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L'Écosse ne renonce pas à l'Europe L'Écosse ne renonce pas à l'Europe 

L’Écosse ne renonce pas à son rêve européen

La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a relancé l’idée d’indépendance au sein de la population écossaise. La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, s’est rendue lundi 10 février à Bruxelles pour afficher sa volonté d’émanciper l’Écosse de la tutelle britannique. Mais le chemin est encore long pour les indépendantistes.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

Maintenant que le Royaume-Uni est sorti de l’Union européenne, les Écossais se remettent à parler d’indépendance, eux qui avaient majoritairement voté pour rester au sein de l’UE. Les partisans d’un divorce avec le restant du royaume veulent se dépêcher et organiser un référendum sur la question d’ici la fin de l’année, alors que Londres sera occupé à négocier ses futures relations avec le continent. Mais «cela parait totalement inenvisageable» selon Nathalie Duclos, professeure de civilisation britannique à l’université de Toulouse. Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a clairement indiqué son opposition à ce type de scrutin et ne permettra pas sa tenue.

Dans ce cas, les élections régionales en Écosse en 2021 pourraient être une autre échéance éventuelle. Une victoire nette des indépendantistes serait un signal fort envoyé à Londres. Mais là encore, il n’est pas dit que le gouvernement britannique s’incline et laisse les autorités écossaises se lancer dans une nouvelle aventure référendaire. Nicola Sturgeon pourrait alors passer outre l’opposition du gouvernement central et organiser une consultation illégale, puis faire trancher la question par la justice, mais elle ne semble pas privilégier cette voie.

Faire pression sur Londres

En attendant un hypothétique vote, elle pourrait demander une plus large dévolution. Mais «le Royaume-Uni n’envisage pas une solution différenciée pour l’Écosse» au contraire de l’Irlande du Nord où la situation politique et géographique spécifique de l’Ulster justifie une différence de traitement, explique Nathalie Duclos.

«La seule solution à court terme qui leur reste - concède la professeure de civilisation britannique - c’est de faire pression sur le gouvernement britannique par le nombre, c’est-à-dire de faire la preuve en remportant les élections écossaises et démontrer dans les sondages qu’une majorité d’Écossais souhaitent l’indépendance et utiliser cela pour délégitimer le pouvoir et les institutions politiques britanniques, pour montrer qu’il n’est démocratique de la part du Premier ministre britannique de refuser à l’Écosse le droit d’organiser un référendum d’indépendance.»

L'adhésion à l'UE ne va pas de soi

La cause indépendantiste connaît un regain à cause du Brexit, les Écossais ayant majoritairement souhaité demeurer au sein de l’Union européenne. Mais pour certains, l’indépendance de l’Écosse ne peut pas déboucher automatiquement sur l’adhésion à l’UE. Ils estiment ainsi incontournable un second référendum.

Car il y a deux problèmes de fond qui se poseraient: l’apparition d’une frontière entre l’Écosse et l’Angleterre, ce que ne veulent pas les Écossais, et l’attachement d’une grande partie de la population à la livre sterling, l’euro n’étant pas assez attractif pour qu’ils abandonnent leur monnaie. C’est dire si le chemin vers une éventuelle indépendance est encore bien long. 

Entretien avec Nathalie Duclos

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12 février 2020, 08:21