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Des scènes d'émeutes à Athènes le 9 mars. Des scènes d'émeutes à Athènes le 9 mars. 

La Grèce en plein marasme social

Jamais remis des cures d'austérité depuis dix ans, le pays fait face à une contestation sociale grandissante, accentuée par la pandémie de Covid 19. Ces dernières semaines ont été marquées par de violentes manifestations, traduisant le ras-le-bol de nombreux citoyens grecs.

Entretien réalisé par Olivier Bonnel-Cité du Vatican

La Grèce vit ces derniers mois sous haute tension. Il y a dix ans, le pays était au bord de la banqueroute en raison de la crise de la dette, et avait failli entrainer une partie de l'Europe avec elle. Athènes a subi depuis plusieurs plans d'austérité, imposés par les créanciers, le Fonds Monétaire International et l’Union Européenne en tête, des politiques de réductions de la dépense publique dont les effets se font ressentir encore douloureusement pour de nombreux Grecs, avec un taux de chômage au plus haut et des perspectives de trouver un emploi quasi nulles pour la jeunesse du pays. 

Le pays est toujours très fragile économiquement. Ces derniers mois la pandémie de Covid-19 s’est ajoutée au malaise social. Alors que le pays se relevait progressivement des années de marasme, la fermeture des frontières a porté un coup très dure à l'industrie du tourisme, l'un des premiers secteurs économiques du pays, avec près de 20 % des recettes fiscales. Le gouvernement de Kyriakos Mistotakis avait pourtant pris les devants en confinant très tôt le pays en 2020, pour sauver le secteur, mais le pays est aujourd'hui rattrapée par la troisième vague de contagion. 

Une violence endémique qui refait surface

Ces dernières semaines, alors que le pays était confiné, de nombreuses manifestations violentes se sont produites, en particulier avec des étudiants. Les manifestants se sont violemment affrontés avec la police. Dans un pays où les groupuscules d'extrème-gauche sont encore vivaces, cette conflictualité n'est pas nouvelle, mais la donne a changé. Face à la contestation le gouvernement grec se veut en effet inflexible.

Le Premier ministre a nommé à la tête du ministère de l'Intérieur un homme venant de l'extrême-droite, ravivant les craintes d'un tour de vis sécuritaire dans le pays. Le gouvernement a rapidement mis sur pied une force de police spéciale sur les campus pour la surveillance des universités, mesure qui a provoqué la colère des étudiants. Des images de policiers en sang gisant à terre ou de manifestants violemment frappés sont vite devenues virales dans le pays témoignant du profond malaise dans lequel est plongé le pays.

Joëlle Dalègre est spécialiste de la Grèce, professeur à l’Inalco, elle revient sur ce climat économique et social explosif dans le pays exacerbé par la pandémie 

Entretien avec Joëlle Dalègre

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16 mars 2021, 15:01