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Vue sur Les Cayes, quelques jours après le séisme du 14 août 2021. Vue sur Les Cayes, quelques jours après le séisme du 14 août 2021.  

Haïti: près d’un mois après le séisme, le sud de l’île compte encore ses morts

Le 14 août dernier, un tremblement de terre de magnitude 7,2 frappait le pays, tuant plus de 2 200 personnes. Le sud d’Haïti a été particulièrement touché, «Nous sommes encore à l’heure du bilan», témoigne le cardinal Chibly Langlois, évêque de Les Cayes (sud-est).

Depuis le séisme du 14 août, des milliers de familles ont tout perdu. Près de 600 000 personnes ont été directement touchées, aucune frange de la population n’a été épargnée. «Nous sommes encore à l’heure du bilan concernant les morts religieux», témoigne le cardinal Chibly Langlois, joint par téléphone par la rédaction italienne de Radio Vatican – Vatican News.

Lui-même blessé lors du séisme, le premier cardinal haïtien rappelle l’ampleur des dégâts, «plusieurs édifices catholiques ont été détruits ou sévèrement endommagés» dans le sud du pays, «trois diocèses ont été frappés». Selon l’Église haïtienne, 200 églises ont été détruites à travers le pays. À noter notamment la destruction de l’église de l’Immaculée-Conception-des-Anglais, fierté de la commune et bijou architectural datant de 1907.

Deux prêtres ont également été tués le jour du drame, nous informe le cardinal haïtien. Un révérend a été retrouvé mort sous les décombres de l’évêché à Les Cayes, et le corps du «père Emile» a été retrouvé sous les décombres de sa maison. Au total, dix employés de l’évêché de Les Cayes ont perdu la vie.

Rentrée scolaire difficile

Toutes les infrastructures du pays ont été endommagées, et notamment les écoles, précise le cardinal Langlois : rien que pour son diocèse de Les Cayes, 73 écoles sont détruites et 51 sont endommagées.

Jeudi 2 septembre, le gouvernement haïtien annonçait reporter la rentrée de 4 semaines. Pour la majorité des élèves, elle aura lieu le 21 septembre, et le 4 octobre pour les trois départements du sud les plus endommagés. Le nombre d’écoles détruites dans tout le pays est encore inconnu. L’année scolaire précédente a déjà été entachée par la pandémie de coronavirus et les groupes armés qui kidnappent des enfants ou des enseignants afin de toucher une rançon.

Sur place, l’Église participe activement à l’effort de reconstruction, nous détaille le cardinal Langlois. «L’accompagnement se fait d’abord sur le territoire des paroisses, avec l’accompagnement des prêtres, des religieux, des laïcs, mais également la Caritas», il s’agit «d’aider toutes les victimes sans considération aucune». 

Cycle de violence

Ce nouveau séisme a frappé un pays déjà à genoux, rongé par les violences des gangs armés et la corruption politique. Lundi 6 septembre, le père André Sylvestre, curé de l'église de Notre-Dame de la Miséricorde à Robillard, au Cap-Haïtien, qui dirigeait un orphelinat, a été tué par balles dans la rue, alors qu’il allait effectuer une transaction à la banque.

Selon l’Unicef, entre septembre 2020 et février 2021, le nombre d'enfants et de femmes, victimes d'agressions armées attribuées à des gangs criminels a considérablement augmenté en Haïti, passant de 45 à 73, ces actes pouvant être des meurtres, des blessures, des viols et des enlèvements, une augmentation de 62 % par rapport au rapport précédent de septembre 2020. En 2021, un enfant sur trois, soit 1,5 millions d’enfants, nécessitait une aide d’urgence.

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09 septembre 2021, 12:38