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Le Pape François rencontre Diego Maradona au Vatican, le 4 septembre 2014 Le Pape François rencontre Diego Maradona au Vatican, le 4 septembre 2014 

Le Pape prie pour Diego Maradona, qu’il avait rencontré plusieurs fois

Le footballeur Diego Armando Maradona, compatriote du Pape François, s’est éteint mercredi 25 novembre dans son pays natal. Considéré comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football, il mena une carrière sportive brillante, toutefois assombrie par des excès dans sa manière de vivre. Il avait rencontré le Pape à deux reprises, appréciant particulièrement l’attention du Saint-Père envers les pauvres.

Amedeo Lomonaco et Benedetta Capelli - Cité du Vatican

Diego Armando Maradona est mort d’un arrêt cardiovasculaire hier, 25 novembre, à son domicile de Tigre, ville de la province de Buenos Aires. Le 30 octobre, le champion de football argentin avait eu 60 ans. Le 4 novembre, il avait subi une opération de la tête en raison d’un œdème qui semblait pourtant avoir pris une tournure positive. Le président argentin Alberto Fernandez a annoncé trois jours de deuil national.

Comme l’a expliqué le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège Matteo Bruni, le Pape François, informé de la mort de Maradona, «repense avec affection aux occasions de rencontres de ces dernières années et se souvient de lui dans la prière, comme il l'avait fait ces derniers jours depuis qu'il avait appris son état de santé».

Une trajectoire d’ombres et de victoires

Né le 30 octobre 1960, Diego Maradona grandit dans le bidonville surpeuplé et insalubre de Villa Fiorito, dans la banlieue sud de Buenos Aires où son père travaille sur des chantiers de construction tandis que sa mère fait des ménages et des lessives. Il débute sa carrière professionnelle de footballeur peu avant ses 16 ans, après avoir passé plusieurs de ses jeunes années dans des clubs locaux, où ses talents étonnaient déjà.

Le souvenir des buts de ce dribbleur hors-pair laissera une trace indélébile partout où il est passé, de Boca Juniors, son club de cœur à Buenos Aires, à Naples, où il a évolué de 1984 à 1991 au sommet de sa carrière en Europe, après un passage à Barcelone.

Le légendaire numéro 10 a aussi brillé en équipe nationale, sous le maillot de l'Albiceleste. Son but de la main contre l'Angleterre en quart de finale du Mondial-1986, qu'il avait aussitôt rebaptisé “main de Dieu”, restera comme l'une des images les plus mémorables de l'histoire du football.

Mais l’illustre sportif était aussi un homme fragile, dont la sulfureuse vie personnelle a été marquée par le fléau de la drogue et d’autres excès, qui minent peu à peu sa santé.  

La coupe du monde de 1986

Le Pape François, amateur de football, n’a pas manqué d’admirer les exploits de son compatriote, notamment en 1986, lorsque l’Argentine triomphe lors de la Coupe de monde. Le père Jorge Mario Bergoglio est alors en Allemagne, où il étudie à la faculté de philosophie et de théologie de Sankt Georgen de Francfort.

«Je me souviens du jour où l'Argentine a gagné la Coupe du monde, confie le Saint-Père dans son récent livre Un temps pour changer. Je ne voulais pas voir le match et j’ai su que nous avions gagné seulement le lendemain, en lisant le journal. Personne dans ma classe d'allemand n'en a parlé, mais quand une jeune fille japonaise a écrit "Vive l'Argentine" au tableau, les autres ont ri. Le professeur est entré, a dit de l'effacer et le sujet fut clos.

C'était la solitude d'une victoire seule, parce qu'il n'y avait personne pour la partager; la solitude de ne pas appartenir, qui fait de toi un étranger. On t’enlève de là où tu es et on te met dans un lieu que tu ne connais pas, et où peu à peu tu apprends ce qui compte vraiment dans l'endroit que tu as quitté».

Une première rencontre en 2014…

Ce maillot numéro 10, El pibe de oro ("le gamin en or"), l'apporte au Vatican des années plus tard, le 1er septembre 2014. Dans la salle Paul VI, le Pape François remercie les joueurs de foot venus participer au match interreligieux pour la paix, qui doit se tenir le soir-même au stade olympique de Rome.

Diego Maradona remet au Saint-Père le maillot où est écrit Francisco, ainsi que la dédicace suivante: «Au Pape François, avec toute mon affection et beaucoup de paix pour le monde entier». Les deux Argentins s’étreignent. Au micro de nombreux journalistes, le footballeur déclare que parmi eux deux «le vrai champion» est le Souverain Pontife. Il reconnaît qu'il s'est éloigné de l'Église, mais qu'il ressent une profonde proximité avec François en raison de son attention aux pauvres. «Que m'a dit le Pape ? Qu'il m'attendait», poursuit-il. Au micro de Radio Vatican, Diego Maradona lance alors un message de paix:

«Je pense que nous avons tous quelque chose dans notre cœur quand nous voyons la guerre, quand nous voyons la mort... Nous devrions mettre beaucoup de choses de côté et chercher la paix. Je pense que ce jeu brise un peu l'idée que nous, les joueurs, ne faisons rien pour la paix: c'est tout le contraire! Ce que nous voulons, c'est que les gens prennent conscience que le meilleur pour tous est la paix!

Vous pensez donc que le sport peut contribuer à la paix?

C'est essentiel ! C'est essentiel ! Je pense qu'une balle vaut plus que 100 armes. C'est très clair pour moi! Le sport est ce qui vous fait croire que vous ne ferez pas de mal aux autres».

… puis une autre en 2015

Diego Maradona soutient la fondation Scholas Occurentes, créée par le Pape François, et au profit de laquelle se joue ce match interreligieux. En 2015, il est de retour à Rome pour participer à une conférence de presse au siège de Radio Vatican, où sont présentées des initiatives dans le domaine l'éducation et de la solidarité. C'est l’occasion d'une nouvelle rencontre avec le Saint-Père, à l’issue de laquelle le sportif argentin déclare:

«Je voudrais vraiment remercier Francisco pour toute l'affection qu'il m'accorde. Aujourd'hui, je crois que nous reconnaissons tous qu'il est un phénomène, qu'il fera quelque chose pour les enfants et que nous avons un Pape fantastique. Nous avons parlé de beaucoup de choses, de l'engagement afin que les joueurs se réunissent et fassent quelque chose pour les enfants qui ne mangent pas dans de nombreuses régions du monde. Et nous sommes tout à fait d'accord… mais cela prendra beaucoup de temps. Aujourd'hui, je peux dire que je suis un soutien de François. Le premier supporter de François, c'est moi».

«Le Saint-Père me traite comme un frère et traite tout le monde de la même façon, explique-t-il encore. Il traite tout le monde de la même manière: il embrasse tout le monde, il sert dans ses bras tout le monde. Il a peu de temps à sa disposition, il travaille beaucoup mais il trouve toujours du temps pour tout le monde». Maradona poursuit: «Ce que je vis est un rêve. C'est ce que je voulais faire depuis longtemps. J'ai joué au football et aujourd'hui, il y a des enfants qui continuent à jouer au football, qui doivent acheter des chaussures, pour lesquels il n'y a pas de terrain où ils peuvent jouer. Ce que nous voulons faire avec Scholas, c'est les aider».

L’année suivante, le 12 octobre 2016, lors de la troisième édition du match de football pour la paix, des fonds sont collectés pour la ville italienne d’Amatrice, gravement touchée par le tremblement de terre. Maradona, qui participe à l’évènement, indique avoir reçu un appel téléphonique du Pape. «Quand ils m'ont dit que nous jouerions aussi pour les personnes touchées par le tremblement de terre, j'ai pensé que nous ne pouvions pas manquer une initiative comme celle-ci. Nous allons faire quelque chose de très important, nous allons collecter des fonds pour nourrir les enfants, pour avoir notre mot à dire sur la paix et pour donner un grand coup de main au Pape François», explique également le joueur.

Rencontre entre le Pape François et Diego Maradona à Sainte-Marthe, le 4 septembre 2014

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26 novembre 2020, 10:56