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Mgr Najeeb Moussa Michaeel. Mgr Najeeb Moussa Michaeel. 

Mgr Najeeb Michaeel, un des finalistes du prix Sakharov

Le parlement européen a réduit ce lundi la liste des personnalités et des organisations susceptibles de recevoir le Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit, remis chaque année. Parmi les finalistes, figurent l’archevêque chaldéen de Mossoul en Irak, mais aussi l’opposition au Bélarus et les militants environnementaux de Guapinol, et Berta Cáceres, au Honduras.

Le Parlement européen décerne chaque année le Prix Sakharov à des personnalités et des organisations exceptionnelles qui défendent les droits de l'homme et les libertés fondamentales dans le monde. Les lauréats sont désignés par les groupes politique présents au parlement de Strasbourg ou des groupes d’au moins 40 députés européens. Ils ont été publiquement présentés fin septembre, et leur liste s’est réduite à trois finalistes hier, à la suite d’une réunion conjointe des commissions des Affaires étrangères et du Développement du parlement européen.

Monseigneur Najeeb Moussa Michaeel, l’archevêque de Mossoul dans le nord de l’Irak, a été sélectionné hier pour être parvenu à sauver des hommes lors de la fuite de Qaraqosh en 2014 ainsi que des centaines de manuscrits datant du 13ème au 19ème siècle.

Numérisation de manuscrits

Ancien archiviste de la bibliothèque du couvent des Dominicain de Mossoul qui a fait de la préservation du patrimoine une de ses priorités, le prêtre chaldéen crée le Centre de numérisation des manuscrits orientaux (CNMO) en 1990. À Mossoul, puis Qaraqosh où les dominicains sont contraints de se réfugier pour des raisons de sécurité dès 2007, commence un immense travail de numérisation des milliers de manuscrits rares en leur possession. Plus de 8 000 manuscrits en écriture cunéiforme, en araméen, en phénicien, en nabatéen, en arabe et en hébreu ainsi que  35 000 documents appartenant à l’Église d’Orient seront sauvés, notamment des mains du groupe État islamique qui prend le contrôle de la plaine de Ninive dans le nord de l’Irak en 2014, contraignant des dizaines de milliers de chrétiens à la fuite.

Dans un livre intitulé «Sauvez les livres et les hommes» paru chez Grasset, en 2017, le père Najeeb raconte comment dans la nuit du 6 août 2014, alors qu’il est occupé à numériser des livres anciens, il réalise que quelque chose d’anormal est en train de se produire: Daesh était en train d’entrer dans la ville de Qaraqosh. Avec d’autres dominicains, à toute vitesse, ils entassent dans deux voitures le plus de manuscrits possible, et prennent la direction du nord pour se réfugier au Kurdistan irakien.

Reconnaître les efforts de ce prêtre qui a tenu tête à la barbarie

Parmi les milliers de personnes en fuite, des personnes âgées, des enfants et des femmes enceintes, certains sont à pieds. Les dominicains ouvrent les portes de leurs voitures, et font asseoir les familles sur les manuscrits. Ils parviennent à rejoindre Erbil, la capitale de la région autonome protégée par les peshmergas. C’est là qu'a vécu le père Najeeb jusqu’à sa nomination par le Pape à l’archevêché de Mossoul, le 22 décembre 2018.

Pour le député ID français Nicolas Bay , la nomination de Mgr Najeeb Moussa Michaeel «représente une réelle opportunité de décerner le prix à une personne courageuse, un infatigable défenseur des chrétiens de ces terres, de reconnai140re et souligner les efforts de ce prêtre qui a tenu tête à la barbarie et sauvé ces manuscrits d’Irak.»

Les autres lauréats

Autre finaliste, l’opposition au Belarus incarnée par le Conseil de coordination emmené par des figures politiques et de la société civile dont plusieurs femmes: Svetlana Tikhanovskaïa, rival politique d’Alexandre Loukachenko aujourd’hui exilée à Vilnius, la lauréate du prix Nobel de littérature Svetlana Aleksievitch ou la musicienne Maria Kolesnikova. «Le peuple du Bélarus mérite le prix Sakharov car les bélorusses de tous âges se sont soulevés contre la dictature de Loukachenko (...) La violence n’arrêtera pas le peuple biélorusse et leurs appels pour des élections libres et pour un changement démocratique» a expliqué la députée PPE lettone Sandra Kalniete.

Enfin les députés ont décidé de nommer parmi les finalistes plusieurs militants environnementaux de Guapinol, emprisonnés pour avoir participé à une manifestation pacifique contre une compagnie minière dont les activités avaient mené à la contamination deux de rivières au Honduras, ainsi que la militante Berta Cáceres, assassinée en mars 2016 après s’être battue pendant plus de deux décennies contre l’accaparement illégal des terres, l’abattage illégal et les mégaprojets au nom notamment des peuples indigènes. Selon la députée des Verts/ALE luxembourgeoise, Tilly Metz, «ce sont deux cas symboliques, illustrant l’injustice et l’impunité au Honduras (...) Le Honduras a le taux le plus élevé de meurtres par habitant, ce qui en fait le pays le plus dangereux du monde pour les défenseurs des terres et de l’environnement ».

Le lauréat du Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit  sera sélectionné par le Président du parlement européen et par les dirigeants des groupes politiques le 22 octobre prochain. Le prix, d’une valeur de 50 000 euros sera remis le 16 décembre prochain. En 2019, il a été décerné à Ilham Tohti, un économiste ouïghour défendant les droits de la minorité ouïghoure en Chine.

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13 octobre 2020, 10:07