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Des familles réfugiées dans un gymnase de Pemba, au Mozambique, le 2 avril 2021. Des familles réfugiées dans un gymnase de Pemba, au Mozambique, le 2 avril 2021. 

Le Mozambique entre crainte de nouvelles attaques et tragédie humanitaire

La virulence des groupes jihadistes au Nord-Est du Mozambique a de graves conséquences sur le plan humanitaire, touchant également les pays frontaliers. Et les violences vont sans doute perdurer, comme l’explique Matteo Puxton, historien et spécialiste de la propagande militaire de l’État Islamique.

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Le 24 mars dernier, des groupes armés ayant fait allégeance à l’État islamique s’emparaient de la ville de Palma, au nord-est du Mozambique. La prise de ce port stratégique a fait des dizaines de morts et jeté sur les routes de l’exil des milliers d’habitants. Les conséquences sur le plan humanitaire sont désastreuses et nourrissent des tensions régionales. «Près de 600 Mozambicains recherchant l'asile» ont été «refoulés» de Tanzanie, a par exemple affirmé dans un communiqué le HCR le 5 avril dernier, se disant «inquiet» du sort de ces personnes «renvoyées de force» dans leur pays.

Menace de famine

Le Programme Alimentaire Mondial a quant à lui lancé ce 13 avril un appel de fonds de 82 millions de dollars afin de renforcer son aide dans la région. Il prévoit d’aider ainsi 750 000 personnes déplacées, avec des distributions alimentaires. «Alors que la situation sécuritaire continue de se détériorer, plus de 950 000 personnes dans le Nord du Mozambique sont maintenant gravement touchées par la faim», a déclaré un porte-parole de l'agence onusienne, Tomson Phiri, lors d'un point de presse à Genève. Il a ajouté que des équipes du PAM sur le terrain avaient pu parler à des habitants et écouter leurs récits empreints «d'une horrible violence et d'un désespoir croissant».

Un gouvernement défaillant

La situation sécuritaire ne cesse de se dégrader depuis plusieurs mois dans la province à majorité musulmane de Cabo Delgado. Une région pauvre mais néanmoins riche en gaz naturel. Guérilla rurale à l’origine, le groupe de jihadistes connus localement sous le nom d'Al-Shabab ("les jeunes" en arabe) a désormais pris de l’ampleur. Face à lui, l’armée mozambicaine peine à répliquer efficacement et le gouvernement rechigne à s’attaquer aux racines sociales du problème – corruption, chômage, déscolarisation. Après Palma, on peut désormais craindre que d’autres villes ne soient visées par des rebelles galvanisés. C’est l’avis de Matteo Puxton, agrégé d’Histoire, spécialiste de la propagande de l’État islamique.

Entretien avec Matteo Puxton

 

 

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14 avril 2021, 12:52