ludopathes. Parmi les conséquences les plus dramatiques, citons «la diminution de la santé émotionnelle, mentale et physique, la destruction des relations familiales, l'isolement, la méfiance, l'abandon, une vie sociale médiocre, la baisse des performances professionnelles entraînant une perte de productivité, le vol et la fraude, la faillite, la dépression et le suicide».

En outre, les évêques rappellent que, toujours selon les statistiques, «les familles dans lesquelles un parent joue de manière compulsive sont plus susceptibles de subir des violences domestiques, y compris des abus sur les enfants». Sans oublier que «plus de 80 % des joueurs à problèmes risquent de consommer de l'alcool ou des drogues ou d'être dépendants et que la moitié des joueurs compulsifs commettent des délits». Pour éviter la propagation de ces problèmes, l'Église philippine «ne veut pas encourager les jeux d'argent».

Les évêques se disent conscients du fait que le gouvernement national souhaite augmenter ses revenus, en particulier dans le contexte de la pandémie de Covid-19; toutefois, ils soulignent que «les dommages et les facteurs de risque dépassent de loin les bénéfices attendus». Dans le cas de Boracay, il faut également évaluer les conséquences dramatiques que l'ouverture d'un casino aurait «sur les communautés indigènes» qui habitent l'île et qui seraient «nécessairement affectées».

Le jeu est moralement inacceptable

En conséquence, les évêques ont souligné qu'ils «ne sont pas contre le développement», pour autant qu'il soit «durable et intégral, authentiquement juste et en faveur du bien commun». En revanche, «le jeu est moralement inacceptable lorsqu'il prive quelqu'un de ce qui est nécessaire pour subvenir à ses besoins et à ceux des autres». Ainsi, les évêques concluent: «Une fois de plus, nous disons d'une seule voix: Non au casino, non aux jeux d'argent à Boracay!».

Pourtant initialement rejeté en 2018 par le président Rodrigo Duterte, le projet de construction de la maison de jeu a été réapprouvé en août dernier. La levée du veto ouvrira effectivement la porte au Galaxy Entertainment Group, basé à Macao, qui pourrait investir 500 millions de dollars. Ce changement de décision a été justifié par le chef de l'État par une pénurie de fonds nationaux, pénurie causée par la pandémie.

Vatican News Service - IP

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04 octobre 2021, 18:03