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Premiers votes en Biélorussie, à Minsk, le 7 août 2020 Premiers votes en Biélorussie, à Minsk, le 7 août 2020 

Bélarus: une élection sous tension pour le régime de Loukachenko

Les Biélorusses voteront ce dimanche 9 août pour élire leur président. Alexandre Loukachenko brigue un sixième mandat, après 26 ans au pouvoir. Même si sa réélection est probable, l’autoritaire chef d’État est mis à l’épreuve par un mouvement de contestation populaire, et accuse Moscou de vouloir déstabiliser son régime.

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Ce ne sera pas une élection comme les autres au Bélarus, où Alexandre Loukachenko tient les rênes du pays d’une main de fer depuis plus d’un quart de siècle. Depuis mi-février, les manifestations se multiplient dans plusieurs villes de l’ancienne république soviétique, révélant par la voix du peuple les défaillances du régime. «Le thème fédérateur de toutes ces manifestations, c’est le départ de Loukachenko», explique Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’IRIS et ancien ambassadeur de France en Russie.

Les foules soutiennent des figures d’opposition qui ont émergé durant la campagne, en dépit des arrestations et des menaces. Leur leader, Svetlana Tikhanovskaïa, ancienne professeur d’anglais de 37 ans, novice en politique, était inconnue du public jusqu’en mai, lorsqu’elle a repris le flambeau porté par son mari, Sergueï Tikhanovski, un blogueur très populaire qui a été envoyé en prison.

Une menace imaginaire?

Ce réveil spectaculaire de l’opposition n’est pas le seul élément perturbateur de la campagne de Loukachenko. La tension monte également avec le grand frère russe, pourtant allié de Minsk. En juillet, 33 mercenaires supposés faire partie du groupe Wagner, société militaire privée russe qui envoie ses agents en Syrie, en Libye et sur d’autres fronts sensibles, ont été arrêtés dans la capitale biélorusse. Ils ont été soupçonnés de travailler main dans la main avec l’opposition pour perturber le déroulement de l’élection présidentielle, et finalement renverser le régime.

«C’est l’une des péripéties de la campagne électorale, analyse Jean de Gliniasty, et cela rend plutôt service à Loukachenko à l’heure actuelle, pour qu’il apparaisse comme le garant de l’intégrité et de la souveraineté de la Biélorussie». «Les relations entre Loukachenko et Poutine sont exécrables, rappelle-t-il. Tout le battage qui a été fait a bien entendu une odeur électorale». «Il n’est pas mauvais pour Loukachenko d’apparaître comme le défenseur de l’indépendance de la Biélorussie, car cela lui permet de pêcher des voix du côté des Occidentaux», au moment où Svetlana Tikhanovskaïa gagne peu à peu les faveurs de la population.

 «Pour les Russes, Loukachenko est un allié malcommode, difficile», souligne l’ancien diplomate. «Ils n’ont aucune raison de renverser Loukachenko, sauf s’ils ont une carte de secours (…)».

 «Il est très probable que Loukachenko soit réélu, mais cette mobilisation de toutes les forces opposées, quelle que soit leur bord, a quelque chose d’inquiétant pour le régime. C’est la première fois que les Russes et les pro-occidentaux se réunissent contre lui», poursuit Jean de Gliniasty, estimant que le prochain mandat du président, en cas de réélection, sera «très difficile».

Entretien avec Jean de Gliniasty

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08 août 2020, 08:28