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Manifestation, en Birmanie, contre les militaires, à Rangoun le 28 mars 2021. Manifestation, en Birmanie, contre les militaires, à Rangoun le 28 mars 2021. 

En Birmanie, la junte accentue sa démonstration de force

Les manifestations pro-démocratie ont de nouveau été violemment réprimées par la junte ce lundi. Lors de la "journée des forces armées", samedi dernier, plus de 100 personnes, dont des enfants, ont été tuées dans plusieurs villes du pays par les militaires.

Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican

Au moins 510 civils sont morts dans la répression depuis le coup d'Etat militaire du 1er février dernier, selon l'Association d'assistance aux prisonniers politiques. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui a condamné des violences «absolument inacceptables», a exhorté à plus d'unité au sein de la communauté internationale. Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Birmanie est prévue ce mercredi à huis clos.

Washington a annoncé, ce lundi 29 mars, de nouvelles sanctions qui se traduisent par «la suspension de tout engagement des Etats-Unis avec la Birmanie au titre de l'Accord-cadre de 2013 sur le commerce et l'investissement avec effet immédiat». Cette suspension restera en vigueur jusqu'au retour d'un gouvernement démocratiquement élu, a précisé l’administration américaine.

Des sanctions occidentales ignorées par la junte

L'Union européenne, par la voix de son chef de la diplomatie, Josep Borrell a également condamné les violences et qualifié la journée de samedi de «jour d'horreur et de honte». Il a, dans le même temps, confirmé l'adoption de sanctions. Plusieurs hauts gradés des forces armées sont visées par les mesures de l’UE dont le commandant en chef Min Aung Hlaing et son adjoint Soe Win.

Ces mesures sont sans effet sur les généraux birmans et «les partenaires occidentaux ne sont aujourd’hui pas crédibles», observe Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse au Centre Asie de l’IFRI, l'Institut français des relations internationales. «Les intérêts de l’armée sont d’abord liés aux partenaires asiatiques que sont la Chine, Singapour, la Thaïlande, la Corée du Sud et le Japon», précise t-elle.

Une opposition qui s’organise de façon souterraine

La démonstration de force de l’armée ne marque aucun signe de répit et «elle peut aller très loin», relève Sophie Boisseau du Rocher, qui cite la révolte populaire de 1988 réprimée dans le sang par les militaires. Il y avait eu officiellement quelque 3.000 morts et «aujourd’hui nous sommes face à un même risque de répression massive».

Face aux nombreuses exactions, le mouvement en faveur de la démocratie «est en train de s’organiser de façon souterraine». Des parlementaires ont fondé, dans la clandestinité, le Comité pour représenter le Pyidaungsu Hluttaw (CRPH), afin de dénoncer le régime militaire. Il y a donc aujourd’hui «une alternative», souligne Sophie Boisseau du Rocher. Ce mouvement offre «un autre visage à la politique birmane»

Entretien avec observe Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse au Centre Asie de l’IFRI.

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30 mars 2021, 14:59